27- Disparition

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Je le regardai bouche-bée, perdue. Encore une fois, ils m'avaient caché des choses essentielles. Combien de temps encore cela dûrerait-il ?

_ Je suis désolé Issi...

Désolé ?! Il pouvait l'être. Mais au fond, j'avais pitié de lui. Son ennemi était son propre père. Qui sait comment on réagirait si nous étions dans une situation similaire à la sienne ?

_ Valentin... pendant qu'on est dans les révélations... j'aurais quelque chose à te dire.

Il tourna une regard inquiet vers moi.

_ Ça ne peut pas être pire que ça non ? dit-il un demi-sourire gracieux se formant sur ses lèvres.

_ Ça dépend de comment tu le prends... répondis-je.

_ Alors ?

_ J'ai... trouvé une lettre dans ma poche et... elle est signée de mon frère.

Il haussa un sourcil, visiblement étonné de la nouvelle.

_ Tu as un frère ?

Évidemment, il n'en savait pas plus que moi. J'aurais dû m'en doûter. Je soupirai bruyamment et secouai la tête de bas en haut.

_ Apparemment. Tiens.

Je lui tendis la lettre qu'il lut rapidement et après cela, il sortit en un rien de temps un petit briquet à essence de sa veste.

_ Qu'est-ce que tu fais ? criai-je en lui arrachant le papier des mains.

_ Ba je vais éliminer toute trace extérieure de ta vie personnelle. Tu ne sais pas ce que les Traîtres sont capables de faire avec un bout de papier venant de toi...

C'était vrai. Je ne savais pas. Je ne savais rien en réalité. J'ignore tant de détails, de choses importantes à ma survie et à la leur ! Mais ils veulent tellement me protéger qu'au final, je ne suis qu'une souris chétive gardée par de gros rats alors que le chat sait pertinemment où je suis et qui je suis.
Avouez que cela ne me réjouit gère.

_ Mais Marc va sûrement vouloir la lire aussi ?

_ Il doit savoir toutes les informations dont on a besoin pour la comprendre. Pas besoin de risquer de se la faire prendre ..., répliqua mon ami dûrement.

Je baissai la tête pour réfléchir sans avoir à plonger mon regard dans le sien. En effet, peut-être qu'il connaissait les réponses à ce problème de famille et mon frère devait probablement le connaître vu que mon père et Marc étaient proches depuis longtemps.

_ On ne devrait pas aller voir Marc pour savoir s'il va bien ? demandai-je inquiète.

_ Non.

_ Et pourquoi ?

_ Je te l'ai déjà expliqué ...

Pourtant j'étais terriblement inquiète de savoir Marc parlant avec un ennemi. Il fallait intervenir ! Je ne savais pas qui était ce gars mais une chose est sûre, c'est que je sentais que Marc était en danger et bien plus que moi.

_ Je vais chercher deux gobelets d'eau Issélia. Tu en voudras ?

_ Oui, répondis-je.

J'avais un plan et ça ne lui plairait forcément pas. Alors que Valentin s'éloignait vers le distributeur d'eau potable qui glougloutait de façon continue, je bondissai hors de mon fauteuil pour foncer dans le couloir comme une flèche.

Je n'avais pas de temps à perdre avant que Valentin ne se rende compte de mon subterfuge. J'accélèrai graduellement la cadence de mes pas jusqu'à parvenir à la porte de la chambre. Ma main enfonça la poignée et lorsque j'ouvris la porte dans un élan de courage, ma respiration se bloqua de stupeur.

Les Porteurs d'Hesperūs Où les histoires vivent. Découvrez maintenant