Alexis s'effondra épuisée sur son lit. Si il y avait une chose qu'elle adorait dans cette chambre c'était la salle d'eau, elle avait pris goût aux bains chaud que Mel prenait soin de parfumer avec différentes huiles odorantes. Elle commençait surtout à se faire aux longues chemises de nuit en lin qui étaient incroyablement légères et confortables. Et la pauvre Nolly, la vieille gouvernante de sa mère qui s'était époumonée tous les jours pour lui faire abandonner les pantalons en toile et les larges chemises avec lesquels elle avait pris l'habitude de dormir depuis son enfance.
Alexis soupira.
Toutes ces journées de cours d'étiquettes, de broderie et ces heures de préparations avant chaque nouvelle invitation au palais étaient épuisantes. Elle ferma les yeux et se surprit à rêver d'une longue chevauchée à travers les plaines des terres du domaine de sa famille avec Soie sa jument, les cheveux au vent et aucune contrainte vestimentaire à respecter.
Pas d'escarpins serrés, de longues jupes à froufrous, juste l'air vivifiant de...
Un coup sec sur la vitre de son balcon la tira de sa rêverie.
Alexis se redressa brusquement et distingua une silhouette derrière les rideaux fins qui couvraient les portes vitrées.
Elle songea un instant à donner l'alerte en pensant aux rumeurs d'espions Sydiens dans la capitale. Un deuxième coup sec. Cette fois Alexis alla se saisir de son petit couteau, et avança prudemment jusqu'à son balcon. Elle tira vivement les rideaux et découvrit, un homme aux épaules larges recouvertes d'une cape noire rabattue sur sa tête, il redressa la tête et retira le capuchon, laissant apparaître des cheveux bruns ébouriffés et un regard brillant. Le prince Daeron.
La surprise poussa Alexis à reculer d'un pas. Etait-ce encore un de ses cauchemars ? Ce n'était pas possible que faisait le fils du roi perché sur son balcon au milieu de la nuit.
- N'ayez pas peur ce n'est que moi mademoiselle De Liaire, murmura vivement le prince conscient de l'incongruité que devait avoir la situation pour la jeune fille qui le fixait les yeux écarquillés, un couteau brandi vers son visage.
Alexis abaissa son poing encore crispé sur le manche de l'arme, ahurie elle demanda,
« Mais...que faites-vous là ? », le prince toussota légèrement, « est ce que je peux entrer ?, il commence à faire frais et... », sans attendre la réponse il descendit brusquement du balcon vers le jardin ce qui faillit arracher un cri de surprise à Alexis, et il revint avec un grand sac en toile qu'il tira en avant pour le faire basculer à travers la balustrade, jusqu'à la chambre avant d'enjamber lui-même les barreaux en fer forgé.
- Je suis juste passé pour vous donner ça.
Alexis baissa les yeux sur le sac qui s'était ouvert sur six épées d'entraînement en bois.
- Mais...pourquoi ?, demanda la jeune fille déstabilisée.
- Vous aviez raison mademoiselle de Liaire, nous n'avons pas le droit d'empêcher les jeunes filles d'apprendre à se défendre par leur propres moyens.
- Qu'est ce qui vous a fait changer d'avis si brusquement ?
- Ce matin un village à l'ouest du lac Michee s'est fait attaquer par des brigands, les hommes du village étaient tous enrôlés dans les troupes combattantes à la frontière, la garnison la plus proche n'a pas été prévenue à temps, il n'y avait que des femmes, des personne âgées et des enfants, ils n'ont pas pu se défendre.
Le visage du prince était sombre et grave.
- C'est vous qui aviez raison mademoiselle de Liaire, vous devriez toutes pouvoir vous défendre.
Alexis ne répondit pas. L'air frais de ce début d'automne s'engouffra dans la pièce faisant frissonner la jeune fille.
- Oh, pardonnez-moi vous devez avoir froid je vais fermer..
- Non, dit Alexis en s'approchant du balcon, elle s'appuya sur la balustrade en tournant le dos à sa chambre et inspira profondément. L'annonce de l'attaque avait ravivé en elle la douleur de la disparition de son père. Cette guerre était un véritable fléau.
- Est-ce que vous allez bien mademoiselle de Liaire ?
