26- Jonathan

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Je déambulais dans les couloirs en pointant mon regard sur chacune des inscriptions postées au haut des chambres de l'hôpital. J'avais terriblement peur de ce que je pourrais trouver dans la chambre de Valentin. J'avais peur qu'il ne se soit fait gravement amocher par ces affreuses Ombres.

"Chambre 126, nous y voilà !"

Je poussai un cri de joie, le second de la journée en voyant Valentin assis, un regard braqué sur la fenêtre de la chambre avec un air farouche collé au visage. Lorsqu'il m'aperçut, il me fit signe de s'asseoir prés de lui en tapotant sur le matelas.

_ Salut Issi, tu t'en es sortie entière finalement ? me targua t-il ses lèvres formant un rictus discret à mon attention.

Je hochai prestement la tête. J'étais plutôt affectée par ce qu'il s'était passé, bien plus que par tout ce que j'avais vécu auparavant. L'idée que pendant une période indéterminée, je n'ai plus de souvenir de ce qu'il s'était passé et le fait que c'était au beau milieu de souterrains glauques ne me réjouissait pas. Elle me terrorisait.

Je décidai de passer outre mes ennuis et poursuivis la conversation sur un autre terrain disons plus abordable par ma petite personne:

_ Tu vas bien toi ?

_ Hum...

Il tourna la tête encore plus vers la fenêtre qui donnait sur un ciel azur paisible comme absorbé dans sa contemplation. Je remarquai qu'il n'avait pas l'air dans son assiette depuis mon arrivée. Il m'évitait ou fuyait mon regard.

_ Tu es sûr ? insistai-je.

Je savais que ce n'était pas réellement le genre de garçon à vous délivrer ses sentiments sur un plateau mais mieux vallait tenter le coup et soutirer le plus d'informations. S'il me cachait quelque chose ou autre... De plus, qu'il le veuille ou non, il a un Sceau tout comme moi et nous sommes donc liés à jamais. Je posai délicatement ma main sur son épaule malgré que je ne sois pas vraiment habituée à ce genre de démonstration affective.

_ Laisse Issi. Je n'ai pas envie d'en parler pour l'instant...

Sa voix eut l'air tellement désespérée que je préférais ne pas m'étendre sur le sujet. Je ramenai mes jambes sous mon menton et gardai le silence pendant un certain temps.

_ Au fait, tu sais dans ma poche...

Coupant catégoriquement l'élan de mon récit, la porte s'ouvrit à la volée au moment où je m'apprétai à lui réveler l'existence de la lettre cachée dans ma poche de pantalon. C'était mon seul ami éternellement relié à moi, je devais donc lui faire entièrement confiance. Mais pour l'instant, j'avais échoué à le lui révéler. Une autre fois dans ce cas...

Je relevai prestement la tête afin d'observer le nouveau venu, les yeux exorbités de fatigue.

_ Sylvain ? ne pus-je m'empêcher de souffler.

Valentin, à mes côtés, toujours enfoncé dans son lit parut s'agiter de mécontement.

_ Issi !! Je t'ai cherché dans tout l'établissement et le surveillant qui était dans ta chambre m'a dit que tu étais là.

Emplie d'un soulagement qui dépassait l'entendement, je courus me fondre au creux de ses bras en retenant des larmes salées qui commençaient déjà à perler aux coins de mes yeux. Une de ses mains portait une attelle et son visage était creusé et plus pâle que d'habitude.

_ J'ai eu si peur qu'il vous soit arrivé quelque chose de fatal... Tu es avec qui d'autre ?

Il referma ses bras dans mon dos et murmura d'une voix triste:

Les Porteurs d'Hesperūs Où les histoires vivent. Découvrez maintenant