Chapitre 3

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3

LIV

Nous sommes jeudi, et ça va faire deux semaines maintenant que je vis chez Davis. Que je partage son salon, sa salle de bain, répartit les tâches ménagères, les courses. Et honnêtement, j'adore ça ! Tout se passe au mieux. Mon poste d'aide soignante de nuit et mes études se passent à merveille, ça m'évite de trop rester à l'appart; et évite sans aucun doute de m'engueuler avec Davis. On s'entend bien, mais il ne faut pas trop qu'on passe de temps ensemble, et nous en sommes tout les deux conscient. La fatigue se fait ressentir aussi, mais ça va, je tiens le coup. En plus de ça, Davis et moi avons retrouvés notre complicité sans les mauvais côté. Ce qui est exceptionnel, mais très sympa, je dois l'admettre.

Mon lit est aussi agréable et accueillant qu'avant son changement de domicile. Mon oreiller aussi moelleux. La température de la pièce est convenable.

Je mens.

Elle ne l'est pas. Mais le radiateur n'y est pour rien, il a juste été dépassé brutalement par les bouffées de chaleur qui se sont glissées sous ma couette et sur ma peau à des endroits auxquelles je n'aurais jamais pensé. Et tout ça pour une raison. Je n'ai pas réussi à oublié ce regard.

Intimidant.

Perturbant

Envoûtant.

Je ne sais même pas pourquoi j'y pense. En deux semaines, je n'ai pas revue une seule fois Riley, ou lorsque l'occasion se présentait, il trouvait un moyen de s'éclipser. Je ne devrais pas y penser par respect pour mon frère. Mais depuis que je l'ai vu, depuis qu'il a embrassé mon corps avec ses yeux, je n'ai pas sut l'oublier. Je n'ai pas put laisser s'effacer la trace brûlante qu'il a laissé sur mon corps en ne faisant que le regarder. J'ai essayé d'imaginer ce qu'il se passerait s'il ne faisait pas que regarder, si ses mains se posaient elle aussi sur mon corps d'une façon plus directe, et rien n'en est sorti de bon. Ça m'a amené de beaux rêves, mais aussi le manque de sommeil dont je n'ai pas besoin.

Je ne comprends pas comment un regard peut être aussi froid et chaud et à la fois si douloureux. Il souffrait en me regardant. Je sentais le mal qu'il avait à me regarder, l'entêtement qu'il avait à le faire, et le mien à le soutenir. Pourtant, ça ne me regarde pas, je devrais m'en fiche éperdument de savoir le pourquoi du comment il a l'air de souffrir. Mais je n'y arrive pas. Je suis incapable de passer au-dessus de cette sensation que j'ai eu, que j'ai ressentie jusque dans mes entrailles.

Je secoue la tête pour échapper à mes pensées, retire la couette qui recouvre mon visage et file sous la douche. La tête inclinée, l'eau chaude tombe sur mon visage et poursuit sa route sur le reste de mon corps. Je me vide l'esprit. Ne pense plus. Ne réfléchis plus. N'essaye plus de comprendre. Je ne suis qu'une femme sous une douche chaude qui s'apprête à effectuer une nuit de garde. C'est tout ce dont je devrais me soucier. Je coupe l'eau, sort de la douche, attrape une serviette qui empeste la vanille à vous en dégoûtez en regrettant de ne pas avoir pu empêcher Davis de faire la précédente machine, et m'enroule dedans.

D'un geste fluide, j'efface la buée qui s'est posé sur le miroir avant de bloquer ma main sur mon reflet. Mes orteils s'empalent dans le moelleux du tapis de la salle de bain.

Qu'est-ce qui a put te faire souffrir en regardant ce que je vois, Riley ?

Mais étais-ce seulement moi. Ou bien est-ce le fait que je sois la petite sœur incrusté chez son grand frère qui gêne leur rythme de vie de célibataire ?

J'aime à penser que c'est le cas.

Car dans ce cas, il serait célibataire.

Je termine de m'habiller quand la sonnette retentit dans l'appartement. Les pas lourd de Davis martèle le parquet et se dirige vers l'entrée quand je passe ma tête dans le col de mon haut. Je l'entends parler durant une petite minute. Je me demande à qui il parle. Je n'entends pas la deuxième personne. La voix de Davis diminue et les pas se dirigent cette fois vers la porte de la salle de bain que je m'apprête à quitter.

Nothing more, nothing lessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant