Gahila

Chapitre 12 : Evasion (fin)

Thora reprit connaissance au soir du quatrième jour et la douleur l'assaillit de partout. Que les grands esprits soient maudits ! Sa mère avait échoué, les gorstoys le mangeaient, ils le dévoraient vivant. La respiration lui manqua, il l'accéléra pour atténuer le mal qui le rongeait.

– Reprends-toi !

Son regard chercha celle qui avait ordonné.

– Je ne peux accomplir la deuxième phase sans toi, dit encore la voix sèche.

Il voulut demander si les insectes étaient morts, mais les chairs à vif avaient scellé ses lèvres. Nouveau début de panique.

Salia leva un index autoritaire qui le calma instantanément.

– Tu n'as pas besoin de parler. Unissons nos esprits.

Thora sentit la main chaude de sa mère sur la sienne, la droite, seule parcelle de son corps que le supplice épargnait, il s'en rendit compte à ce moment. Les iris de Salia prirent une teinte plus foncée encore, ils s'élargirent aussi.

Elle veut entrer dans mon âme.

– Bahass veut entrer, sourit-elle. Pas moi. Ouvre-lui toutes tes portes.

Et elle prononça trois mots Premiers.

Les défenses psychiques de l'enfant fondirent. Il ne résista pas, car l'incursion allégeait ses souffrances. Un écho innommable résonna dans son esprit. Dans son désir de rationaliser, il la compara à une voix très grave et s'il ressentait les intonations, il n'en comprit pas immédiatement la signification.

Le temps se suspendit. Dans une réalité lointaine, sa mère murmura des mots doux à son oreille et le message lui parvint enfin. L'entité voulait pénétrer plus profondément, elle touchait son âme, mais il devait encore ouvrir cette porte dont la clé était la confiance totale, le pur abandon de soi.

Thora se donna entièrement.

Bahass veillait sur ses sujets. Forte de l'essence de Taligah, elle put reconstituer la peau de son futur père. Elle travailla lentement pour lui rendre sa beauté d'avant le drame, car elle lui avait pardonné sa bêtise.

***

À l'aube qui suivit cette nuit étrange, Salia regardale corps de son fils sortir de la solution comme si une main géante etinvisible le soulevait. Il lévitait. L'odeur d'écorces s'incrusta jusqu'à lanausée, mais elle ne la sentait plus. Nu et trempé, Thora alla se poser sur lelit. Elle n'osa pas le frotter pour le sécher alors elle se contenta de lerecouvrir d'un linge absorbant puis s'effondra dans le fauteuil et s'endormit. 

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Le tome 1 de Gahila est publié par les éditions numériklivres. Si ce début vous a plu, l'ebook est à 6.99 euros. 

(   http://numeriklivres.info/project/gahila-de-elisabeth-charier/ )

Merci à ceux qui sont passés me lire

elisabeth charier