Chapitre 5

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Chapitre 5

Stella n’attendit pas que j’éteigne le moteur pour ouvrir la portière arrière et sauter hors de la voiture. Elle se retourna aussitôt et tendit les mains vers Gus, l’attrapant par les épaules. Je coupai le contact de ma vieille caisse et m’excusai silencieusement d’avoir ramené deux filles au lieu d’une. Enfin, des circonstances dans lesquelles je les ramenais, plus précisément. Bien que passablement choqué, un pan entier de mon corps avait toutefois l’espoir de poursuivre la soirée avec la très-jolie-et-très-drôle Stella Gunsson.

Avant cela, il restait Gus.

Elle s’était endormie et un long filet de bave rougeâtre commençait à sécher sur son menton. Nous étions garés devant l’une des jolies petites maison de Falcon Boulevard. Un lampadaire éclairait mollement le trottoir à quelques dizaines de mètres de nous. Tout semblait calme et dans la douceur de cette nuit d’été, nous pouvions presque entendre les cigales. Je me surpris à détester Augustine Parker pour ses sautes d’humeur qui avaient gâché une si belle soirée.

— Pourriez m’aider ? Me demanda Stella, qui peinait à se relever sous le poids de Gus, qu’elle essayait d’extraire de la voiture.

— Pardon. Je pensais à autre chose.

— Et c’est vous le marine, laissa-t-elle échapper avec un haussement de sourcils.

Je ne relevai pas immédiatement et vins à ses côtés pour saisir Gus par les aisselles. Je la fis basculer sur mon dos et reculai pour laisser Stella se relever.

— Excusez-moi, c’est sûrement vos films à l’eau de rose qui véhiculent l’image de soldats exemplaires.

— Je suis plutôt NCIS moi, et vous êtes souvent des ordures en uniforme, répliqua-t-elle du tac au tac en faisant claquer la portière de ma vieille caisse.

Heureusement que le lampadaire éclairait la rue, sinon je n’aurais pas vu son large sourire.

— On verra ce qui se cache sous l’uniforme plus tard, pour l’instant UPS a un colis à déposer, répondis-je en désignant mon fardeau d’un geste de la main.

Elle laissa échapper un gloussement qui me ravit. J’étais à nouveau remonté de quelques barreaux sur l’échelle des mecs chanceux.

La maison de Gerry était aussi banale que peut l’être une petite maison de banlieue. Sa pelouse, bien que correctement entretenue, n’avait pas résisté à l’assaut de quelques taupes et était parsemée de petits monticules de terre. Quatre murs couverts d’un parement gris clair, et un toit en ardoise anthracite qui venait joliment contraster avec les bégonias sur le seuil des fenêtres. Sous le porche gisaient un pot et quelques accessoires de jardinage. Stella s’avança directement vers le paillasson qu’elle souleva à deux mains.

— Vous savez que sa clé est là ?

— Toutes les clés sont là, répondit-elle. Ce n’est pas parce que Gus est flic qu’elle est plus prudente que d’autres… Et c’est un quartier franchement calme.

— Vous l’avez déjà vue péter les boulons comme ce soir ?

Stella prit la petite clé, se releva et l’enfonça dans la serrure. En réalité, elle n’eut pas besoin de la tourner, puisque la porte était restée ouverte. Elle mit un certain temps à me répondre.

— Non. Et pourtant, je sais un paquet de choses sur les gens ici.

Chez Gus, c’était également plutôt joli. Très simple, comme décoration, et uniquement des meubles pareillés laqués blanc. Il manquait un peu de charme à l’ensemble, mais une bonne quantité de bibelots venait habiller les buffets et les murs.

Z - Où tout commenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant