➳ Chapitre 23

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   Cette semaine était passée à une vitesse incroyable. A présent, nos correspondants allaient repartir. C'était inéluctable. Et la tristesse oppressait mon coeur.

   Durant cette semaine, je m'étais rapprochée de Caitlin, et de Gaël, que j'avais appris à connaître. Malgré une apparence discrète, son âme était emplie d'humour et de gentillesse. Il était toujours prêt à s'amuser. Et il était indéniablement amoureux de Caitlin, mais il refusait de l'admettre ce qui me faisait sourire. C'était écrit sur son front, il n'y avait qu'elle qui ne le remarquait pas. La situation entre eux deux était ironique. D'un côté, il se crispait ou se tendait dès que Luke et Caitlin étaient « trop proches », pour reprendre ses dires. De l'autre côté, Caitlin me certifiait qu'il n'y avait, je cite, « pas l'ombre de sentiments amoureux entre elle et Luke », et que son coeur n'appartenait pas à Luke. Seuls lui et Mike savaient à qui il appartenait. Elle ne m'avait pas dit de qui il s'agissait, mais la réponse me semblait évidente.

   Néanmoins, j'avais tenté d'expliquer à Gaël qu'ils se comportaient plus comme des frères et soeurs, mais peine perdue ! Pourtant, leurs airs surpris quand on leur faisait la remarque attestaient de la véracité de leurs propos. Alice et moi espérions qu'il ne se disputât pas avec Luke sur ce sujet. Jusqu'à maintenant, nous l'avions empêché de faire des remarques blessantes à Luke. Je ne voulais pas que Luke soit blessé à cause de cela, et Alice aussi. Mike disait que c'était inéluctable.

  C'était ce à quoi je pensais quand nous arrivâmes à l'aéroport. Je redoutais leur départ. Leur absence pèserait sur nos coeurs. Le mien baignait déjà dans la tristesse.

  J'eux du mal à laisser partir Mike. En l'espace de trois mois, je m'étais attachée à lui. Il me rappelait Simon au même âge. Je l'ai longuement serré dans mes bras. Il connaissait tellement de choses sur moi, dont certaines que je n'avais même pas eu besoin de dire à voix haute.

J'ai brièvement serré Gaël et Caitlin dans mes bras. Eux aussi allaient me manquer. C'était dur.

  Finalement, j'étreignis Luke un long moment. J'aimais sentir ses bars autour de moi. Cela me procurait une sensation de bien-être profond. Contre toute attente, c'était à lui que je m'étais attachée le plus. Peut-être que c'était dû à nos points communs ou à notre discussion sur Wagner.

Luke garda ses mains autour de ma taille et se pencha vers moi. Ses douces lèvres se posèrent sur ma tempe. Je m'empourprai, malgré moi, et les pommettes de Luke rougirent aussi. Ses yeux clairs m'hypnotisaient.

Le lien se brisa quand les professeurs appelèrent les américains, leur disant que cette fois, ils devaient vraiment partir.

— Au revoir, Em, souffla Luke, avant de me lâcher et de me regardai une dernière fois, avant de tourner les talons.

— On se voit mi-mai ! cria Mike, en se retournant, alors qu'ils s'éloignaient.

   Je restai là, quelques instants, pantelante, à contempler leur silhouette s'éloigner, jusqu'à ce qu'elles aient été complètement noyées par la foule ; me sentant mal, troublée et déjà nostalgique.

🎶🎶🎶

   Nous étions rentrés depuis deux heures, et je n'arrêtais pas de penser à eux. Tout était trop calme et trop silencieux. Ils avaient laissé une ouverture, une brèche béante derrière eux. Bien-sûr, je n'étais pas seule, mais leur absence alourdissait déjà mon coeur. Si seulement ils avaient pu rester plus longtemps...

— Emilie ! Par pitié, assieds-toi ! finit par s'écrier Alice

   Je tournais en rond dans la salle commune depuis un bon moment, comme un lion en cage. La salle était presque vide. Je jetai un coup d'oeil à Alice, qui, assise sur un fauteuil, me fixait, un sourire malicieux peint sur son visage. Je regardai le fauteuil à côté du sien, celui où Luke s'asseyait, puis le canapé en face des deux fauteuils où Mike, Caitlin, Gaël et moi nous installions. Je soupirai de lassitude et m'assis dessus, en face d'Alice.

— Arrête de réfléchir et de voir le négatif, déclara Alice, toujours en souriant ; prends la vie du bon côté ! s'exclama-t-elle ; dans trois mois, on va à New-York pour les revoir !

— Trois LONGS mois, déplorai-je, dans un soupir

— Le temps passera vite, Emmy, me rassura-t-elle, toujours avec son sourire malicieux.

Je la fusillai du regard, et elle rit.

   Depuis que Simon avait eu l'excellente idée de m'appeler « Emmy » devant Mike et Alice, tous deux me surnommaient ainsi, en sachant pertinemment que je détestais ce surnom. Seul Luke ne me surnommait pas « Emmy ». Il préférait m'appeler « Em », trouvant que cela m'allait mieux. J'étais tout à fait d'accord avec lui.

— Arrête de m'appeler Emmy ! protestai-je, en feignant d'être agacée

— Préfèrerais-tu que je t'appelle Em ? demanda-t-elle, amusée

— Non, il n'y a que Luke qui le fait, et puis de toute façon, tu préfères Emmy.

Son sourire s'agrandit encore :

— D'accord, j'ai compris...

J'haussai un sourcil d'incompréhension.

Elle se mit à rire devant mon air incrédule, puis un doux silence s'installa.

— On n'a pas eu l'occasion de parler de Thomas, reprit Alice, pas vraiment, corrigea-t-elle

J'haussai les épaules :

— Encore ? On en a déjà discuté, et puis cela ne changera rien.

— C'est vrai, admit-elle, mais j'espère que tu ne l'aimes plus, ajouta-t-elle, méfiante

— Non, Alice, je l'avais complètement oublié jusqu'à ce qu'il vienne me parler, l'autre jour, avouai-je

— Je sais, Mike me l'a dit, répondis Alice. Quand comptais-tu m'en parler ? questionna-t-elle, avec son sourire au coin

— Eh bien, maintenant ? tentai-je.

Elle rit avant de reprendre :

— Je blague !

  Je n'avais pas menti à Alice : quand je pensais à Thomas, je n'éprouvais rien. Juste... du vide. J'en étais venue à le plaindre. Vraiment. Il en était tout de même arrivé à me manipuler ; il était tombé plus bas que terre.

   Je n'étais peut-être pas très mature, sûrement naïve, mais j'avais une conscience, une humanité et un sens moral qu'il n'avait pas. C'était une personne toxique, dont il fallait s'éloigner ; « une personne que tu ne dois pas regarder, car elle ne mérite pas que tu poses ton regard sur elle », dirait Simon.

  Thomas était venimeux et nocif pour moi, un poison. A vrai dire, il n'était qu'une tache fugace dans le coin d'un tableau.

Hey ! Comment allez-vous ? :)

Que pensez-vous de ce chapitre ? Des pronostics pour la suite ?

Merci d'avoir lu et à très vite !

~Honey.

PS : je vous aime <3

La musique avant tout (1) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant