Le Stage - Leçons de séduction et de sexe

Prologue

_ M. Molina, vous avez eu mon mémo d'hier ?

Il me regarda à peine et fonça vers son bureau. Je le suivis et attendis patiemment qu'il passe trois appels. Quand d'autres repartaient, vexés de n'avoir reçu aucune attention de sa part, moi je restais toujours, je le suivais comme son ombre et restais muette. Il craquait toujours.

_ Oui, mademoiselle Brentwood, je l'ai eu, j'ai donné le sujet à Henry.

_ Il ne saura pas le traiter correctement ! m'insurgeai-je. Si seulement vous me laissiez ma chance !

_ Delilah, vous êtes une excellente secrétaire de rédaction mais c'est tout ce que vous êtes, une secrétaire de rédaction, pas un reporter.

J'avais des envies de meurtre quand il me serinait ce couplet. Je lui devais pourtant beaucoup, c'était lui qui m'avait donné mon premier stage, six ans plus tôt. J'avais arpenté la rédaction du Boston Globe dès que je n'avais pas cours, mettant en pratique ce que j'apprenais. Après avoir reçu mon diplôme moins d'un an plus tôt, j'avais été engagée en tant que secrétaire de rédaction, en fait seul le salaire était différent, je travaillais autant. J'étais douée mais inexpérimentée et sous ses dehors de misanthrope M. Molina était un modèle. J'admirais le journaliste, sa carrière et son style, je détestais l'homme, bourru et cinglant. Pourtant j'étais prête à être plus qu'une secrétaire de direction, je devais l'en convaincre.

_ J'en suis capable, vous avez sélectionné cinq de mes dernières idées. Ça n'est pas juste de les donner à d'autres alors que j'ai travaillé sur chaque sujet à fond avant d'oser vous le présenter.

Il soupira pour la dixième fois au moins et se leva pour venir me dire la dernière phrase qui avait toujours le don de démolir mon égo mais cette fois-ci, je n'avais pas l'intention de le laisser me rabaisser.

_ J'en suis capable M. Molina, assénai-je, les poings sur les hanches.

Il me tourna le dos et enchaîna sur un autre appel. Je regagnai mon bureau et fis semblant de ne pas remarquer tous les regards de mes collègues braqués sur moi. J'étais scrupuleusement professionnelle mais ce jour-là, j'avais bien envie de prendre mon manteau et de rentrer chez moi. Je repris place à mon petit bureau et continuai mon travail sans aucun entrain.

Une semaine plus tard, lors de la réunion hebdomadaire le grand patron, Alexander Vans, nous fit l'honneur de sa présence, mettant toute l'équipe sur le qui-vive. Il commença par tous nous enguirlander car nous n'avions pas eu de scoop depuis des semaines. La concurrence était toujours rude dans la presse, la vente de journaux dépendait parfois d'un seul article. Vans ne manquait jamais de faire tout un cirque pour montrer son mécontentement.

_ Il nous faut des enquêtes choc et ex-clu-si-ves ! J'en ai assez de lire le Boston Metro pour découvrir les dernières nouveautés ! lança-t-il méchamment sans pour autant parler fort.

Alexander Vans était un homme très charismatique et si il voulait charmer, nul doute qu'il y parvenait. Son visage hâlé en toutes saisons, ses dents blanches, ses costumes sur-mesure, ses chaussures luisantes contribuaient à cette image d'homme riche et hautain qu'il se plaisait à afficher. Face à des « sous-fifres », toutefois il ne prenait pas de gants et adoptait l'attitude d'un dictateur.

Issu d'une famille fortunée, il n'avait pas brillé par son talent, il avait seulement repris les affaires de son père et s'était retrouvé à trente ans à la tête d'un groupe de médias. Vans accumulait les erreurs et les défaites, pourtant il n'avait jamais été autant riche.

Les reporters dirent un par un leur prochain sujet et Alexander Vans critiqua à chaque fois, souvent il en rajoutait même. L'équipe était dépitée en sortant de la salle, je suivis le mouvement quand une canne me stoppa. Je levai la tête et découvris Vans me regardant de la tête aux pieds. J'en frissonnai, je n'étais pas censée être vue par lui, je n'étais qu'une secrétaire après tout. Que me voulait-il ?