Alexis

Nouvelles du front

        La journée s'annonçait particulièrement chaude , aucun nuage ne recouvrait le ciel sous lequel le cavalier avait lancé sa monture au galop le long de la route menant vers le châteaux de la famille de Liaire.

Alexis s'essayait à de nouvelles passes d'épée seule dans la salle d'étude , une carte sur les routes maritimes du nord qu'elle devait étudier était négligemment posé sur son bureau ce qui risquait fort de contrarier maitre Dorian. Ces derniers jours Alexis avait de plus en plus de mal à se concentrer sur ses leçons et passait le plus clair de son temps à rêvasser ou  à sortir dans le parc du château avec Soie ce qui lui valait les foudres de son vieux précepteur qui n'hésitait pas à lui donner des devoirs supplémentaires en plus de ses interminables leçons de morales.
Ce matin là , maitre Dorian s'était montré particulièrement sévère , et lui avait donné deux cartes géographiques supplémentaires à étudier , Celui-ci ne tarderait pas à vérifier son travail mais cela n'avait pas l'air d'inquiéter Alexis qui continuait de parer les coups d'épée d'un ennemie invisible.
La porte de la salle d'étude s'ouvrit brusquement pour laisser entrer un vielle homme aux cheveux gris , et au visage ridé et pâle portant d'imposants livres poussiéreux qui tombèrent au sol à la vu d'Alexis brandissant son épée dans un mouvement rapide et fluide vers la porte.
- Mademoiselle Alexis , je vais finir par avoir une crise si vous continuez ainsi , l'avertit maitre Dorian d'une voix tremblante.
- Je suis désolée monsieur , répliqua Alexis sur un ton faussement coupable.
-Avez-vous seulement pris le temps d'étudier les cartes que je vous ai donné ?
- Eh bien..., commença-t-elle , puis elle s'interrompit tout à coup et se dirigea vers une des grandes fenêtres de la salle.
-Un cavalier ! Ce doit être un message de père!dit-elle à maitre Dorian avant de poser son arme et de s'éloigner vers les escalier en courant , laissant là le vieux précepteur déconcerté. 

   Alexis dévala les escaliers en courant pressée de recevoir une nouvelle lettre de son père , cela faisait plus de trois semaines qu'ils n'avaient plus eu de nouvelles , et d'après les dernières rumeurs le roi Gerad allait retirer les troupes du front pour engager des pourparlers avec L'empereur Sydien. Alexis se demandait si il était vraiment possible d'arriver à un accord avec Lokac le cruel , et quelles en seraient les conséquences.

Elle se dirigea vers la grande porte d'entrée ou Sivens le majordome était en train d'accueillir le cavalier , à l'étonnement d'Alexis celui-ci ne portait pas la tunique blanche barrée d'or que porte habituellement les messagers Kennariens , mais était vêtu d'une veste courte bleue , et d'un pantalon assortit retenu par une large ceinture argentée , les couleurs du roi. Alexis eut à peine le temps d'apercevoir son visage épuisé que sa mère apparut accompagnée de Nolly et d'un maitre Dorian encore secoué par l'attitude de sa jeune élève.
- Que se passe-t-il Sivens ?, demanda la comtesse d'une voix autoritaire , ce n'est pas le messager habituel.
-Je ne sais pas madame la comtesse , répondit le majordome contrit , il amène une lettre , dit-il en tendant une petite enveloppe blanche frappée aux armoiries du roi.
Visiblement étonnée de recevoir une missive officielle la comtesse de Liaire prit la lettre et l'ouvrit vivement , elle extirpa une feuille d'apparence tres simple qu'elle déplia et parcourut silencieusement. Son visage perdit soudain toute expression et elle laissa tomber la lettre par terre la main tremblante.
- Oh Nolly ! Ce n'est pas possible ! S'exclama-t-elle d'une voix enrouée.
-Madame la comtesse ! S'écrièrent à la fois Sivens , Nolly et maitre Dorian lorsque La maitresse du domaine des de Liaire s'écroula sur le sol du chateau.
Les bruits alertèrent quelques autres domestiques de la maison , qui s'effrayèrent de voir la comtesse dans un tel état.
Alexis figée par le spectacle de sa mère perdant conscience , elle d'ordinaire si stoïque , faillit presque oublié la raison de toute cette agitation et récupéra la lettre au sol. Elle était signée par le capitaine Olson , le bras droit du roi et d'après ce que l'on disait son meilleur ami. C'était lui qui dirigeait l'armée du roi et était l'homme le plus puissant après leur souverain et les jeunes princes , son père parlait souvent de lui comme étant un homme dur et inébranlable. La lettre commençait par des formules d'usages puis elle parlait de son pere , le générale de Liaire , elle décrivait son courage , et son sang froid , qu'est que tout cela signifiait ? Se demanda Alexis nerveuse ,elle continua la lecture la main tremblante , et ce qu'elle appris la pétrifia. Nous sommes désolée de vous apprendre la disparition du général De Liaire lors d'un raid surprise des troupes ennemies , nous n'avons malheureusement aucunes nouvelles malgré les escadrons lancés à sa recherche , nous n'avons pas d'espoir qu'il ait survécu , nous partageons votre peine et présentons toutes nos condoléances à sa famille. Alexis ne pris pas la peine de lire la suite , elle était comme pétrifiée. Cela ne pouvait pas être vrais , comment son père avait pu disparaitre , ce n'était pourtant pas sa première bataille , comment cela se faisait-il que l'armée n'ait pas retrouvé sa trace , le capitaine le considérait comme étant mort , pourquoi ? , soudain un bruit la tira de ses pensées , c'était Nolly qui venait d'apporter un fauteuil pour la comtesse encore inconsciente. Alexis pris conscience que tous la regardait dans l'attente d'une explication. Les regardant fixement , la main crispé sur la lettre elle pris la parole d'une voix éteinte.
- Mon père a été capturé par les sydiens.
N'osant à peine croire ce qu'elle venait d'annoncer , et ignorant les gémissements des serviteurs et les sanglots de Nolly , elle se dirigea en courant vers les écuries luttant pour retenir ses larmes. Ce n'était pas possible , il y avait une erreur , le roi devait engager les pourparlers et son père rentrer à la maison, c'est ce qu'elle avait tant espéré pendant des semaines , c'est ce qui lui avait permis de supporter tout ces murmures de la baronne Olivia et des domestiques , indignés qu'elle se conduise comme un garçon , il était sa seule barrière entre les critique de Camilia et de sa mère , le seule qui défendait ses choix et qui rendait sa liberté légitime ! Dépassant le maitre d'écurie ahurie , elle se jeta  devant l'enclos de Soie , et ne put retenir ses larmes plus longtemps.
- Oh Soie , il m'a laissé , il avait promis de revenir et il m'a laissé. Ne pouvant en dire d'avantage elle se serra contre sa monture qui hennit doucement  et se pencha vers sa cavalière dans un geste protecteur.