➳ Chapitre 36

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     Mike et moi eûmes raison. Les cours suivants furent animés par Clara et Luke, et les soupirs de Lise qui s'asseyait désormais juste devant nous avec sa correspondante. Elle ne m'avait pas parlé depuis cette fois-là, et je n'avais pas cherché non plus à me rapprocher d'elle. Elle semblait néanmoins avoir mis de l'eau dans son vin...

— Lukey, c'est quoi précisément le dadaïsme ? questionna naïvement Clara

   Je roulai des yeux face au surnom qu'elle venait d'employer. Même Alice ne l'avait jamais appelé comme ça ! Clara commençait, bien malgré elle, à m'agacer... Elle n'était pas obligée de lui poser toujours des questions ; Mike pouvait très bien lui répondre aussi. Lise, qui s'était retournée pour poser une question à son amie, réprima difficilement un gloussement en me voyant lever les yeux au ciel.

— Tu poses vraiment des questions bêtes, tu le sais, ça ? répliqua dédaigneusement Luke

Du coin de l'œil, j'aperçus Clara croiser les bras.

— C'est juste une question, pas la peine de me répondre sur ce ton, rétorqua-t-elle, sèchement

— Si je ne te connaissais pas si bien, et encore connaître est un bien grand mot, je penserais que tu cherches désespérément à attirer mon attention, poursuivit nonchalamment Luke

— Si c'était le cas je m'y prendrais autrement, grogna l'intéressée

— Luke, réponds à sa question, on ne va pas y passer la journée, soupira Lise

Je me tournai vers ce dernier qui fixa Lise sans sourciller et lança d'une traite, non sans m'avoir jeté un petit coup d'œil :

— Tu sais aussi bien que moi qu'elle connaît très bien la réponse. Elle fait exprès, et ce pour une raison que j'ignore. Elle passe plus pour une idiote qu'autre chose.

Lise ouvrit la bouche pour répondre, mais n'en eus pas le temps :

— Je suis encore là, signala Clara, le visage fermé. J'ai une mémoire de poisson rouge, et si tu n'es pas capable de comprendre eh bien tant pis pour toi ! Lise, tu veux bien qu'on échange de place s'il te plaît ? termina-t-elle d'une voix blanche

— J'ai l'impression d'être face au petit frère de huit ans que je n'ai jamais eu, marmonna Luke, suffisamment fort pour que Clara l'entende

Et elle dut l'avoir parfaitement entendu car ses yeux se mirent à déborder. Les miens étaient incrédules. D'un geste rageur, elle essuya ses larmes et se leva d'un bond, jetant ses affaires sur la table de Lise dans un fracas épouvantable. Lise s'assit tranquillement à côté de moi, alors que je me demandais sérieusement ce qu'il venait de se passer. D'accord, je l'avais trouvée exaspérante depuis tout ce temps, mais se mettre dans un état pareil pour si peu... Qu'est-ce que j'aimerais être dans sa tête !

— Ça lui passera, affirma simplement Lise, devant mon air désorienté

— Ses états d'âme ? demanda Luke avec une moue boudeuse

— Tu sais, elle est vraiment très tête en l'air, répondit Lise, et susceptible, ajouta-t-elle devant l'air dubitatif de Luke.

Il toussota mais n'ajouta rien. Je me détournai et repris mon crayon, tentant par tous les moyens de finir ma guitare du point de vue alambiqué que j'avais imaginé. J'aurais dû faire plus simple ! J'étais déjà très en retard par rapport aux autres qui avaient déjà commencé à colorer leur travail, alors si ma lenteur triplée à mon inefficacité à avancer et à ma nullité s'en mêlait, je n'en finirai jamais !

   Je relevai la tête et jetai un coup d'œil à Mrs. Ford. Absorbée par l'écran de son ordinateur, elle ne prêtait pas attention à la classe. Je soupirai et me remis à ma tâche. Comment est-ce que c'est possible d'être aussi nulle ? Théoriquement, avec tous les tutoriels que j'ai regardés sur internet, je devrais avoir réussi !

