Le lendemain matin, les douces notes de Stairway To Heaven me réveillèrent tranquillement aux alentours de neuf heures. Je n'avais pas mis le réveil plus tôt, car la 'sieste' d'hier après-midi s'était soldée par les cris de Mike et les bips sonores du téléphone de Luke...
Je me retournai dans mon lit et restai là, les yeux clos, à écouter la mélodie. Alice était bien silencieuse. Lorsque la mélodie prit fin, je m'étirai et m'étonnai d'apercevoir le lit vide d'Alice.
Surprise, je me levai et me dirigeai vers la pièce principale pour y trouver... Lucie ?
— Enfin ! Je t'attends depuis une vingtaine de minutes ! s'écria-t-elle
Je lui jetai un regard interrogatif. Elle était assise sur un canapé, le plus normalement au monde.
— Où sont les autres ? questionnai-je. Et comment es-tu entrée ?
— Ils sont déjà levés et ont déjà mangé. Ils m'ont croisée dans le couloir et Alice m'a prêté un jeu de clés, pour ne pas que tu sois seule, expliqua-t-elle
— Oh, d'accord. Je vais m'habiller et après on ira prendre le petit-déjeuner ! lançai-je, avant de retourner dans la chambre et d'enfiler les premiers vêtements qui me tombaient sous la main.
Je me passai un coup de brosse, me maquillai très légèrement en deux temps trois mouvements, comme à l'accoutumée.
Moins de dix minutes plus tard, Lucie et moi quittions le studio pour aller à la cafétéria. J'étais encore à moitié dans les vapes.
Nous nous installâmes sur une petite table pour deux personnes en parlant de tout et de rien. Une fois ma tasse de café et mes tartines avalés, je me sentis enfin complètement éveillée.
— Viens, me dit Lucie, en se levant, je vais te montrer les salles de classe. Je crois que personne ne te les a montrées ?!
— Tu as raison de me le rappeler ! Je suis sûre que je me perdrai, et que Luke se moquera de moi ! répondis-je
Elle rit et hocha la tête.
Nous quittâmes la cafétéria et Lucie m'expliqua que le bâtiment rouge comprenait les salles de sciences, de physique, de chimie, d'informatique et de mathématiques. Le bâtiment bleu comportait les matières dites « littéraires », c'est-à-dire anglais, français, allemand, espagnol, chinois, latin, grec et histoire-géographie. Bien évidemment, personne n'apprenait toutes ces langues en même temps ! C'était limité à trois. Enfin, le bâtiment blanc possédait les salles d'arts-plastiques, de musique, de couture, de danse, etc...
— Je vais commencer par te montrer la salle de musique, décida Lucie, en me faisant traverser toute la cour et entrer dans le bâtiment blanc.
Comme les salles de musique étaient au quatrième étage, c'est-à-dire l'avant-dernier, je m'étonnai qu'elle commençât par celles-ci.
— C'est la seule salle de ce bâtiment où tu auras cours, me fit-elle remarquer.
Elle n'avait pas tort : je n'aurai ni théâtre ni dessin ni danse ni autre chose ! Juste musique.
Nous montâmes les escaliers pour enfin arriver à proximité d'un couloir.
— Ferme les yeux, demanda Lucie
— Pourquoi ? questionnai-je, méfiante
— S'il te plaît ! J'ai promis que je le ferai ! Et que j'immortaliserai ta tête pour Mike !
— Hein ? Mais pourquoi ?
— Ce que tu es tête en l'air ! Tu vas comprendre, c'est énorme ! se réjouit-elle.
Je finis par capituler et je fermai mes paupières.
Lucie ouvrit la porte et me guida vers ce qui me semblait être le centre de la pièce. Je n'entendais rien, aucun bruit. Lucie me fit pivoter. Je me laissais faire, comme une poupée de chiffon.
— Tu peux ouvrir les yeux, déclara Lucie, et ne crie pas ! prévint-elle.
J'ouvris les yeux, que j'écarquillai aussitôt, étonnée. Alice, Mike, Luke et Caitlin étaient juste en face de moi, sur une estrade en bois clair en arc de cercle, chacun derrière un micro, avec un instrument.
— Surprise ! crièrent-ils, en même temps
Je clignai plusieurs fois des yeux, ébahie, et regardai autour de moi, détaillant la pièce et ses murs gris, me demandant ce qu'il se passait.
— Hé ! Luke ! Je t'avais dit qu'elle aurait complètement oublié ! s'exclama Alice en souriant. Mike ! On a gagné vingt dollars !
Caitlin roula des yeux :
— On y va ?
— La deuxième partie partie de ton cadeau d'anniversaire, précisa Luke, devant mon air complètement abasourdi.
Cela m'était complètement sorti de la tête !
Ils n'avaient tout de même pas fait ce que je pensais ...
Mike toussota, et Caitlin commença à jouer une mélodie douce, calme, et enivrante, elle fut bientôt rejointe par Luke puis Mike, et Alice commença à chanter.
Les yeux déjà embués, je l'écoutai, en souriant à l'entente des paroles, qui étaient en français ou en anglais par moment. J'éclatai de rire en entendant Mike tonner avec une voix de metalleux : « Je t'aime autant que j'aime ma pizza supplément fromage ».
Jamais, au grand jamais on ne m'avait fait un cadeau pareil. C'était extraordinaire. Les personnes en face de moi, qui étaient mes amis, étaient bien trop attentionnées. Elles avaient pris du temps pour me faire quelque chose qui leur ressemblait. J'essuyai une larme puis deux puis trois... Je ne méritais pas autant.
Lorsque les dernières notes s'évaporèrent, je ne pus m'empêcher de me jeter sur eux.
— Oh là ! Doucement ! s'écria Mike, qui était le premier que j'étreignais, peut-être un peu trop fort car il cria que je l'étranglais
— Merci, lâchai-je, en reniflant un peu.
Je serrai une Caitlin heureuse dans mes bras, qui me murmura :
— C'était l'idée d'Alice et Luke. C'est eux que tu dois serrer aussi fort.
J'acquiesçai, la relâchai et me précipitai sur Alice.
— Merci, Ali !
— De rien, tu le mérites, Emmy !
Elle me lâcha, souriant de toutes ses dents, et me poussa vers Luke, qui arborait un grand sourire...moqueur.
— Avant toute chose, ne mouille pas mon teeshirt ! railla-t-il
Je m'esclaffai et l'enlaçai à son tour.
— Merci, c'est...wow...
— C'est normal, souffla-t-il
J'étais presque sûre qu'il souriait.
— Câlin groupé ! s'exclama Alice, en se jetant sur nous, imitée par Caitlin et Mike
— Cheese ! fit la voix de Lucie
Je relevai la tête et fut accueillie par le flash du téléphone de Lucie.
— Je viens aussi ! s'écria-t-elle.
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La musique avant tout (1)
Teen FictionLivre 1 de la série « plume et musique » La musique : un mot, des notes enivrantes, des paroles troublantes et pourtant emplies de sens. Le lycée Sainte-Cécile de Paris, Emilie Dray en a toujours rêvé. Alors, quand à ses quatorze ans, la poss...