- Ne vous arrive-t-il pas de vous sentir prisonnier des événements prince Dorian ?, demanda Alexis en tournant la tête vers le jeune homme.
Le prince resta muet quelques temps semblant perdu dans ses propres pensés avant d'avancer vers elle.
- Un rang...un devoir, le regard de ceux qui voient en vous le prince et non la personne,...les murs d'un palais ou vous n'êtes pas censés sortir sans une escorte d'au moins six hommes, ajouta-t-il avec un demi sourire, tout cela m'a déjà donné l'impression de me sentir prisonnier de ma propre vie.
- Mais pourtant vous ne respectez pas les règles...
- Et je ne suis visiblement pas le seul, ajouta-t-il avec un sourire ironique.
Alexis sourit aussi.
- Est-ce donc la menace des dangers à se promener seule dans la capitale dont je vous ai parlé l'autre soir qui vous retient prisonnière mademoiselle ?
La jeune fille n'osa pas avouer que la seule menace qui lui faisait peur était celle de le recroiser, risquant ainsi qu'il la dénonce à la princesse de Vicronelle.
- Et bien j'ai juste été particulièrement occupée ces derniers jours et puis le risque de se faire prendre est élevé.
- Avez-vous si peur de ma tante ?
- Non, mais si elle découvre mes escapades elle en informera ma mère, qui n'hésitera pas à m'enfermer dans un couvent et alors autant mourir que de se retrouver derrière les murs austères de ces vielles bâtisses pour le reste de ma vie.
- J'ai passé une semaine dans une maison de l'âme une fois, avoua le prince avec un demi sourire, mon frère et moi avions séché quelques cours d'histoire Kenarienne pour nous entrainer au tournoi d'hiver et mon père avait jugé pertinent de nous inculquer un peu d'humilité, la vie n'y est pas si mal si vous aimez cultiver des tomates et passer des heures les genoux posés sur des pierres gelées à méditer.
La jeune fille éclata de rire.
- Je préfère encore les interminables leçons de la baronne de chêneau !
Le prince Daeron ne pût s'empêcher de rire à son tour, quant un bruit se fit entendre.
Alexis se tourna vers la porte de sa chambre, quelqu'un se promenait dans les couloirs du palais, surement une femme de chambre.
- Je devrais partir, murmura le prince, il ne serait pas opportun qu'on me découvre ici, bonne nuit mademoiselle Alexandra prenez soin de vous et ne malmenez pas trop vos amies avec ces épées en bois.
- Vous pouvez m'appeler Alexis, c'est plus simple.
- Alexis ?, cela vous va bien. Dans ce cas à bientôt mademoiselle Alexis.
Le jeune homme retourna à la balustrade et l'enjamba d'un geste vif avant de disparaître.
Alexis ferma rapidement les portes du balcon et s'empressa de ranger les épées en bois sous son lit. Elle songea à l'explication qu'elle devrait donner à ses camarades pour leur expliquer comment elle avait pu se procurer ces armes, elle sourit en imaginant l'expression choquée de Lydie si elle lui avouait que le prince Daeron en personne était venu les lui apporter. Mais elle balaya rapidement cette idée, elle imaginait que si elle voulait que le second fils du roi garde le secret sur ses escapades elle devrait en faire de même.
Bon elle trouvera bien une excuse, les paupières alourdies par le sommeil, Alexis se glissa sous ses couvertures et se sentie bien plus apaisée que toutes les dernières nuit passées, elle attribua cette sensation au bain aux incroyables parfums préparé par Mel sans trop y croire.*** ***
Après une très longue absence et beaucoup beaucoup de demande je vous publie enfin la suite. Je suis désolée d'avoir pris autant de temps mais ces derniers mois je n'avais pas trouvé un moment ou je pouvais me concentrer suffisamment longtemps pour réellement avancer sur ce chapitre.
J'espère que cette suite bien que courte vous a plu et j'espère pouvoir avancer plus vite la prochaine fois ! Et merci à tout ceux qui m'ont encouragé à poursuivre !!
VOUS LISEZ
Alexis
Historical FictionMonter à cheval et les duels à l'épée sont les activités préférées d'Alexis. Bercée depuis son enfance par les récits des batailles héroïques qu'ont menés ses ancêtres et son père le comte de Liaire pour le royaume de Kenara , son rêve est de deven...