16- Un nouvel air

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La nuit me parut bien longue au fond de mon énorme couette en tissu synthétique de couleur rose bonbon.

Je m'inquiètais pour mon père et Marc qui devaient chasser ces monstruosités avides d'âmes humaines. De plus, alors que le souvenir de mon ancienne mère habitait encore mes pensées, ma vraie mère, elle, me préoccupait grandement. Son comportement ne m'avait pas plu. Elle pourrait être un peu plus anxieuse vis à vis de l'homme qui risquait sa vie pour nous protéger !

Ou alors, elle avait l'habitude...
Lorsque la porte claqua, je me défis de mes couvertures pour me précipiter vers la source de lumière localisée dans le salon. Je vis mon cher paternel enlever ses bottes de cuir et se défaire de son manteau. Il releva la tête quand j'entrai prudemment dans la large pièce.

_ Tu ne dors pas, mon ange ? dit-il avec un petit sourire fatigué.

_ Non, je t'attendais... rétorquai-je avec un pincement au coeur en voyant soudainement qu'il n'allait pas bien.

_ Va te coucher maintenant. Il se fait tard et je crois savoir que demain, tu as cours ! me rappela t'il avec un regard plus sérieux.

_ Oui ...

Et je quittai la salle non sans avoir remarqué une pointe d'ombrage dans ses prunelles aux couleurs du ciel. Ayant regagné ma chambre, je m'affalai sur mon lit, le corps étendu nonchalemment. Mes pensées tourbillonnaient allégrement devant mes yeux éveillés et je m'endormis rapidement au creux des bras de Morphée. Ceci en imaginant mes pires cauchemars si ce père qui m'avait receuilli alors que je ne me rappelais pas de lui, était tué par ces Ombres.

*******

Deux semaine après l'incident des Ombres, Sylvain vint étonnement m'attendre à la sortie de mon immeuble. Mon père avait ricané quand il avait trouvé le jeune homme assis depuis un quart d'heure sous le porche de l'établissement alors que dehors, c'était un vrai déluge. La concierge Germaine, une vieille peau avait catégoriquement refusé qu'il s'abrite et mon père le prenait désormais pour mon gentleman. Hilarant...

_ Tu passes combien de temps devant le miroir pour sortir à cette heure là de chez toi ?! Il est bientôt 6h58 et le bus est dans deux minutes ! me hurla t'il dans les oreilles.

_ Doucement... je viens à peine de me lever..., dis-je en me bouchant les tympans.

_ Raaah les filles alors... la prochaine fois, compte sur moi pour ne pas te rappeler qu'on a le mot de sortie à Paris à signer.

_ Quoi ?! Mais... mais je n'étais pas au courant ! m'écriai-je en tapant sur le front sans aucune douceur.

_ Oui, tu te souviens pas du mot distribué hier en cours à l'intention de nos parents ?

_ Ah si peut-être ...

Justement, j'avais complètement oublié parce que j'avais dû travailler mes souvenirs avec Marc. Il avait découvert que les gens dans la voiture rouge n'étaient pas humains. "Leur essence n'est pas évidente, elle ne ressemble pas à celle des humains." m'avait-il signalé en se massant le menton. Au moins, nos recherches avancaient. Et les mienne aussi.

Le bus se stoppa devant nous. Depuis la dernière fois où les Ombres avaient failli nous approcher de trop prés, je vouais une reconnaissance sans borne à l'engin scolaire. Sylvain me scruta du regard à la fois chaleuresement et avec méfiance. J'avais remarqué qu'il n'était plus aussi confiant avec moi qu'au début même s'il tentait de rester aimable à mon égard. En fait, j'avais envie de lui dire ce qu'il m'était arrivé afin qu'il ne m'abandonne pas dans cette jungle qu'était d'après moi, le fameux lycée.
Claire sautilla autour de nous en glapissant de joie.

Les Porteurs d'Hesperūs Où les histoires vivent. Découvrez maintenant