Chapitre onze – Le sous-sol du palais arzac
L'interminable descente à la lueur des flambeaux.
Hory disposa d'un temps infini pour réfléchir à la longueur de sa peine. Quatre ans. Il compta sur ses doigts comme un enfant. Après tout, il chassait plus qu'il ne calculait d'ordinaire. Donc : douze et quatre... seize ! Il s'arrêta net. Soudain, sa mère lui manquait. Ses caresses, ses « je t'aime », ces nuits passées avec elle sous les couvertures jusqu'à l'âge de six ou sept ans. Quatre ? Il ne savait plus. Il ne se souvenait plus de son dernier baiser. Dans sa mémoire, ne subsistaient que les parties de chasse sous la lumière du soleil couchant. Adieu ses rayons, fini les courses-poursuites aux côtés de ses compagnons qui dévalaient les escaliers, là, devant lui, dans une pénombre glauque.
Un garde le poussa et il faillit dégringoler le reste de cette éternité sur le cul. Sa jeunesse et ses réflexes acérés le redressèrent en un tour de rein. La peur de la mort remit son esprit au présent, il termina la descente en refoulant sa terreur.
Les grilles apparurent, ombres verticales rendues luisantes par l'éclairage artificiel. Les reliquats d'une technologie oubliée. Deux rangs de métal se faisaient face et, entre eux, un vide inquiétant alerta ses sens. L'adrénaline propulsa sa conscience devant ses pensées.
Ils passèrent la première ligne. Là, Hory sentit les gardes retenir leur souffle. À cause de l'odeur ? Elle régnait, pestilentielle, à soulever le cœur. Les larmes lui en montèrent aux yeux. Et dire qu'il devrait supporter ça durant quatre ans !
Les miliciens les bousculèrent au-delà de la deuxième limite puis la verrouillèrent. Ce lourd cliquetis... Hory déglutit d'appréhension. Et aussitôt, il songea.
Je peux ouvrir n'importe quelle porte, demain on sort.
Les gardes fermèrent la seconde série de grilles. Nouveau cliquetis sinistre. Entre les deux : un couloir. Il agrippa les barreaux et observa.
D'un sourire ironique, le plus jeune soldat abaissa une manette et deux longs corps translucides surgirent dans cet espace.
Hory recula compulsivement. Sa première pensée compara ces formes aux mutants qu'il connaissait.
– Je te présente les Hosts ! ricana le gardien. Retire tes mains de là et détourne ton regard, ils aiment le sang, mais ils préfèrent les âmes ! La tienne va leur plaire, j'en suis certain, Sharzac !
Et il s'éloigna dans un rire sardonique.
Les autres le suivirent et ils disparurent dans les ténèbres.
Hory se retourna vivement. Il en avait assez vu pour croire son geôlier. Les crocs acérés, les yeux aux pupilles perçantes lui coupèrent les jambes pendant un instant d'effroi. Puis, à grands pas angoissés, il rejoignit ses compagnons d'infortune et l'odeur infâme s'estompa avec la distance.
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Gahila
Science FictionAux confins de l'univers, deux entités se disputent les âmes des mortels. Leur faim insatiable et leurs duels incessants provoquent la destruction des mondes qu'elles enveloppent de leur essence, ce qui les oblige à l'éternel exil. En l'an 2499, sur...