Fin du chapitre deux

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L'explosion ne produisit d'autre bruit que celui du béton arraché à la terre. Un souffle énorme emporta la matière et le feu dans son sillage. Tous deux provoquèrent la mort de la plupart des combattants et des carnassiers venus à la curée.

Scikili, la belle capitale des Ailés, se morcela. Maisons, cinémas, hôtels... toutes les infrastructures s'écrasèrent au sol dans une cacophonie de verre brisé. Les arbres, alourdis par le poids du luxe, basculèrent à leur tour et les oreilles s'emplirent de leurs craquements d'agonie. Ils entraînèrent d'autres grands végétaux sur près de cent mille roues et le feu naquit des étincelles. Il gagna le territoire miobé déjà soufflé par l'explosion et s'attaqua aux branchages à la vitesse d'un olam au galop.

Si un chauffeur d'ossrak avait survolé cette partie du globe à ce moment, il aurait senti le vent de panique jeter les Ailés haut dans le ciel enflammé des derniers rayons rougeâtres du soleil. Il aurait vu les Miobés former un fleuve noir et filer vers la mer et les barques.

Le marais encore gelé se souleva, les villes zorous se décollèrent de leurs pilotis. Les morceaux de glace s'abattirent sur Radaze, la capitale. Ils pulvérisèrent les maisons et transpercèrent les badauds surpris dans leur promenade du soir.

De l'autre côté du territoire jaya, l'océan se gonfla en une vague gigantesque qui écrasa les bateaux sur les montagnes arzac et inonda la yala. Les eaux entrèrent au pays des brumes.

Les centrales-relais s'éteignirent. Un temps mort s'ensuivit comme une pause dans le temps, un souffle retenu. Le présage du drame à venir.

Pendant une partie de la nuit, une série de séismes secoua la planète.

***

Au palais arzac, le premier conseiller se releva péniblement dans un bruit de verres cassés et se précipita vers le bureau royal. Ossoto n'était que légèrement blessé, quelques coupures ici et là.

Il soupira de soulagement et l'aida à se redresser.

– J'appelle un Herrien.

– Plus tard.

Fébrilement, Ossoto tenta de rallumer son vidéotransmetteur. Sans succès.

– Ce souffle, murmura-t-il. J'ai peur de comprendre.

– La centrale ? s'étonna son bras droit. Tu crois que...

– Envoie un messager auprès d'Axiam, je veux lui parler de toute urgence.

– Il pourra nous secourir ?

– Je le pense, mon ami. Fais vite, il faut rassurer la population. Rassemble les chefs de milice aussi. Réunion immédiate.

Ces derniers mots, Ossoto les avait prononcés sur un vibrato angoissé. Si le souffle provenait de la foreuse, alors, le monde moderne agonisait.

Une nouvelle secousse ondula la planète, il s'accrocha à son bureau.


Cent mille roues : cent kilomètres

Olam : monture herrienne qui ressemble à un chien de la taille d'un cheval.

La Yala : passage creusé par Taligah dans la montagne pour accéder à la mer.


GahilaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant