Chapitre 11 : Le sous-sol du palais arzac (2)

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Les colonnes de granit, dont certaines s'étranglaient en leur centre, semblaient soutenir le plafond de cette grotte immense. Le sol inégal levait des murs dans lesquels Hory et les autres découvrirent des entrées espacées régulièrement. Toutes creusées sur le même flanc.

– Ça sert à quoi, ces trous ? demanda Assa.

– Les prisonniers dormaient dedans, je crois, répondit Thora. Continuons par là.

Ils s'engagèrent sur le côté le plus spacieux. Ils ne percevaient que le son de leurs pas qui soulevaient la poussière. Un silence relatif, donc. Angoissant de solitude. Égoïstement, Hory se sentit soulagé d'être accompagné dans cette misère.

– J'entends de l'eau ! s'exclama Assa à voix basse. Comme s'il avait peur de déranger quelque fantôme.

Taraudés par la soif, ils s'élancèrent vers le lieu indiqué.

– N'allez pas dans le noir, leur conseilla une voix chevrotante.

Ils faillirent mourir de surprise, ils se croyaient seuls dans cette vaste salle.

Un vieil homme sortit de l'ombre d'une colonne et exposa sa maigreur à la lumière orangée des anciens. Une loque crasseuse s'enroulait autour de sa taille en un fouillis improbable.

– T'es qui ? demanda Thora.

L'ancêtre ignora la question.

– Ne franchissez pas cette barrière de ténèbres.

Vexé, l'adolescent reprit sa marche. Les autres, sidérés par le personnage, n'osèrent un pas de plus.

– Tu ne reviendras jamais ! cria-t-il du plus fort qu'il put.

Sans même se retourner, Thora leva la main en un signe qui signifiait : « tais-toi, vieux fou, je fais ce que je veux ».

– Qu'est-ce qu'il y a là-bas ? s'enquit Hory.

– Des trucs pas humains.

– Que peuvent-ils nous faire ? insista Assa.

– À vous, rien parce que vous n'irez pas dans cet endroit. Votre ami est perdu.

Hory l'approcha et découvrit, derrière lui, une cache où se tenaient deux autres formes assises. Leurs jambes fripées et blanches comme les hosts pendaient hors de ce trou aussi noir que celui qui enveloppait le point d'eau. De cet espace, émanait une puanteur morbide.

– Je m'appelle Arzy, reprit l'homme dans son dos. Nous étions quatre au début. Anté a franchi la ligne. Nous l'attendons toujours. Vingt ans sont passés depuis sa disparition.

Assa, Flay et Vaysh se collèrent à Hory et dévisagèrent les anciens avec attention. Ils remarquèrent les longues barbes, les yeux qui les mangeaient d'avidité mêlée de méfiance. D'autres condamnés. Et qu'est-ce qu'ils puaient !

– Comment peux-tu compter les années ? s'écria Hory. Le soleil n'entre pas ici. Ni Zaïa, d'ailleurs.

Arzy désigna un trou dans le haut plafond.

– Le repas arrive par là.

– Le partage, je m'en occupe, grogna le plus vieux.

– Lui, c'est Cog. L'eau du petit lac me dit quand c'est l'été. Il fume pendant cette période. Et avant la troisième apparition de Zaïa dans le jour, ils nous descendent du bois. Ça fait une fois par an, on grave une encoche ici.

Il désigna le bord de leur cache principale.

– Ils vous livrent tout par le même trou ?

– Ouais.

– Y a quoi au-dessus ?

– En quoi ça t'intéresse ? T'as des projets d'évasion ?

– Pure curiosité, répondit le garçon.

Ils avaient prévu deux combines pour sortir de là. La première dépendait de ses dons à lui, Hory. En tant que Sharzac, il avait hérité du savoir de son grand-père herrien. Il aurait pu écarter les barreaux de sa prison facilement. Sauf que les hosts veillaient. Le plan A devait donc être abandonné au profit du B : Thora contactait sa mère qui organisait leur fuite depuis la surface. Hory se figea sur place.

Si Thora disparaît dans ce trou...

Mais Arzy ne capta pas sa terreur soudaine.

– En fait, j'en sais rien. En tout cas, tu ne passeras pas, la grille de protection est trop épaisse.

Non, il va revenir, il n'est pas comme nous.

Sur ces pensées rassurantes, Hory se reprit rapidementet commença à poser des questions sur la vie d'ici, sous terre. De quoi senourrissaient-ils ? Où urinaient-ils ? À quoi occupaient-ils leurtemps ? r

GahilaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant