Chapitre 42

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Edwin nous avait prévenu que sa tante résidait dans un coin reculé de la Floride, et les centres commerciaux le confirmèrent assez vite. Le Wallmart s'étirait sur une quarantaine de mètres, en un simple et rectangulaire alignement de petites boutiques. Il y avait une pharmacie, un prêteur sur gages, un petit bijoutier et une grande épicerie constamment ouverte. Sur le parking attendaient quelques voitures. En garant le pick-up devant la pharmacie, nous eûmes la sensation d'être quasiment seuls, comme si ici, la folie n'était pas encore arrivée. La petite boutique, séparée des autres par une allée miteuse, arborait une grande enseigne lumineuse représentant le caducée ailé et ses serpents.

— Vous m'accompagnez ? Demanda Edwin en descendant de la voiture.

Il n'avait pas encore lâché la portière lorsqu'un projectile siffla dans sa direction. Par chance, il l'aperçut du coin de l'oeil et s'écarta juste avant d'être percuté par une bouteille en verre.

Je bondis hors de la remorque, du côté opposé, et m'avançai discrètement vers la pharmacie. Mon poing, comme aimanté, était aussitôt venu se positionner sur la crosse de mon arme.

— Dégagez d'ici, la place est déjà prise ! Hurla une voix d'homme depuis l'intérieur du magasin.

— Il nous faut seulement quelques médicaments pour une vieille dame, lui répondis-je après m'être plaqué contre le mur, près de la porte d'entrée.

— Va te faire foutre, on a pas fini, connard !

Rick et Vincent, n'osant pas sortir du pick-up, me dévisageaient d'un air rond. Il étaient positionnés juste en face de la pharmacie et devaient avoir une vue idéale de la situation. Silencieusement, je leur lançai :

— Combien ?

Ils ne comprirent pas immédiatement.

— Combien ? Répétai-je en articulant à outrance.

Vincent parut enfin saisir l'idée et plissa les yeux pour se concentrer. Au bout d'un instant qui me parut durer une éternité, il me montra le chiffre quatre avec sa main.

— Ecoutez, les gars. Je ne vous veux aucun mal. Je suis un Navy SEAL de la Marine des Etats-Unis. J'ai l'intention de récupérer ces médicaments, puis nous pourrons tous rentrer chez nous et tout se passera bien.

— Par pitié, allez-vous en ! N'empirez pas les choses ! cria une autre voix, terrifiée cette fois.

Je déduisis qu'il s'agissait de la voix d'un employé, peut-être du pharmacien lui-même, et qu'il devait être retenu à l'intérieur.

— Faites le taire, putain !

Il y eut un bruit sourd, un cri étouffé, puis le silence. Plus de pharmacien.

— Tu veux tâter de ma batte toi aussi, connard ? Hurla la voix à mon intention.

— Ce serait avec plaisir, répondis-je en contournant brusquement le mur.

J'entrai en trombe dans la petite pharmacie et fondis sur le caïd, qui comme prévu me haranguait depuis le hall d'entrée, sa batte à la main. Il avait enroulé une épaisse bande de tissu tout autour et s'en servait comme d'un tison enflammé.

Même si je ne m'étais pas attendu à ça, je restai sur ma première stratégie et profitai de l'effet de surprise. Avant qu'il n'ait eu le temps de réaliser que j'étais entré, j'avais saisi sa batte juste au-dessus de sa main et avais tiré un grand coup sec. Dans le même temps, j'avais envoyé mon front en avant. Il percuta son arête nasale dans un craquement satisfaisant. L'homme s'effondra lourdement sur le sol gris.

Z - Où tout commenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant