CHAPITRE 4

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- Éli !

Une voix inquiète me parvient. Des mains me secouent dans tous les sens.

- Élise reveille toi !

Je connais cette voix. Mes yeux s'ouvrent instantanément. Les larmes coulent tel un torrent sur mes joues. Mon coeur palpite. Je n'arrive pas à retrouver une respiration normale. Des dizaines d'images, de sensations me reviennent en tête.

- Calme toi Éli c'est fini...

La voix de mon ami tente de m'apaiser, sans grand succès. Je cale mon dos contre sa poitrine et il m'enlasse de ses bras. Les larmes prennent encore plus possession de mon visage.

- Ça va aller Éli je te le promets, chuchotte-t-il en déposant un doux baisers sur le sommet de ma tête.

Les images ne veulent pas quitter mon esprit. Les bruits. Les voix. La peur. Tout ça reste encré en moi comme un tatouage dans la peau. Je n'arriverai jamais à oublier cette nuit. Même à plusieurs centaines de kilomètres de ma ville. Comment ai-je pu croire qu'en quittant Lyon les cauchemars me quitteraient eux aussi ?

Julien continue ses caresses pleines de tendresse pour me calmer. Je crois qu'il essaie de me rassurer. Tout le monde essaie ça depuis des mois sans succès. Néanmoins mon ami reste avec moi le reste de la nuit et je finis par me rendormir bercée par le doux son de sa voix.

***

Bip... Bip... Bip...

Ce foutu réveille me sort du demi-sommeil dans lequel je suis depuis le cauchemar. Il est sept heures. J'aurais préféré dormir davantage mais mes cours de santé publique commencent à 8h30. Dix minutes pour rejoindre la fac, ça me laisse plus d'une heure pour me laver, m'habiller, préparer mes affaires et petit déjeuné. Il va falloir que je me dépêche.

Je m'engouffre sous la douche. L'eau chaude permet à mes muscles endoloris de se détendre. Ça me fait vraiment du bien après la nuit que je viens de passer. Je ne suis pas l'une de ces filles qui passe des heures dans la salle de bain, mais il faut bien avouer que l'eau chaude sur mon corps est l'un de mes péchés mignons. Je pourrais limite m'endormir sous celle-ci, c'est tellement relaxant.
Ensuite j'essaie de dompter mes cheveux rebelles. Il me faut bien plus de cinq petites minutes avant de trouver enfin une coupe qui me convient à peu près. Ma chevelure longue et imposante est un vrai casse tête tous les matins. Sois ils n'ont aucun volume. Sois je ressemble littéralement à un lion avec cette crinière, ou encore, et je suis sûre que beaucoup d'entre vous sont dans le même cas, j'ai des dizaines des petits cheveux qui dépassent de ma coiffure pseudo parfaite... Je déteste ça...

Quand je sors enfin de ma chambre il est 7h45. Je remarque très vite que Ju' n'est pas dans l'appartement. Un petit mot est posé sur le frigo : "Je suis désolé de ne pas être là pour ton premier réveil parisien. On se voit ce midi à la fac, ne stresse pas trop ça va bien se passer 😊"

Facile à dire, il me connaît par coeur, il sait que je stresse pour un oui pour un non... Mais ça va bien se passer, il faut que j'y crois.

Je prépare mon thé, le bois à la vitesse de la lumière, prends mon sac et sors de l'appartement direction cette nouvelle fac.

***

Mes yeux s'agrandissent... Cette fac est tout simplement immense. Comment vais-je faire pour me repérer dans cette fac qui compte six étages et trois bâtiments ? Les murs sont blanc cassés, rouge et gris, ce qui permet de ne pas se croire dans un hôpital sans vie ce qui était le cas dans mon ancien lycée à Lyon. Ça donnait pas du tout envie d'aller bosser et ça n'aurait pas été du luxe à huit heures du matin.
Des centaines d'étudiants déambulent dans le grand hall. Ils ont tous l'air sûr de savoir où il vont, moi je ne sais même pas où se trouve mon amphi alors que mon cour de socio commence dans cinq minutes. Je jette un coup d'œil rapide au plan qui trône au milieu du hall.

Section 3, socio, amphi Binet, batiment principal, quatrième étage.

Quatrième étage ? Je vais devoir monter des dizaines et des dizaines de marches... À pieds ? Ma journée commence bien...

Ça ne pourrait pas être plus clair. Je me dirige alors vers ce fameux amphi en essayant de ne pas me perdre. Le temps continue d'avancer, j'accélère le pas. Je ne veux pas arriver en retard à mon tout premier cour ici.
Quand j'arrive enfin devant la porte toute essoufflée, j'ai l'impression que mes poumons son en feu et que mon cœur va exploser dans ma poitrine. Un surveillant me demande ma carte d'étudiante, ou au passage ma tête est à faire peur, puis me laisse entrer.

C'est grand. Très grand. À croire qu'à Paris tout est démesuré... Un nouveau dilemme s'impose à moi : "où me mettre."

Sachant qu'une grande partie des étudiants sont déjà présents je ne veux pas me faire remarquer en me plaçant au premier rang, j'opte alors pour le fond de l'amphi à droite.
J'ai l'impression que pas grand monde se connaît. Tous ses gens sont concentrés sur leurs polys de cour et de TD sans se soucier de leurs voisins. Puis un petit groupe de fille entrent à leur tour, il est mené par une blonde platine, grande, au forme généreuse, une femme sûre d'elle au sac Chanel. Le stéréotype parfait de la pimbêche parisienne...

- T'inquiète, tu vas t'y faire, entendis-je à ma droite.

Je me tourne et découvre un petit bout de femme brune aux yeux noire d'une profondeur étonnante.

- Excuse moi ? Dis-je avec un sourire polie.

- Au clan des petasses, tu vas t'y faire. Moi c'est Flora.

- Élise, mais tout le monde m'appelle Éli.

- Tu étais dans quel lycée ?

Je m'apprête à lui dire que je viens de quitter Lyon quand le prof fait son entré et commence son cour sans plus attendre. Je ne sais pas comment ni pourquoi mais on sait l'une comme l'autre qu'on s'entendra très bien toutes les deux.
J'essaie de rester concentrer sur les chiffres énoncés par ce prof âgé et bedonnant. J'écris, encore et encore, sans vraiment comprendre de quoi l'on parle. Cet homme a une voix éteinte, sans envie. On a l'impression qu'il ne fait que réciter un texte apprit par cœur...
J'entends le souffle exaspéré de Flora à mes côtés.

- On va s'y faire, dis-je en esquissant un sourire complice.

- J'espère parce que là je suis à la limite du coma, chuchote-t-elle en essayant de ne pas exploser de rire.

Je me replonge dans mon cour quand un claquement de porte raisonne dans l'amphi.

Pourquoi toi ? (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant