Alexis

Escapade

   Cela faisait trois heures que les festivités de mariage avaient commencé. Le bal devait durer une bonne partie de la nuit , toute la noblesse proche de la famille des mariés y  assistait , le frère du roi , le prince de Stalonie , était même venu afin d'y représenter la famille royale conviée par le duc de Fernant , celui-ci profita de l'apparition de l'illustre invité au mariage de son fils pour répéter à tout le monde que sa famille et celle du roi avait toujours été très proche ce qui raviva la fierté de la comtesse de Liaire d'avoir réussis par cette nouvelle union à élever le rang de sa famille. 

Alexis pour sa part profitant de l'entrée des mariées dans la salle de bal, s'éclipsa dans les appartements qui lui avaient attribués , et troqua rapidement son épaisse robe de taffetas verte pour une tunique de lin noire , des chausses grises , une paire de bottes montantes et une épaisse cape grise, elle se dirigea ensuite vers les écuries du duc. Cachée derrières des bottes de foins,  elle attendit que les jeunes garçons d'écuries qui se trouvaient près de l'entrée soit appelés ailleurs,  pour s'approcher d'une des stalles communes et , profitant que les gardes soient occupés à faire la fête dans les baraquements qui leurs étaient réservés , elle emprunta une de leur monture , la scella rapidement , et y grimpa tout aussi vite,  avant de rabattre sur ses cheveux lachés  l'épaisse cape  de laine. Vérifiant que personne ne se trouvait à proximité , elle mena sa monture vers l'exterieur , évitant la cour des cuisines qui devait déborder d'activité avec le repas de mariage , elle se dirigea vers la cours des gardes et pris un chemin tracé de dalles de pierres plates aboutissant vers les jardins du duc , puis elle avait mené son cheval à travers un discret passage qu'elle avait découvert la veille lorsque la duchesse de Fernant leur avait fait visité les jardins. Elle lança sa monture au galop en directions de la route principale , respirant à grande goulée l'air frais nocturne de ce début de printemps. Elle soupira , qu'elle dommage que le printemps qui était une saison si vivifiante soit aussi  le présage de la guerre qui reprenait. En effet les combats avaient lieu à la frontière du royaume de Kennarra et de l'empire Sydien , or pour atteindre la frontière , les soldats de Lokac le cruel devait traverser une chaine montagneuse impraticable l'hiver pour  une armée. Depuis le début de cette guerre , les troupes sydiennes se repliaient au milieu de l'automne et réapparaissaient infatigablement à chaque printemps mettant à rude épreuves les nerfs des généraux kénnarriens qui étaient dans l'incapacité de prévoir la fin de cette guerre sans issue.

Voyant que l'aube commençait à se lever , elle se dit qu'il était peut-etre le temps de rentrer au chateau avant que sa mere ,ne decouvre son absence si ce n'etait pas deja fait . Elle reprit avec regret le chemin du retour quand sa monture se cabra brusquement en hénissant , Alexis se rattrapa de justesse au pommeau de sa selle , et porta instinctivement sa main vers sa sa ceinture , et elle se rendit compte avec effrois qu'elle avait oublié son épée ! Tapotant doucement l'encolure de la pauvre bete encore nerveuse  , mettant tout ses sens en alerte comme le lui avait appris son maitre d'arme , elle observa les troncs et les buissons qui se trouvaient autour d'elle , elle essaya de trouver malgré le peu de lumière qui filtrait à travers le feuillage épais des arbres ce qui avait pu causer une telle frayeur à sa monture, mais elle ne vit rien d'anormale. Soudain elle entendit un léger sifflotement  , une ombre serpentait vers les buissons. Un serpent ! Alexis se mit à rire toute seule , ses épaules se détentirent , le cheval avait simplement eut peur du serpent ! Enivrée par cette montée d'adrénaline , et riant encore elle saisit les reines et mena sa monture au galop à travers les arbre, en savourant chaque minute de sa cavalcade.

Passant par la petite entrée du jardin , elle marcha lentement vérifiant bien que sa cape était toujours relevée. Essayant de ne pas se faire remarqué par les derniers invités légèrement éméchés qui regagnaient leurs appartements , elle se dirigea vers les écuries encore vides à cette heure ci et s'occupa de remettre sa monture d'emprunt dans sa stalle , tout en prenant soin de retirer la selle et de nettoyer et panser la bete encore essouflée par la chevauchée. Elle versa un peu d'avoine dans le mangeoire et ressortit , tout en espérant que le garde n'avait pas remarqué l'absence de son cheval.

Elle regagna discretement ses appartements prenant toujours soin de ne pas se faire remarquer dans la pénombre des vastes couloirs. Ouvrant silencieusement la porte de sa chambre , elle entra avec soulagement  et ferma vivement la porte en retirant sa cape. Elle se changea rapidement et se dirigea vers son lit , en passant elle vit son reflet sur un long miroir à pieds , ses cheveux sombres complètement décoiffés tombaient en cascade sur ses épaules ,et ses joues étaient rougies par la cavalcade. Elle soupira , elle était une fille. Et pour cette raison son destin ne lui appartiendrait jamais totalement , pourtant tout à l'heure dans la foret elle avait eut l'impression d'etre si libre , et si loin de toutes les contraintes que lui imposait son statut de noblesse. Prise par une grande lassitude , elle se laissa finalement tomber dans le lit encore frais et repensa aux paroles de sa mère et de ses soeurs. Elle ne pourra pas indéfiniment se faire passer pour un garçon , monter librement à cheval , s'habiller comme elle le voulait , et surtout, elle ne pourra pas échapper constamment aux efforts de sa mère pour lui trouver un parti convenable. A cette pensée son coeur se serra , elle ne voulait pas épouser un jeune noble prétentieux qui lui retirerais toute liberté et ferais d'elle un pantin vêtue de soie et de dentelle!  Elle écartera tout les prétendants qu'on lui présentera décida-elle détérminée! Mais pourtant ... elle se remémora loïnie et Kolin , sur l'estrade ce matin , l'air tellement heureux tous les deux , elle soupira une nouvelle fois , en observant les broderies du ciel-de-lit du lit à baldaquin sur lequel elle était allongée , elles représentaient un paysage de forêt et un couple de cygnes nageant dans un étang. chassant ses dernières pensées , Alexis s'endormit paisiblement.