Oh, calamity. J'avais appuyé si fort sur mon crayon qu'il avait laissé une marque indélébile... Génial Em, ta feuille est tatouée et tu viens de perdre les points pour le soin. Je soufflai bruyamment et tentai désespérément d'effacer la trace avec ma gomme, en grommelant des injures.

— Oh là là ! Tu vas trouer ta feuille, arrête ! me stoppa Lise

— Mais j'ai une grosse trace là où il ne faut pas ! protestai-je

Lise se pencha et observa mon dessin. Je me senti très mal en voyant le sien : elle avait dessiné un gigantesque coquillage avec des perles nacrées, éclairé par une bougie dont la cire fondait, révélant au passage des fleurs fanées et une pelure de citron. Le tout était disposé sur une vieille table en bois rustique. Tout d'un coup, alors que j'observais son pâle visage incliné sur ma feuille, les mots qu'elle avait dédaigneusement jetés à mon attention il y a quelques mois me prirent d'assaut. Je serrai les poings puis détendis mes mâchoires. M'énerver ne changerait rien.

— Tu pourrais transformer cette erreur en quelque chose de sympathique, proposa-t-elle, hum tu permets ? questionna-t-elle, son crayon en main

Ébaubie par sa soudaine gentillesse, je ne pus que hocher la tête.

— Cool. Regarde, vu sous cet angle, tu pourrais l'utiliser pour dessiner la courbure de ta guitare. Un peu comme ça, expliqua-t-elle en joignant l'acte à la parole

Sur ma feuille apparut l'ébauche d'une guitare. À ma grande surprise, elle ne s'arrêta pas là et continua, ajoutant quelques détails sous mes yeux écarquillés. Quelle mouche l'avait piquée ?

Sans mot dire, je la contemplai dessiner. Elle ajouta une rose dont les pétales tombaient, une autre flétrie, et puis des pétales dispersés.

— Eh voilà ! s'exclama-t-elle en me rendant mon dessin, tu n'as plus qu'à le colorer !

— Merci, murmurai-je en tripotant nerveusement mon collier, mais pourquoi es-tu aussi... gentille ? risquai-je

   Elle s'était montrée désagréable avec moi jusqu'en novembre, et puis m'avait royalement ignorée, pour ensuite me saluer poliment de temps en temps. C'était bizarre. Elle m'observa un petit moment, indéchiffrable.

— C'est de la courtoisie amicale et une tentative d'effort pour Clara, finit-elle par dire, avant de se remettre à son dessin.

Je ne répondais rien et haussai les épaules. Je me munis d'un feutre brun et commençai tout doucement à colorier la guitare sur la gauche, bien décidée à avancer un maximum. Alors que je venais de terminer avec le brun clair et que je m'emparais d'un brun plus foncé, un éclair de lucidité me fendit : peut-être que Luke avait dessiné quelque chose en lien avec cette fameuse Adèle ! Vite, je me retournai en prétextant vouloir prendre un feutre à Mike, qui était aujourd'hui bien discret. Luke prétendait que c'était parce qu'il avait loupé le contrôle de maths d'hier.

Quelle ne fut pas ma déception lorsque j'aperçus une grande table avec de la nourriture, des fleurs mortes, une bougie, des perles et pleins d'autres choses. Voilà qui ne pourrait décemment pas m'aider à en savoir plus...


Hey !
Toujours pas de réponses pour Adèle, mais ça ne saurait tarder ! ;) A moins que... le dessin de Luke soit quand même un indice ? A vous de me le dire ! ;)

Lise et Clara ont un comportement de plus en plus étonnant... Comment cela va-t-il évoluer, d'après vous ?

Le spectacle se rapproche à grands pas, avez-vous hâte de voir ce que ça va donner ? Quel duo attendez-vous le plus impatiemment ? Pourquoi ?

N'hésitez pas à commenter, je vous répondrai avec grand plaisir ! 🖤

À très vite !

La musique avant tout (1) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant