➳ Chapitre 31

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   Confortablement installée à côté de Mike, dans le bus, je prenais plaisir à tout dévorer du regard autour de moi. D'impressionnants gratte-ciel surplombaient le ciel, et me donnaient la désagréable impression d'être toute petite, comme une poussière errant dans les étoiles. Mais, à la fois insignifiante et importante : les étoiles et autres corps célestes n'étaient-ils pas faits de milliards de poussières ?

— Hé ! Ce sont juste des gratte-ciel ! se moqua Mike. On en voit tous les jours !

— Je sais, mais c'est tellement moderne, étonnant, surprenant, grand, élevé, gigantesque ! Et d'une beauté effrayante ! Et...

— Arrête de te prendre pour un dictionnaire ! J'ai l'impression d'entendre Luke me citer des synonymes pour que, je cite, « mes dissertations soient moins ennuyeuses et puissent avoir le mérite d'être lues » !

— Tu exagères ! Je ne suis pas aussi insupportable ! rétorqua l'intéressé, assis devant Mike.

  Le bus s'arrêta devant un immense bâtiment d'allure ancienne, aux murs blanchâtres et aux fenêtres pâlissantes.

— Oh si, tu l'es, marmonna Mike, en se levant.

  Je sortis du bus, suivie par Mike qui essayait de me faire des croche-pieds. Il était incorrigible ! Je repris toutes mes affaires, exceptée ma guitare que Mike avait prise à ma place.

   Nous entrâmes par une haute porte aux grilles noires. Arrivée dans la cour, je m'arrêtai net : c'était énorme ! Pas large, non, mais élevé ! Quatre bâtiments - blanc, bleu pâle, rouge et vert clair - se dessinaient autour de la cour rectangulaire. Ils étaient tous d'une hauteur vertigineuse ; mais ce n'était rien, comparé à l'Empire State Building, que nous avions aperçu en arrivant.

    La cour était, quant à elle, immense et goudronnée par endroit. Certaines parties étaient pourvues d'arbres ou de diverses plantations vertes dont je ne connaissais pas le nom. Quelques bacs gris, remplis de fleurs rouges, étaient disposés çà et là et saupoudraient le sol, comme les neiges recouvraient les sommets des hautes montagnes.

— Ne bave pas ! Je t'ai déjà dit que c'étaient uniquement des bâtiments ! lança Mike, amusé

— Et tu en as sûrement déjà vus ! ajouta Luke, un sourire moqueur aux lèvres. Ta famille n'habite pas à Seattle ?

— Si, mais ce sont eux qui nous rendent visite. La dernière fois que j'y suis allée, j'avais trois ans ! expliquai-je.

   Une tornade ondulée me dépassa en courant, suivie de près par un ouragan roux flamboyant.

— Salut, vous deux ! lança John, à mon adresse et à celle d'Alice, en se retournant. J'ai récemment appris un truc dément !

— Oh non, souffla Luke

— Ça recommence, gémit Mike

— Ramenez votre science, mon cher John, rétorqua Alice

— L'hippocampe, mais on ne sait jamais dans quel camping !

  Sarcastiquement, je commençai à l'applaudir, et Alice m'imita, alors que Luke soupirait en murmurant « ce n'est que le début » et que Mike s'épongeait le front, feignant d'être énervé.

  John semblait fier de lui et Emma l'était tout autant. J'étais prête à parier qu'ils seraient ensemble avant la fin du séjour.

La musique avant tout (1) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant