PDV Issélia:
Le trajet du bus était plutôt silencieux. On se regardait tous comme de potentiels perturbateurs, effrayés qu'une nouvelle attaque ne survienne au beau milieu de la journée. Plus on avançait, plus je me prenais à imaginer que nos séquelles ne s'évanouiraient que difficilement au cours du temps.
Encore dans un mutisme qui se voulait total, je gardai la tête résolument rivée sur le sol du bus. Je sentais le regard inquiet de temps à autre de Valentin dans mon dos. Le bus freina devant l'aéroport de Charles de Gaulle; gigantesque et s'étendant devant nous comme une ville confondue dans une capitale.
_ Venez, nous encouragea Valentin.
On déambula dans les couloirs de l'aéroport. Quelques avions décollaient par-ci, par-là, ce qui nous faisait tressaillir d'impatience quant à notre prochain départ. Une unique pensée occupait notre esprit apeuré.
Quittez le sol, vite !
*******
J'avais mal au crâne. La douleur sourde qui me tenaillait l'esprit ne cessait de me torturer depuis notre sortie de l'hôpital. Malgré cela, je ne voulais pas alarmer Valentin car il s'occupait déjà de nous ramener entiers en Amérique. Ma main passa dans mes cheveux et je me pris à me caresser les tempes. De la fraîcheur...il me fallait de la fraîcheur. Tel un zombie perdu dans ses limbes de la désolation, je me rendis aux toilettes de l'avion.
A moitié titubante, je m'effondrai de souffrance face au miroir des cabinets.
"Je n'arrive plus à réfléchir, qu'est-ce qu'il m'arrive ?" pensai-je.
C'est pire que de la torture. Ce que je vis là était bien pire que toutes les souffrances que j'avais pu ressentir auparavant. Alors que le noir se faisait peu à peu et troublait ma vue, je tombai incapable de me soutenir plus longtemps dans un état de lourde inconscience.
*******
" Je cours à en perdre l'haleine sans but à travers des dédales de pierres fracturées, de briques et de maisons sombres, suscitant une peur immédiate.
Quelque chose me suivait, se rapprochait, derrière moi, me suivant comme sa proie. Je courais encore et encore, mon souffle s'épuisait de fatigue à force de faire violence sur mes muscles. Mes jambes ne tiendraient plus longtemps.
La lourdeur que je connaissais, si caractéristique se mouvait près de moi, la Chose n'insistait pas. Elle attendait. Alors que je savais que ce n'était qu'un rêve, qu'un énième rêve similaire aux autres qui occupaient mes nuits, que je savais qu'elle bondirait et qu'elle me réveillerait, une voix douce flotta dans l'air nocturne jusqu'à mes oreilles:
Sais-tu ? Sais-tu qui nous sommes ?
Les Gardiennes de la Jar du Jais savent.
Elles te détruirons !
Joins toi au Midi de la Marche des Temps.
Viens nous voir, nous t'apprendront.
Comme dans les précédents, le compte à rebours récurant me tira des affres de mon sommeil:
Un, deux, trois... ISSELIA ! "
J'ouvris les yeux si vite que je fus éblouie par la lumière du cabinet. J'étais par terre, la tête contre l'étroit mur et le dos trempée de transpiration.
Je crus que la lumière brillait bien fort car je ne distinguais que les formes du meuble des toilettes. En apercevant mon reflet dans le miroir, je crus que j'allais m'évanouir à nouveau et retenai un cri d'effroi.
VOUS LISEZ
Les Porteurs d'Hesperūs
FantasyLe jour de son anniversaire, deux mystérieuses personnes mettent fin à la vie d'Issélia. Elle se retrouve alors dans un hôpital avec une nouvelle famille. Où sont ses parents ? Peu de temps après, de mystérieuses silhouettes noires glissent le long...