➳ Chapitre 44

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— On ferait mieux de rentrer... Je ne tiens pas à me faire tirer les oreilles à l'entrée, m'annonça Luke

— Tu te les feras tirer, quoiqu'il arrive, répliquai-je, amusée

Nous avions fini par nous asseoir sur un banc, au beau milieu d'un petit parc dont j'ignorais le nom et nous y avions passé une bonne demi-heure, à discuter et à rire de tout, profitant simplement du moment présent, chose que je n'avais pas faite depuis un long moment déjà, encore moins Luke.

C'était un petit espace vert, perdu à un enchevêtrement de rues et d'immeubles. De forme rectangulaire, seuls les arbres épars plantés par endroit offraient de l'ombre aux visiteurs. L'herbe verte et les fleurs colorées au parfum sucré embaumaient le lieu, et prodiguaient une sensation de plaisir paisible et de relaxation, malgré les bruits de moteur et l'odeur âcre des pots d'échappement.

— Un petit peu moins fort, concilia-t-il, et puis regarde, le ciel se couvre ; remarqua-t-il, en désignant les nuages gris qui cachaient le soleil ; je ne veux pas être là quand il commencera à pleuvoir !

Je levai la tête, constatant qu'en effet, le ciel devenait gris, passant d'un azur doux et clair à un gris pluvieux et tendre. Des frissons apparurent sur mes bras nus : l'air se rafraîchissait et le vent se levait.

Nous nous levâmes et quittâmes rapidement le parc tranquille pour retrouver les gratte-ciel qui se confondaient avec le ciel argenté. J'arpentais les quelques rues qui nous séparaient du lycée derrière Luke.

— Dépêche-toi ! Je ne tiens pas à être trempé des pieds à la tête ! Je te rappelle que la pluie américaine est la même que la pluie française ! Elle mouille autant et est tout aussi agréable ! s'exclama Luke en me tirant par le poignet

— Je sais, l'eau, ça mouille, ironisai-je

— Oui, et le vent ça souffle ! Allez, je sais que tu as des petites jambes de fée mais tu peux au moins marcher vite !

— Facile à dire quand on mesure un mètre quatre-vingt-cinq, grognai-je en trottinant jusqu'à lui

— On est presque arrivé, regarde, on voit le toit des bâtiments, constata-t-il en montrant du doigt des toits

J'hochai la tête et le laissai me tirer jusqu'à la grande porte qui n'était qu'à une rue d'où nous étions. Luke sonna, et la même surveillante qui nous avait laissés sortir il y a peu vint nous ouvrir, en nous faisant remarquer que nous étions là une demi-heure plus tôt que son heure limite.

— Je ne veux pas prendre une douche froide au beau milieu de New-York, lui déclara Luke, et Em non plus !

— Vous avez raison, répondit-elle, il vaut mieux être rentré avant !

Nous retraversâmes la cours, et quand nous entrâmes dans le bâtiment vert, des gouttes d'eau  commencèrent à cogner contre le toit. En face de nous, j'aperçus un couple qui s'embrassait sous la pluie, revisitant la scène emblématique des romances.

— C'est vu et revu, les baisers sous la pluie, commentai-je, en plus, on est trempé jusqu'aux os, après...

— Je ne comprends pas comment on peut embrasser quelqu'un sous la pluie ; l'eau te dégouline partout sur le visage, et après tu attrapes un bon rhume, ajouta Luke

La musique avant tout (1) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant