Le Stage - Leçons de séduction et de sexe

Mardi 29 Mai / Épilogue - Tina

PDV Tina

Aujourd'hui, enfin, j'allais pouvoir m'occuper de John. J'étais rentrée depuis samedi et je n'avais pas eu un seul instant pour lui montrer tout ce que j'avais appris durant le stage. Mes enfants avaient tenu à fêter mon retour et donc le samedi fut passé en famille. Le dimanche, ma fille aînée débarqua aux aurores et nous supplia de garder son fils. Le lundi, John avait dû assister à une conférence importante à Boston et aujourd'hui, il avait deux cours à donner. Il m'avait promis de rentrer vers seize heures aussi je passai ma journée à préparer nos retrouvailles. Je n'aurais pas pu me contenter d'une étreinte rapide, je voulais qu'on sorte tous les deux le grand jeu. Mes préparatifs ne concernèrent pas seulement mon apparence. Enfiler une nuisette transparente, un string, me coiffer et me maquiller ne me prendrait qu'une demi-heure tout au plus.

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Dès le matin, j'avais eu la mauvaise idée de ressortir une photo prise trois ans plus tôt. J'avais été diagnostiquée d'un cancer du sein, aux deux seins, avec en tout sept tumeurs malignes. La biopsie avait été inutile et le verdict sans appel. Dix jours plus tard, j'avais été amputée des deux seins et ma descente aux enfers avait commencé. Un mois après l'opération, j'avais débuté une chimiothérapie qui m'avait rendue malade, faible, affreuse. Après quatre mois, les médecins étaient passés à la radiothérapie. Mon état s'était amélioré, j'avais retrouvé peu à peu forme humaine et on m'avait seriné que je désormais je pourrais dormir tranquille et oublier la maladie.

J'avais joué la comédie, triché, menti, mon mari et mes enfants me crurent redevenue moi-même, une femme joyeuse et dynamique, ils pensaient que j'avais eu une période dans le creux de la vague et que je m'en étais sortie.

À l'époque, je me cachais pour pleurer, je ne supportais plus de me voir dans le miroir, je me forçais à manger et souvent je vomissais peu après. J'avais peur d'être à l'extérieur, je m'inquiétais de chaque petit bouton, je restais allongée sans regarder la télé ou lire. J'avais cessé de vivre tout simplement.

Un an et demi après l'opération, j'avais été autorisée à subir une chirurgie reconstructive et enfin j'avais aperçu le bout du tunnel. Mais John avait alors compris que je lui avais menti, que j'avais prétendu être heureuse. Il m'en avait voulu, il avait ensuite douté de chacun de mes mots et de chacun de mes sourires. Il n'avait pas accepté de faire l'amour avec moi pendant plusieurs semaines et têtue, j'avais décidé de ne pas faire amende honorable, j'avais préféré le blâmer plutôt que de le comprendre. Quand j'étais malade, j'avais refusé d'être traitée différemment par mes proches alors que j'avais eu besoin d'aide. Je ne pouvais que m'en prendre à moi-même.

Un matin, la police m'avait appelé pour me prévenir que mon mari avait été dans un accident de voiture et que je devais me rendre à l'hôpital. J'avais cru réellement mourir ce jour-là, j'ignorais la gravité de ses blessures, je m'étais imaginée le pire... Il n'avait eu qu'une jambe cassée. Mais enfin, j'avais réalisé que nous avions besoin d'être « réparés » et que pour cela, il devait entendre certains mots.

À sa sortie d'hôpital, nous avions discuté sept heures d'affilée, un peu comme au début de notre amour, mais cette fois-ci nous n'avions pas parlé de musique, de littérature, de cinéma, pas non plus d'amour, d'avenir, ou des prénoms de nos futurs bébés. Non, nous avions évoqué la mort, nos regrets, nos peurs, nos erreurs et nos doutes. Si j'avais été plus courageuse, j'aurais admis plus tôt mon mal de vivre durant cette période et à cause de cela, mon mariage en était ressorti bancal. John s'était si bien occupé de moi, il aurait fait plus si je le lui avais donné l'occasion.

Après avoir fait la paix, j'avais cru que l'on pourrait retrouver la même intimité. Je m'étais habituée à ma nouvelle poitrine, à peine différente de celle qu'on m'avait enlevée. Mais ça ne s'était pas vraiment bien passé ainsi, il nous avait manqué la complicité et l'écoute de l'autre, nous n'étions pas guéris.