5- Préparation

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Ma "mère" enfonça la clef dans la serrure du petit appartement dans lequel elle habitait. Elle m'aida à amener ma mini valise dans ma chambre. J'ouvrais mes pupilles couleur de source bien grandes afin de capturer le plus de souvenir que renfermaient ce foyer. La fille qui avait habité ici devait avoir des habitudes. Un bol marqué "Issélia" attira mon attention. Posé sur le comptoir d'un bar aménagé, sa couleur rouge pastelle me rappelait quelque chose.
Je détournai la tête afin de me concentrer sur la pièce qui devait être ma chambre. Au fond du couloir à droite, cette dernière était de taille moyenne. Ses murs étaient gris clairs mais le mobilier la rendait colorée.

Pas de faute de goût, songeai-je.

Dans le coin en diagonal de la porte, mon lit carré et jonché de coussins mauves donnait un air chic et féminin à la pièce. Ma "mère" me regardait presque les larmes aux yeux.

Soudain, elle s'approcha de moi et m'entoura de ses bras. Un câlin. Je ne le refusais pas ne voulant pas peiner cette femme qui m'avait l'air gentille et sincèrement attristée par mon état. Son parfum sentait la rose. La rose, parfum d'une mère aimante.

_ Ton père et moi avons eu si peur... Tu sais, ils te cherchent vraiment. C'est pour ça qu'on ne veut pas que tu sortes seule.

J'enfouissai plus profondément mon nez dans son cou. Je ne comprenais pas le sens de ses paroles mais des questions supplémentaires auraient eu raison de moi. Je devais être le plus discrète possible avant ma "fugue".
Ma " mère " quitta enfin la chambre et je pus mettre à exécution mon plan. Heureusement, je n'étais pas démunie car la fille de cette femme possédait un ordinateur portable de la marque Apple entièrement customisé avec des autocollants.

Fleurs, ailes, coeurs etc.

Un des autocollants accrocha mon regard. Décidément, je n'étais qu'une machine de découverte. Cet autocollant était un ruban. Blanc. Pratiquement le même que celui que j'avais dans le dos actuellement. Est-ce que ceci était une preuve flagrante que ses parents étaient au courant ? Si c'était le cas, il fallait d'abord que je sois leur fille.

Ou alors, elle avait le même ...
J'ouvrais donc l'ordinateur portable et commençai mes recherches. Plan de la ville de Washington, tracé du chemin pour aller de cette ville et New-York city.
Mes doigts tapaient frénétiquement sur le clavier. Je recommençai à trembler.

Non, pas maintenant, pensai-je en soupirant de frustration.

Je n'étais même pas capable de contrôler mon propre corps. Après avoir fait le nécessaire, je sortis silencieusement de ma chambre et entrepris d'observer silencieusement les autres pièces de l'appartement. En face de la mienne, il y avait un magnifique salle de bain. Elle était toute faite d'une mosaïque bleu, avec des pierres au sol et une plante verte dans un coin. L'endroit était parfaitement propre. Émerveillée, je continuai de suivre le couloir. À droite de ma chambre se trouvait un bureau grand et impeccable à l'image de la salle de bain, meublé d'un large bureau et derrière, une vitre qui faisait toute la surface du mur le rendait plus moderne encore. La baie vitrée donnait vue sur les immeubles new-yorkais et sur les larges rues qui faisaient le charme typique de l'Amérique. Une bibliothèque garnie bordait les deux côtés de murs de part et d'autre du bureau. Au sol, le même parquet qui recouvrait la maison l'embellissait davantage. En face du bureau, une porte fermée me faisait obstinément face. Je m'apprêtai à poser ma main sur la poignet lorsqu'une voix masculine me fit faire marche arrière.

Je me redressai aux aguets. L'homme m'appelait. Je prolongeai mon chemin dans le couloir et à droite du bureau, je vis la chambre des parents. Dans ce cas, que renfermait cette pièce fermée aux yeux de tous ?

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L'homme que je vis était accoudé au comptoir du bar et buvait d'un trait un vers de bière. Il était grand, musclés et ses cheveux noirs retombaient en mèche sur son visage. Il avait des yeux bleus océans qui laissaient entrevoir une puissance d'esprit étonnante tout comme sa mâchoire carrée qui donnait un air sérieux à son visage. N'écoutant que mon courage qui m'insufflait de ne rien laisser paraître de mes angoisses, je m'avançais doucement.

L'homme se retourna et afficha un visage souriant. Ma "mère" me fit signe de la tête pour que je lui fasse un simple bisou, ce que je fis. Elle dut se rendre compte que la situation ne me plaisait pas car elle coupa court à nos retrouvailles et continua la discussion l'air de rien avec mon "père". Celui-ci parut contrarié par ce brusque changement de situation mais ne fit aucun commentaire et présenta à regard chargé de reproches à ma " mère ".

Après le repas de lasagnes, je repartis dans ma chambre afin d'aller préparer les éventuelles affaires dont j'aurai besoin le lendemain, c'est-à-dire, samedi. Quand j'eus terminée, on toqua à ma porte.

_ Je peux entrer ma chérie ?

_ Ou-oui ...

C'était mon soi-disant père. La porte grinça doucement.

_ Tu vas mieux quand même, tu n'as pas trop mal à ta blessure ? Si tu veux, je peux te guérir, demande le.

_ Non non tout va bien. Merci papa.

Comment pourrait-il me guérir ? Ça guérit tout seul ces choses là.

_ Je repars ma fille, à demain. Ta mère m'a dit que tu partais. Tu seras surveillée de loin d'accord ? Je ne veux pas qu'il t'arrive autre chose.

_ Non non j'ai dit que je ferai attention et en plus, je vais chez des amis ...

Je désarticulai le plus possible l'expression faciale de mon visage afin de montrer que je n'étais absolument pas d'accord avec ce système. Pourquoi me surveiller ? Je commençai à penser que ces parents étaient haut-placés pour avoir besoin d'une surveillance accrue de leurs enfants. Sauf qu'en ce moment, ce dont j'avais le plus besoin était ma liberté. Et si ma vie se résumait à assumer des responsabilités à cause du travail de faux parents, c'était hors de question, il fallait que je parte au plus vite. Ma réponse à sa requête sembla un instant lui déplaire. Comme si j'étais complètement stupide d'avoir dit ça. En même temps, je ne connaissais pas la situation ...

Après un court temps de réflexion, il parut se ressaisir.

_ Tu ne seras pas surveillée alors mais fait bien attention. Rappelle toi qui tu es.

Puis après cette dernière phrase lancée à brûle-pourpoint, il partit.
Je me recouchai affectée par les derniers mots des phrases de cet homme. Rappelle toi qui tu es. Qu'est-ce que cela signifiait-il ?

En me passant en mémoire toutes les petites informations sur cette famille dans laquelle j'avais atterie, je songeais que ceci devait être une blague monumentale.

Au chaud dans ses couvertures au milieu d'un appartement et d'une ville qui m'étaient entièrement inconnues, je m'endormis totalement abandonnée aux bras que Orphée me tendait patiemment.

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