Chapitre 60

103 15 1
                                    

— Lolly, je ne sais pas ce que tu as prévu de dire mais je pense que... commençai-je en entrant.

Le spectacle que je découvris me coupa net dans mon élan.

Je reconnus immédiatement l'un des hommes qui l'avaient recherchée un peu plus tôt dans les locaux de la Foster. Il la tenait en joue avec un petit Smith&Wesson depuis un coin de la loge. Lolly était debout, dos à une console de maquillage, et un autre homme se tenait à côté d'elle. C'était un grand type aux cheveux gris coupés à ras, dont le visage anguleux et le profil aquilin ne dégageaient aucun charme. Il tenait à la main une seringue emplie d'une solution translucide.

— Ah ! Voici sûrement le Lieutenant Peter Jon Lucky, qui vous a posé tant de problèmes, Owen ? S'exclama-t-il en me voyant. Je vous saurai gré de fermer la porte derrière vous, nous aurons quoi qu'il arrive besoin d'un peu d'intimité.

Je m'exécutai en silence, le regard ancré à celui de Lolly. Ses yeux me criaient sa détresse et je sentais déjà mes envies de mort revenir. Sauf que cette fois, elles n'étaient pas dirigées vers elle. J'évaluai la situation et songeai que le bras armé du mercenaire n'était qu'à un mètre de moi. Je pourrais facilement me jeter dessus et le briser sur mon épaule, mais il faudrait que Lolly s'écarte dans la même impulsion...

— Pourquoi faites-vous cela, Dixon ? J'avais confiance en vous, éructa-t-elle en tournant la tête vers le type à la seringue.

— Et vous avez eu tort. Mais cela arrive. Certaines fois, les conséquences sont juste un peu plus fâcheuses... Monsieur Jon Lucky, vous tombez à pic ! J'étais en train d'expliquer à Mme Foster pourquoi la loyauté de son chef de la sécurité n'avait jamais été acquise qu'à feu son époux, Edward Foster.

Il se tourna vers Lolly et pencha la tête sur le côté.

— Il s'est toujours méfié de vous, ajouta-t-il d'une voix mielleuse. Vous étiez trop intelligente pour n'en vouloir qu'à son argent, mais pas assez pour discerner qu'il ne vous avait jamais laissé les rênes de la Corp. Ceci dit, vous avez échappé à tout contrôle avec le Bélligétazen. C'était un coup de maître de recruter cet ingénieur, ce... Vincent, c'est ça ?

— Je ne vous autorise pas à parler de lui, rugit Lolly en détachant chaque syllabe.

— Vous n'êtes plus en position d'autoriser ou d'interdire quoi que ce soit. A la mort d'Edward, sa police d'assurance s'est déclenchée et me voici. Je n'ai plus qu'à finir le travail : récupérer tous vos dossiers pour vous écarter proprement de la Corp, et vous offrir le dernier cadeau de votre époux.

— Vous êtes sur les vidéos de surveillance, cracha Lolly en le fixant avec une rage infinie. Vous ne sortirez pas d'ici en liberté.

Dixon secoua la tête en faisant claquer sa langue d'un air désapprobateur.

— Personne ne sait que nous sommes là. On vous retrouvera endormie dans votre loge, et quand vous vous réveillerez, vous ne serez plus exactement vous-même. Si vous voyez ce que je veux dire.

Lolly fixa la seringue et sur son visage, la rage s'accentua encore alors qu'elle comprenait ce qu'elle contenait.

— C'est du Bélligétazen, murmura-t-elle, effarée.

Dixon hocha la tête d'un air satisfait.

— Couplé à un peu d'héroïne. Vous le savez puisque vous avez tout fait pour le dissimuler : les deux ensemble ne font pas bon ménage !

— Touchez-la, et je vous tue, lui lançai-je calmement.

Les fourmis dans mes poings serrés avaient entamé leur danse effrénée, galvanisées comme le sont les soldats par les roulements de tambour avant une bataille. J'étais prêt à frapper. Prêt à démolir le bras du mercenaire.

Z - Où tout commenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant