Keeping It Real (fanfiction harry potter époque maraudeurs)

04 - DORCAS

Dorcas dépose tous ses épais grimoires sur la table de la bibliothèque avec grand bruit et prend place sur une chaise. Elle les jugent de haut en bas et soupire longuement en jouant avec sa plume entre ses doigts. Elle étouffe un baillement et ouvre son premier livre en mâchant machinalement son chewing-gum.

L'heure matinale fait que même les plus courageux et assidus élèves ne sont pas levés et Dorcas se félicite intérieurement pour sa bonne initiative qui va lui permettre d'occuper pleinement son temps à des révisions productives. 

Elle commence à noircir ses fiches de toutes sortes de notes plus ou moins importantes, recopiant parfois des pages entières de grimoires. Au bout de quelques heures de travail et en sentant les gens s'activer autour d'elle, elle émerge à la réalité et se relève en étirant ses membres endoloris. Elle ramène une bonne partie de ses livres jusqu'à leurs rayonnage respectif et entraperçoit Edgar Bones entre deux étagères. Accompagné de son fidèle acolyte, Caradoc Dearborn, les deux garçons débatent avec agitation sur les propriétés du Bubobulb.

Depuis aussi loin qu'elle s'en souvienne, Dorcas a toujours ressentie une forte attirance pour Edgar. Malgré son prénom peu avantageux et son physique très basique (moyen selon certains dires), elle lui trouve un charme fou et perd ses moyens en rougissant comme une idiote dès qu'on lui parle de lui. Elle n'a jamais eu la chance de lui adresser la parole, bien trop intimidée par le jeune garçon pour oser faire le premier pas.

C'est sa chance. Elle se doit d'intervenir dans leur conversation pour leur expliquer que NON le bubobulb ne jette pas d'épines pleines de venin et que NON ce n'est pas "carrément stylé" de pouvoir faire ça parce-que le venin, par définition, peut être quelque chose de mortel. Après quoi elle partirait la tête haute sans attendre le déluge de compliments la félicitant sur son intelligence et Edgar chercherait à tout prix à savoir qui elle était.

C'est sur ses bonnes convictions que Dorcas s'approche des deux garçons, se répétant intérieurement ce qu'elle devait dire pour être sûre de ne pas se tromper. Elle les salue  d'un "salut" peut-être un peu trop enthousiaste vu le regard étonné qu'ils se lancent.

- Salut... Meadowes c'est bien ça ? Lui répond Edgar en l'interrogeant du regard.

Dorcas écarquille les yeux et reste la bouche légèrement entrouverte en le regardant.

- Je crois que c'est Dorcas son prénom Ed, ajoute Caradoc. Tu voulais quelque chose ?

- Je... Vous vous trompez, le bubobulb ne jette pas de flèches envenimées, il... Je... balbutie t-elle en croisant le regard de Edgar. Il soigne les problèmes de peau et.. Voilà, je voulais juste pas que tu... Que vous vous trompiez dans vos copies pour les BUSE ou enfin... Si jamais vous tombez dessus.

Elle secoue légèrement la tête et s'éloigne des deux garçons aussi rapidement que possible. Mon dieu ! Comment avait-elle pu autant se ridiculiser ? Elle qui arrive habituellement à cacher ses émotions avec une facilité déconcertante vient de se vautrer en beauté. Devant les yeux ébahis d'Edgar, en plus !

 Ce n'est même pas un conseil qu'elle à semblé lui donner, c'est carrément une leçon de vie, une reproche. Elle a étalé ses connaissances en essayant de paraître supérieure et il a dû, à coup sûr, la prendre pour une intello au dessus de tout le monde qui ne peut s'empêcher d'étaler ses connaissances.

Elle soupire et appuie sa tête contre une vitre froide du couloir en soupirant. Idiote, idiote, idiote.

- C'est quoi qui lance des flèches pleines de venin du coup ?

Elle se retourne vivement en entendant la voix résonné dans le couloir et se retourne pour tomber nez à nez avec Caradoc Dearborn. Edgar n'était même pas présent et le sourire de la jeune fille disparu instantanément.

- Snargalouf.

- T'en a déjà vu ?

- Oui.

- Ça doit être impressionnant ! C'était en vacances ? Y'en a pas dans le coin, si ?

- C'était en Irlande.

Il pince les lèvres tout en hochant la tête,  étouffant un soupir en voyant à quel point la jeune fille est peu amène à construire une phrase de plus de trois mots.

- D'accord. Merci pour ta rectification alors, se force t-il à répondre poliment.

Il s'éloigne en gardant un sourire crispé collé sur son visage. Toute l'année il a pris sur lui pour lui adresser quelques mots, il a essayé de passer au dessus de sa timidité et de parler à la fille qui lui plaît. Mais toute l'année elle a ignoré ses efforts. Et aujourd'hui elle perd ses mots et sa dignité devant Edgar qui n'a aucune idée de son simple prénom. Il soupire longuement une nouvelle fois et entre dans la grande salle, ressassant ses idées noires jusqu'au moment où il prend place à la grande table des Serdaigle.

Dorcas, elle, est retournée récupérer ses affaires sur sa table après cet échange plus qu'étrange avec Caradoc. Quant elle relève la tête, sa plume entre ses lèvres et ses parchemins coincés sous son bras, elle aperçoit Edgar la regardant d'un air perdu. Une fois de plus elle se sent rougir. Elle passe devant lui en prenant soin de bien mettre un pied devant l'autre (ce n'est pas le moment de tomber devant lui !) et de calmer les tremblements qui agitent ses mains.

- A plus tard Dorcas !

Elle sent un large sourire prendre la place de sa mine maussade sur son visage et se hâte de sortir de la bibliothèque. Arrivée à une intersection de couloirs et sûre de n'être vue de personne, elle laisse retomber ses parchemins et frappe dans ses mains en s'appuyant contre le mur. Elle redescend ensuite et c'est tout sourire qu'elle s'attable près d'Alice à table.

- Tu étais où ? On te croyait disparue, personne ne t'as vue depuis ce matin !

Elle se contente d'hausser les épaules et entame sa part de steack avec voracité. En enfournant un gros morceau dans sa bouche, elle écoute d'une oreille discrète ses amis discuter. Il y a eu de nouvelles attaques de la part des partisans de Voldermort, les Mangemorts aiment-ils se faire appeler. 

Trois sorciers devenus fous à la suite de sortilèges se sont retrouvés à Sainte Mangouste et deux autres avaient été tués froidement. Son sourire disparaît lentement et elle se rend compte d'une chose qu'elle essaie de se cacher depuis longtemps : le monde est en guerre. Et ses petites histoires d'ado pré-pubère sont complètement déplacées et dépassées dans un contexte comme celui-ci. Dorcas repose fourchette et couteau et attrape un exemplaire de la Gazette, l'appétit subitement coupé.