Fin du chapitre 1 : instructions

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***

– Ils vont bientôt partir, déclara Mori en se levant.

Les rayons de ce premier matin-soleil éclairaient la chambre au sol jonché de dessins militaires. Comor s'étira et se redressa.

– Viens, j'ai faim, on a dormi longtemps.

Ils traversèrent le hall sombre et clignèrent des yeux en entrant dans le salon inondé de lumière crue. De leurs pieds nus, ils foulèrent les épais tapis herriens qui recouvraient le parquet et tournèrent à gauche. Au fond de cette grande pièce, une porte ouvrait sur la cuisine. Ils y trouvèrent les parents attablés devant une tasse de thé.

– Bonjour, 'pa, lança Comor. Tu travailles pas aujourd'hui ?

Il saisit le pot de lait et servit son frère puis attrapa trois galettes.

– À partir de maintenant, je vous interdis de sortir hors de votre corps.

La main de l'héritier resta en suspens au-dessus de son bol, son visage se figea d'étonnement.

– À cause de la bataille qui se prépare ? demanda Mori nullement troublé par le ton autoritaire.

– Tout à fait.

– Mais je veux suivre le travail d'Adahir, moi, gémit Comor. Si je n'observe pas, comment deviendrai-je bon stratège ?

– On dit maitre de guerre, jeune homme, répondit Ossoto dont le regard tranchant assombrissait l'ébauche d'un sourire. Débarrassez la table, je vais chercher la carte.

– Adahir fera atterrir les cargos là, expliqua Ossoto en posant le doigt sur un point situé au-delà des montagnes.

Les enfants avaient déjà visité Scikili, la capitale du territoire ailé. La ville-lumière s'accrochait à d'immenses arbres, seulement, ils n'avaient pas pu entrer dans ces minuscules maisons, ces restaurants, cinémas et autres lieux de rencontre. Étant donné les différences de tailles, les rois et le petit peuple volant s'étaient réunis au sol pour festoyer. Mori et Comor avaient passé la soirée le nez en l'air, perdus d'admiration pour ce plafond scintillant. Par la suite, ils y étaient retournés bien souvent en rêve.

– Les Ailés se joignent à nos soldats ?

– Oui, Comor. Les Namris, les Zorous et les Herriens aussi. Les cargos de matériel serviront d'intendance, de logements et d'hôpitaux également, parce qu'il y aura des blessés.

Il regarda Mori avec insistance.

– J'espère que tu maîtrises le don parfaitement.

Le petit ouvrit la bouche pour répondre qu'en fait, il ne savait pas trop, mais Ossoto le devança.

– Détache-toi d'eux avant le début des combats.

– Ils vont faire le reste de la route à pied ? demanda encore l'héritier, le nez plongé dans la carte.

– Adahir a armé des ossraks et prévu des véhicules roulants pour le déploiement des troupes.

– Pourquoi tu ne pars pas avec eux ?

– Je dois gérer le pays, Comor. Pour la même raison, le roi des Herriens ne se joint pas à son peuple.

– Et les mages ? s'enquit Mori.

– Ils se contenteront de suivre l'évolution des affrontements, cette guerre ne concerne que les mortels. Mais tous espèrent que ces alliances interethniques ramèneront Noliam à de meilleurs sentiments.

Donia, qui avait écouté en silence intervint à ce moment.

– Axiam vous attend en salle de cours.

Ils se levèrent bruyamment, claquèrent chacun un baiser sur la joue des époux royaux et disparurent en courant.

***

L'été s'écoula et Mori, incapable de se détacher du désespoir et de la douleur des combattants, s'étiola.

Il tint bon durant cent jours. Mais ce soir-là...


ossrak : engin volant mono ou biplace.

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