Chapitre 10 : La chasse (fin)

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Tôt le lendemain, vingt autres gardiens les escortèrent jusqu'à la salle des banquets transformée en tribunal pour l'occasion. Atan trônait à sa place habituelle. À ses côtés siégeaient Axiam, le chef de la milice, un représentant des anciens et le spécialiste des lois.

Thora observa les visages graves. Il ne comprenait pas pourquoi ceux du territoire du palais défendaient la vie des mutants. À Camara, tous applaudissaient les exploits des nettoyeurs.

Le juriste se leva.

– Vous êtes ici, accusés d'homicide volontaire et d'incitation au meurtre, dit-il d'une voix forte.

Le chef de la milice se dressa à son tour.

– Sinah et Ouyah, fils de Lomdor, chasseur de lox, ont été tués alors qu'ils fuyaient les soldats, déclara-t-il. J'ai donné l'ordre de tirer parce que leurs flèches venaient de faucher deux enfants.

– Korh et Thora ! Deux pas en avant ! feula le représentant des anciens.

Ils se soumirent à l'injonction.

– Korh ! Les miliciens t'ont vu descendre un homme et toi, Thora, tu as abattu une femme de sang-froid ! Vaysh, Assa, Hory et Flay, coupables d'avoir organisé la battue. Lester et Aarlan, inculpés pour tentative d'homicide !

– La mort pour un mort, telle est la loi ! affirma Atan, oubliant les recommandations du grand-mage.

– Sauf que...

– Quoi ?

– Cette sentence ne peut s'appliquer au fils du roi, expliqua le juriste.

Il avait parlé bas, mais Thora l'entendit et sourit, satisfait. Son père devrait le libérer.

Atan fronça les sourcils. Décidément, il n'aimait pas cet enfant.

– Que dit-elle sur le rabattage d'animaux interdits de chasse ?

– Elle préconise douze saisons de prison.

– Très bien.

Atan fixa l'adolescent si intensément qu'il en frissonna.

– Je te condamne à quatre ans de sous-sol avec les autres, là.

Il désigna Assa, Hory, Flay et Vaysh d'une main irritée.

Tandis que Lester et Aarlan signaient leur constat d'infraction, les miliciens se scindèrent en deux groupes. Le premier emmena Korh vers le lieu de son exécution, le deuxième encadra les cinq garçons.

***

À la fin de cette éprouvante journée, Atan et Axiam remontèrent tranquillement le couloir qui menait au jardin intérieur. Le soleil luttait mollement contre Zaïa qui rognait son crépuscule. Ils vivaient les derniers instants calmes. Bientôt, les tempêtes annonçant son arrivée se transformeraient en blizzards.

– Tu as senti Bahass ? s'enquit Axiam en s'installant sur un siège de bois noir.

– Ouais, marmonna Atan.

– Je la déchaînerai sur vous si vous ne libérez pas Thora ! rugit une voix.

– La Force ne t'obéit pas, répondit sèchement Axiam sans même se retourner. Tu sers l'entité et son livre maudit.

Atan, lui, se releva lentement et se tourna vers la porte devant laquelle se tenait Salia.

– Boucle tes bagages et sors de ce territoire ! ordonna-t-il.

– Pas sans mon fils !

– Il te sera rendu dans quatre ans !

Ils s'affrontèrent du regard et Salia comprit qu'il ne cèderait pas. Cet esprit, qu'elle avait su atteindre et modeler treize années auparavant, lui restait hermétique aujourd'hui. Les iris bleus ne lui renvoyaient que haine et mépris. Alors, elle se détourna de lui.

– N'oublie pas ta famille, l'entendit-elle feuler dans son dos.

GahilaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant