➳ Chapitre 12

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— Ça ne peut plus continuer ainsi, jeune fille ! lança Mike, en s'asseyant entre moi et Luke.

Ce dernier retira, à contre coeur, son bras de mes épaules.

— Il faut que tu te reprennes ! décida Emma, en croisant les bras.

Comme si je n'essayais pas.

— Tu vaux bien mieux que ça ! renchérit Lucie

— C'est un abruti de première ! Et je reste polie ! s'exclama Caitlin. Tu ne vas pas rester comme ça à cause de lui !

J'avais passé ces derniers jours à fixer le sol, le regard « vide, morne, et sans étincelle de vie » pour reprendre les mots de Luke, parfois en pleurant, mais aujourd'hui je n'avais pas versé une seule larme. Il ne s'était écoulé que quatre jours depuis cette fameuse nouvelle.

    J'avais aussi écrit des chansons et de textes en tout genre. Et j'étais presque sûre que dans quelques années, lorsque je relirai tout ça, je trouverai le tout risible.

  Et je m'étais gavée de cochonneries en écoutant A Thousand Year, Let It Be, Heart By Heart et j'en passe, renforçant encore plus ma compréhension envers certains personnages. Mike disait que j'étais le « parfait cliché des films pour adolescentes », mais qu'il m'aimait bien quand même. Il n'avait pas tort ! Néanmoins, il ajoutait que le chocolat était définitivement trop délicieux pour être laissé esseulé sur une table, et que donc il se dévouait pour en manger avec moi. Il se montrait si compréhensif avec moi !

— Un jour, Dieu demanda à Lustu de croire, depuis, Lustucru ! lança John, m'arrachant un sourire

— Tu l'as faite sourire ! s'écria Mike

— C'est parce que je suis un génie, affirma-t-il

Quelle modestie, ironisai-je, intérieurement.

— Merci, merci, merci, ajouta-t-il en s'inclinant vers une assemblée inexistante.

Mon sourire s'effaça instantanément, quand j'aperçus Thomas et Lise entrer dans la pièce, main dans la main. Mon sourire avait disparu aussi vite qu'une empreinte laissée sur le sable fin d'une plage. Leurs regards croisèrent le mien, et je serrai les poings, ravalant mes larmes. Dire que je pensais ne plus avoir de larmes pour pleurer... Mike posa une main compatissante sur mon épaule. Mes yeux croisèrent les prunelles vertes de Thomas. Il prit soin de me regarder, avant d'embrasser Lise, tout en me fixant. Je luttai avec difficulté contre l'eau salée qui ne demandait qu'à déborder de mes yeux. Sentant une larme rouler sur ma joue, je me levai d'un bon, furibonde et quittai la pièce. Je déteste verser des larmes... J'entendis des pas derrière moi, alors que je montais dans ma chambre. J'avais presque réussi à aller bien aujourd'hui, et j'avais même un instant pensé que je m'étais libérée de tout ça !

Je me laissai tomber au pied de mon lit et éclatai en sanglots, remontant mes genoux sous mon menton. Pourquoi diable étais-je si émotive ? Oh, je l'ai toujours été, il n'y a qu'à voir ma réaction pour Claire, l'an dernier.

Mike, Luke et Alice entrèrent dans la pièce et s'assirent sur mon lit. Je tentai de me reprendre immédiatement, et les soubresauts dans ma gorge se faisaient plus rares quand je leur demandai de me laisser seule.

— Ecoute, murmura Mike, il faut que tu...

— Ressaisis-toi ! coupa Alice d'une voix forte. Tu es forte, relève-toi ! Redeviens l'Emilie que j'ai connue, celle qui chante Vive Le Vent en cours, celle qui est un peu fofolle ! Franchement, c'est super nul de te voir comme ça à cause d'un pauvre type !

Je la regardai, le visage ruisselant de larmes, que je tentais d'éponger du mieux que je pouvais. Je devais avoir l'air si pathétique.

— Comment veux-tu que je réussisse en les voyant tous les jours ? me lamentai-je. Il fait exprès ! Je lui en veux ! m'écriai-je brutalement

Luke se leva aussi brusquement que je venais de parler et s'agenouilla en face de moi. Il releva mon visage et me força à le regarder dans les yeux en prenant mon menton entre ses doigts fins.

— Ecoute-moi bien, commença-t-il d'une voix ferme, si tu veux pleurer, pleure, pleure autant que tu veux ! Laisse couler tout ton chagrin, extériorise tes émotions, crie, vide-toi de tout ça ce soir, cette nuit s'il le faut ! Mais demain, tu te reprends en main ; tu repars de zéro; tu avances sans te retourner et tu passes à autre chose ! Tu dis adieu à l'Em que tu es en ce moment même, tu m'as bien compris ? insista-t-il, avec force, et évidemment qu'il fait exprès ! Il veut te voir mal en point, ne lui offre pas ça sur un plateau ! Il a gagné, sinon.

— oui..., balbutiai-je, la voix entrecoupée de derniers sanglots

— Bien, dit-il en me lâchant, tandis que j'essuyais mes yeux, pensant à ce que Luke venait de me dire.

  C'était vrai, en me comportant comme ça, je réagissais exactement comme il voulait que je réagisse. Il avait déjà éprouvé suffisamment de satisfaction, hors de question de lui en donner encore plus !

— Tu vaux bien mieux que ça, ajouta doucement Mike, alors que je m'appliquais à respirer calmement.

Mes sanglots étaient en train de disparaître. Les derniers, me promis-je.

— Pour moi, Thomas est aussi mort qu'une poignée de porte, déclarai-je, les yeux brûlants

Luke me fit un grand sourire doublé d'un clin d'oeil, comprenant mon allusion à Charles Dickens.

— Là, tu redeviens l'Emilie que je connais ! s'écria Alice.

Je lui souris en essuyant mes dernières larmes.

— Elle redevient une Luke bis, grimaça Mike, mais je t'aime bien quand même ! ajouta-t-il avant d'embrasser ma joue.

     Je me levai et pris la direction de la salle de bain. Je me passai de l'eau sur le visage, ce qui me calma rapidement. Mes yeux étaient rouges, mais d'ici quelques minutes, ce ne sera plus le cas. J'en profitai pour boire un peu avant de retourner dans la chambre qu'Alice et moi partagions. Ils étaient toujours assis sur mon lit : Alice jouait sur son téléphone, Mike essayait de la déconcentrer et Luke jouait avec la manche de son pull.

— On retourne dans la salle commune ? proposai-je, oh Alice, j'oubliais ! Si tu veux regarder comment j'ai fait les exercices de physique mon cahier est sur mon bureau !

— Avec double joie ! répondit cette dernière en se levant

   Nous redescendîmes, et lorsque nous fûmes devant la porte, Luke me demanda si je préférais qu'il rentre avant moi. Je répondis par la négative, et entrai, affichant mon plus beau sourire. Droite comme un gratte-ciel, je m'installai entre Emma et Clara, qui écarquillèrent les yeux. Je me penchai vers mes amis :

— Alors, Emma, tu me montres tes derniers croquis ?

Merci d'avoir lu ce chapitre !
A demain !
Honey.

La musique avant tout (1) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant