29- Crash/Hesperūs

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Les Ombres grimpaient sur l'ossature de l'avion en gémissant des plaintes affreuses.

Issélia me jeta un regard perdu. Essayant de reproduire la même sensation que lorsque j'avais animé mes pouvoirs de Porteur du Sceau de l'Arme Argentée, je serrai les poings et entrepris de protéger coût que coût Issélia de la bataille.

Mon instinct me hurlait de la mettre à l'abri mais aucun abri n'existait dans ce huit-clos.

"Comment vais-je faire pour nous tirer de là ? Cherche Valentin ... cherche bordel !"

Tout à coup, le combat s'intensifia. Les Ombres se rapprochaient. J'attrapai la main de Issélia toujours avec ses yeux blancs renversants et la tirai hors de la cabine des toilettes.

_ Qu'est-ce que tu fous ?

_ J'ai un plan mais va falloir que t'actives tes pouvoirs s'il-te-plaît ! répondis-je sur le qui-vive.

_ Mais t'es malade ou quoi ? Je maîtrise rien moi !

Les bruits caractéristiques de cliquetis s'arrêtèrent, j'en déduisis que les Ombres nous avaient entendu. Scheiße... (= merde en allemand)

_ Bordel de scheiße... lâchai-je. Cache toi et brille comme quand tu avais ta main dans le paquet de céréale à l'usine de chocolat !

_ Hilarant... je commande pas ça, ça vient jamais aussi facilement Valentin ! renchérit-elle.

_ Tu préfères qu'on se fasse bouffer tout cru par les trucs là-bas ? crachai-je en montrant la direction des Ombres avec mon doigt.

Elle me jeta un regard noir qu'au passage, je cueillis d'un sourire narquois et baissa la tête. Il fallait que ça marche. Sinon, on en pâtirait tous les deux. Les secondes s'écoulaient rapidement et Issélia ne brillait toujours pas.

_ Grouille toi, chuchotai-je gentiment.

Alors, tout se passa très vite. Un éclair surgit de sa peau puis deux, puis trois et elle s'illumina doucettement comme si une caresse de lumière animait son corps au fur à mesure. Ses yeux blanchirent carrément en perdant de leur pigment naturel déjà blanchâtre et brillèrent intensément comme deux lucioles.

Les Ombres émirent une sorte de grognement, tentèrent de combattre la lumière d'Issélia et récupèrent enfin comme une armée vaincue. J'en profitai pour tirer mon amie hors de notre cachette. On traversa les sièges pour gagner la porte de la cabine de pilotage.

Je m'arrêtai soudainement. Les deux pilotes avaient disparu.

"Sûrement avaler par les Ombres, tiens... encore deux malheureux à la liste des crimes et bientôt un avion entier !"

La question était désormais: Qui pilotait l'appareil ?

Sans attendre, malgré que je n'y connaissais absolument rien en matière de pilotage, j'appuyai sur un bouton jaune vif avec écrit en lettres en caractères: AUTOMATIQUE.

Sauf que l'avion n'eut pas l'effet escompté. Il piqua vers le sol le nez en avant.

******

Tétanisé, j'écrasai la main d'Issélia dans la mienne.

_ Réfléchis, réfléchis ... murmurai-je affolé.

Une solution, il fallait quitter l'avion coûte que coûte et sauver Issi. Tant pis pour les autres. La porte de secours résista un instant puis craqua et s'envola aspirée par l'effet de souffle de l'air. L'avion virait de plus en plus en piquet et il ne tarderait pas à se crasher.

Alors que je m'apprêtai à sauter, une main s'agrippa violemment à mon épaule:

_ Attends ! Tu comptes faire quoi là ? me hurla le nouveau venu.

Les Porteurs d'Hesperūs Où les histoires vivent. Découvrez maintenant