Les Porteurs d'Hesperūs

25- Lettre

PDV Issélia

Mon crâne était accablé d'une de ces douleurs insoutenables que l'on peut parfois ressentir. Mes sens retrouvèrent peu à peu leurs facultés et un frisson parcourut mon échine. Je me sentais couchée sur un tissu. Un calme plat environnait l'endroit. Rien ne semblait vouloir déranger la tranquillité ambiante.

"Suis-je toujours dans les catacombes ?"

Une peur indescriptible tordit mes entrailles et je me soulevai de ma couche en tentant d'ouvrir mes paupières qui voulaient obstinément demeurer closes. Lorsque j'y parvins, la lumière éblouit mes pauvres yeux et je distinguai face à moi, le corps de Marc couché sur un fauteuil jaune pâle usé. Où suis-je ?

Un frêle mouvement de mon protecteur m'informa que celui-ci dormait profondément. Je scrutai les remparts qui nous entouraient. Les quatre murs blancs et austères qui m'entouraient se donnaient les allures d'hôpital. Je ne pus m'empêcher de me souvenir de mes premiers jours allongée dans ce même lit d'hôpital lorsque ma nouvelle mère m'avait accueilli. En fait, je crois que je suis effectivement dans un hôpital. Que s'est-il passé ? Au moins, cela signifait qu'on était sorti de l'horreur absolue des Catacombes. Mais je me demandais bien ce qu'étaient devenus mes camarades de voyage... un pincement au coeur tenailla ce dernier.

Je me débatis un moment avec les couvertures en ouate immaculées et sentant l'odeur des maux. J'enfilai mon bas posé sur le bord d'un dossier de chaise aux abords de mon lit et entrepris de me refaire une coupe dans la salle de bain vétuste de la chambre. En poussant la porte de la salle de toilette, je respirai avec difficulté.
Quelque chose me grattait la peau de la cuisse au niveau de mes poches.
J'y plongeai immédiatement la main et en sortis une boule difforme logée dans une de mes poches de pantalon. Je tirai l'objet et contemplai le morceau de papier entre mes mains. Un sentiment de malaise surgit et serra mon coeur.

Lentement, comme si ce malheureux bout de feuille allait m'exploser d'entre les doigts, je le dépliai. Quelques mots écrient soigneusement à l'encre meublaient la lettre. Je les lis:

Issélia As' Eléïsia,

J'espère que tu trouveras ce papier le bon moment venu. Il est enchanté de mes propres mains, par conséquent, tu ne l'auras pas connu avant que ce jour-là n'arrive. Lis attentivement ces prochaines lignes.
Tu es probablement Porteuse du Sceau Immaculé, ne fais confiance à quiconque est nommé Traître par notre père. Ils représentent une menace pour notre monde et tu ne dois pas être en contact avec l'un d'eux.
De plus, je suppose qu'il ne t'a pas expliqué en quoi ça consiste une Marque comme la tienne, il a toujours été protecteur envers nous... Avoir LA Marque signifie que les gènes des Geniùs se sont déclarés chez toi. C'est un immense honneur dans notre monde. Dommage que tu n'y sois pas née comme moi. J'ai hâte que tu t'y rendes ! J'espère que tu te souviendras de moi...
Tu devras t'entraîner pour apprendre à maîtriser ton énergie, vivre en harmonie avec la Vie qui compose la Terre afin d'assurer son équilibre. C'est difficile mais je suis sûr que tu y parviendras. Tu viens de la famille des As' Eléïsia et tu as été choisie.
Les autres Porteurs te retrouveront un jour à l'instant où vous vous sentirez près à être ensemble comme des âmes bénies et reliées entre elles.
Ne demande pas à père pourquoi il ne t'a pas donné la raison de mon départ. Tu sauras tout un jour...
À bientôt ma soeur,

Ton frère A.

Je serrai la lettre entre mes doigts fins. Que m'avait-on encore caché ?! Tout ceci allait devoir avoir des explications. Mon cœur tambourinait furieusement dans ma poîtrine et des pensées rageuses bouillonnaient dans mon esprit. Rien n'est jamais clair, sans mensonge. J'en ai marre des cachotteries. Je sais que je ne sais pas tout mais au point de me cacher l'existence d'un frère !