Les Porteurs d'Hesperūs

22- Choco-chocottes

                      Le dévoilement de certains aveux à Marc m'avait fait reprendre du poil de la bête. Seulement, encore une seule chose me bloquait.

Sylvain ne m'adressait pas un regard depuis une journée - du moins, d'après ce que je constatais - et pas du tout la parole. Au fond, cet éloignement m'était de plus en plus dur à supporter.

Je tournai la tête pour évincer d'autres inquiétudes qui n'en finiraient jamais. La vue que m'offrait le premier étage de la tour Eiffel était incommensurable.

_ Tu penses à quoi Issi ?

Encore en admiration face au Paris qui s'étendait à perte de vue, j'entendis Claire me poser sa question. Autant dire que je n'avais pas vraiment envie de me confier à une fille qui n'avait toujours pas remarqué mon problème alors qu'elle traînait 24h/24h avec moi.

_ C'est pas important ...

_ Allez Issi ... je veux pas qu'on gâche notre séjour à cause d'un garçon, si tu vois ce que je veux dire ...

Je sursautai. En fin de compte, elle n'était pas si imbue de sa personne !

Claire me fit un clin d'oeil avant de se tourner vers l'horizon que je contemplai depuis un moment.

_ Tu n'as pas à t'en faire, il est juste un peu déboussolé. Je ne sais pas ce que tu lui as dit mais j'espère que ...

_ Quoi ?

_ Tu n'as quand même pas refusé qu'il sorte avec toi n'est-ce pas ? s'écria t'elle en s'aggripant à la barre de sécurité.

Le vent fouetta mes cheveux. J'avalai de travers. Qu'avait-elle insinué ? Que Sylvain s'était épris de moi !?

_ Non qu'est-ce que tu racontes !

_ Aaah tu rougis Issi !

Désormais, elle me pointait du doigt alors que tous les touristes tournaient des yeux ronds vers nos deux silhouettes.

_ Arrête maintenant ! Non il ne m'a pas demandé ça ! dis-je les nerfs prêts à lâcher.

Un petit rire forcé s'arracha de sa gorge. Elle avait dû comprendre le message, je ne voulais plus en parler. De toutes manières, elle ne devait pas être au courant de mon secret. Une, c'était déjà trop et visiblement, j'avais tout raté.

*******

De 10h00 à midi, les adultes nous avaient aimablement donné du temps libre. Ils nous avaient recommandé d'être par deux et de ne jamais abandonner l'autre. Sauf que moi, je désirais par dessus tout être tranquille. Je m'étais donc éclipsée du groupe de filles bruyants avec qui nous marchions en choeur en soufflant discrètement à Claire que je reviendrai.

Je parcourais maintenant les rues bomdées quand des pas se rapprochèrent à grande vitesse dans mon dos. Mince, Marc m'a peut-être retrouvé.

_ Salut Mademoiselle !

Prise de court, je me retournai brutalement face à mon interlocuteur. Le Beau Brun me faisait désormais face, un large sourire aux lèvres. Puis son sourire avenant s'évanouit d'un seul coup.

_ Oula... tu veux peut-être que je te suive à distance ?

" Fais moins une tête de déprimée si tu veux t'en faire un ami... Arrête de jouer à l'associable !!" me cria une voix intérieure.

_ Non non, reste... j'avais juste besoin de remettre quelques idées en ordre et de me calmer.

Il parut prendre ma remarque au sérieux et se caressant le menton, dévoila de nouveau ses belles dents immaculées.