New York, 5ème Avenue √
16h25
Emma avait passé le plus merveilleux des jours avec Dave. Elle avait, après le déjeuner, visité quelques coins sympathiques de la ville en compagnie du jeune entrepreneur que les new-yorkais saluaient avec grand respect quand ils croisaient son chemin. Elle ne s'était jamais tant amusée, elle qui était normalement seule quand elle se promenait dans New-York. La compagnie de cet homme s'était révélée fort plaisante.
Devant la porte d'entrée de Pamela et de son frère, elle restait hésitante à sonner, de peur que les cris et les pleurs fassent de nouveau leur apparition comme hier soir quand Julien avait violemment fracassé un vase contre le sol, dans un élan de colère. Elle aurait aimé ne pas être là en se disant que tout aurait peut-être été différent. Mais elle n'avait aucun super pouvoir et sûrement pas celui de remonter dans le temps. De toute façon, jamais elle n'aurait voulu oublier le temps qu'elle avait passé avec Dave Sherley. Ces moments avaient existé, elle ne pouvait les dédaigner.
Elle inspira fortement avant d'oser sonner à la porte. Elle attendit longtemps sur le palier sans qu'aucun bruit ne soit perceptible. Tout était silencieux et c'était plus insupportable que les cris qu'elle pourrait entendre. Elle tourna la poignée et il y eut un déclic : la porte n'avait pas été fermée. Emma s'engouffra dans l'appartement silencieusement. Il lui semblait qu'elle entrait par effraction à cause de toutes les précautions qu'elle prenait à ne pas se faire surprendre.
L'immeuble était obscur, silencieux. Les volets n'avaient pas été relevés alors qu'un grand soleil illuminait les rues new-yorkaises, faisant fondre la neige répandue sur la ville. L'atmosphère qui régnait là fit frissonner Emma. Elle assimilait toujours cet appartement aux rires, aux joies et à l'accent italien de Pamela mais jamais elle n'aurait cru que tout puisse s'évaporer comme un souffle d'air. Comme si la mort occupait ces lieux. Elle pénétra un peu plus loin dans le salon et ce qui se présenta à elle lui fit ouvrir des yeux horrifiés.
En face d'elle ne se trouvait plus le salon où elle aimait lire magazines après magazines sur le canapé, où elle aimait passer son temps à regarder sa série préférée. Elle reconnaissait à peine l'endroit. La vision d'une pièce où il fait bon vivre était maintenant très loin dans son esprit tandis qu'elle continuait à observer les lieux, comme un enquêteur à la recherche d'un éventuel indice. Elle regardait ce champ de bataille comme quelqu'un regarderait une personne morte. Il n'y avait plus rien qu'un canapé renversé, des magazines déchirés, des livres anciens parsemés dans la pièce, la couverture abîmée, des débris de verre jonchant le sol et des cartes postales de la famille qui traînaient maintenant par terre. Elle fit un pas de plus dans ce chaos ; la télévision se mit en marche : elle venait de marcher sur la télécommande.
Elle se demanda vivement ce qui s'était passé. Elle ne voulait pas penser au fait que Julien avait peut-être fait du mal à Pamela dans un excès de colère. Emma savait que Julien se mettait rarement en colère et que, comme une grenade, il explosait, il pouvait être dangereux de se trouver dans les parages. Était-ce d'ailleurs par lâcheté qu'elle s'était enfuie hier soir ? Dans son esprit, c'était clair : elle était partie parce que cette dispute ne regardait que le jeune couple. En vérité, elle se sentait mal de toujours loger chez eux. Elle avait l'amère impression de profiter d'eux.
Qu'est-ce qui la poussa à se rendre dans la chambre que partageaient normalement Pamela et son frère ? Sûrement une once de courage qu'elle ne savait posséder.
Le bruit de ses pas sur le parquet accélérait considérablement le battement de son cœur qui battait déjà à un rythme qu'elle ne pouvait contrôler. Elle se demandait ce qu'elle allait découvrir. Des pensées morbides surgirent dans son esprit sans qu'elle ne put sans débarrasser aisément. Même si elle avait voulu rebrousser chemin et sortir de l'appartement, elle n'aurait pas pu effacer toutes ces images sombres. Désormais, elle ne pouvait faire volte-face et s'enfuir. Elle poussa la porte de la chambre et ne vit rien d'anormal : aucun corps suspect et aucune trace de lutte. Le contraste était immense entre le chaos qui régnait dans le salon et la propreté de la chambre. Rien ne semblait avoir été changé de place.
VOUS LISEZ
10 000 mètres au-dessus de l'Atlantique [terminée - correction]
عاطفيةQuels sont les chanceux qui peuvent se vanter d'avoir fait une rencontre opportune à 10 000 mètres d'altitude ? * Elle détacha ses bras de son cou et se recula pour mieux l'apercevoir. Dieu qu'il était beau sous la clarté de la lune ! Que ses...