~ 2 mois plus tard ~
Le jour tant attendu était presque arrivé. Demain soir, nous allions nous envoler vers New-York. Enfin ! J'attendais ce jour depuis tellement longtemps !
Tout était prêt. Nos problèmes étaient plus ou moins réglés, nos feuilles signées et rendues, nos passeports soigneusement rangés dans nos sacs.
Pendant ces deux mois, nous avions répété et répété, si bien qu'écouter une seule des chansons que nous chantions me lassait profondément. Chose qui ne m'était jamais arrivée !
Et puis, à propos de notre comédie, le tournage avait été fait il y a quelques semaines et le montage était en cours de réalisation. Qu'est-ce que Gaël avait été déçu de ne pas pouvoir jouer dedans ! Il n'avait même pas pu faire de caméo... J'avais hâte de voir le résultat. Résultat qui était le fruit de notre travail. Simon m'avait promis d'acheter le DVD et d'en faire la promotion auprès de toute sa classe.
Comme prévu, l'argent gagné allait être versé à une association, et j'espérais de tout cœur que ce ne serait pas un fiasco. A priori, nous n'avions pas de soucis à nous faire.
S'il y en avait bien une qui avait pu être remarquée, c'était Emma. La jeune styliste avait donné une bonne partie des idées, avait esquissé des tas et des tas de vêtement et s'était, par la même occasion, improvisée chef du groupe ; et il fallait dire qu'elle avait du talent.
À presque seize ans, elle était déjà capable de dessiner, coudre et concevoir des vêtements elle-même. Elle n'aura aucun problème pour les créer avec sa propre marque et ses propres boutiques. Son professeur lui a clairement fait comprendre qu'il n'avait rien à lui apprendre, et depuis, sa joie se déversait sur nous tous, encore plus qu'à l'accoutumée. Elle était une perle à elle seule ; toujours à dessiner des sourires sur des visages tristes, à essayer de leur voler leur mal-être et de le transformer en liesse, et bien-sûr à leur redonner confiance en eux. Rares étaient les personnes comme elle.
Quant à Lucie, la petite (grande) danseuse, elle s'était occupée des chorégraphies avec quelques uns de son groupe de danse. Leur groupe n'était pas bien grand : il comprenait un peu moins de dix élèves. Le résultat était magnifique ; et Alice et moi avions la grâce d'un hippopotame à côté d'elle... J'avais fini par la surnommer Odile, en référence au Lac Des Cygnes. Elle volait à chaque fois qu'elle dansait.
Alice disait sans cesse qu'il fallait qu'elle apprenne à Luke à danser correctement, c'est-à-dire dire sans écraser les pieds et en étant gracieux comme un crocodile. Je lui avais rétorqué qu'Antoine dansait comme un éléphant et qu'elle n'en faisait pas tout un plat. Car, selon ma meilleure amie, quatre niveaux de grâce et de légèreté se distinguaient : 1) le niveau éléphant 2) le niveau crocodile 3) le niveau chat et 4) le niveau cygne, alias l'élégance et la suavité absolues, que seuls Lucie et son groupe possédaient.
Je soupirai longuement. Alice, couchée dans son lit avec son casque, ne m'entendit pas. Elle réécoutait les chansons qu'elle devait chanter. L'idée de faire une fausse note la terrifiait, et je mentirais si je déclarais que cela ne m'angoissait pas tout autant. Néanmoins, je connaissais toutes les sonorités par cœur.
Les répétitions s'étaient d'ailleurs étonnamment déroulées le plus tranquillement possible : il n'y avait eu aucune dispute. Miraculeux ! À vrai dire, Thomas s'était comportée normalement et n'avait pas agi comme une personne dépourvue de cœur pour blesser autrui. Il ne m'avait pas plus parlé que nécessaire, à ma plus grande joie. Cela avait été stupide de ma part de m'inquiéter. Ni mots heurtants ni phrases sonnant fausses ne s'étaient échappées de sa bouche. Il s'était contenté de parler d'une voix neutre et d'acquiescer aux remarques de M.Ginsique.
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La musique avant tout (1)
Genç KurguLivre 1 de la série « plume et musique » La musique : un mot, des notes enivrantes, des paroles troublantes et pourtant emplies de sens. Le lycée Sainte-Cécile de Paris, Emilie Dray en a toujours rêvé. Alors, quand à ses quatorze ans, la poss...