CHAPITRE 6

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A la cafétéria je retrouve Julien qui visiblement m'attendait de pied ferme.

- Alors ta première matinée ici ?

Mon esprit fonctionne encore embrumé par l'épisode "ascenseur".

- Ça va, j'ai réussi à ne pas me perdre dans les couloirs et j'ai même fait connaissance avec une fille sympa, qui ne devrait pas tarder...

J'élude consciemment la partie où je n'ai rien suivi en cour et aussi celle ou j'ai carrément allumé un inconnu dans l'ascenseur... Mais bordel qu'est ce qu'il m'a prit de lui répondre un truc pareil ?! J'aurai du me taire, rester dans mon coin le laisser mettre à nu la moindre de mes pensées, mais je n'aurais pas dû lui balancer une telle phrase...

- Et toi ton premier jour ? je demande à mon ami pour m'éviter de penser.

- Rien d'exceptionnel... De la chimie, de la biochimie et encore de la chimie...

Ses yeux se pausent quelque part derrière moi. Son regard devient froid, sévère. Il a l'air autoritaire, je ne l'ai jamais vu avec une telle expression sur le visage.

- Qu'est ce qu'il se passe Julien ?

Je me retourne sans rien voir de particulier, seulement une ombre quitter la cafète. Je sens mon ami qui essaie de reprendre contenance.

- Rien, rien ...

- Ju' je te connais par coeur, je vois bien que quelque chose ne va pas...

- Je te jure que tout va bien Élise.

Définition dans sa voix : Je ne veux pas t'en parler. Cette définition est d'autant plus sûre qu'il a utilisé mon prénom pour me nommer. Je déteste ça, et il le sait. C'est trop sérieux, j'ai l'impression de me faire engueuler, je me sens coupable à chaque fois.
C'est bizarre, il ne m'a jamais rien caché... Il finira bien par m'expliquer, quand il le voudra, enfin je l'espère. Moi je lui dit tout, il connaît le moindre détail de ma vie, et même mes histoires avec les mecs, je ne vois aucune raison qui le pousserai à ne pas en faire de-même.

- Éli ! Scande une voix féminine en s'approchant de moi, me sortant de mes pensées.

- Flora ! Viens t'asseoir avec nous, je propose à mon tour. Flora je te présente Julien mon meilleur ami, Ju' Flora...

- Sa futur meilleure amie, lance-t-elle fièrement avant d'éclater de rire et de m'entraîner avec elle dans son délire.

Ne me demandez pas pourquoi mais je crois que oui, on va finir par être très proche l'une de l'autre. Vous savez quand vous rencontrez une personne et qu'il y a tout de suite le feeling entre vous, que vous vous comprenez sans avoir prononcé un mot, voilà ce qu'il se passe entre Flora, cette fille inconnue il y a encore quatre heures, et moi.
Nous passons le reste du déjeuner à nous raconter nos vies et à espérer que les sandwichs auront l'air un peu moins infects demain.

***

Les journées se suivent et se ressemblent. Ma routine de parisienne commence doucement à s'installer, metro, cinéma, boutiques, Starbucks...

Ah non, non enfaite, pas du tout. Ça s'est, d'après Flora, le quotidien des pimbêches de notre section. Les miennes se résument à prendre mon thé, allez à la fac, bosser, réviser à la BU, rentrer à la maison, appeler ma mère, dormir. Rien de très passionnant, et ça fait deux semaines que cela dure.

Ces quatre filles sont tout le temps ensemble. Elles ne se quittent jamais. Elles arrivent ensemble, puis repartent ensembles, toujours guidées par la grande blonde, la plus mince, la plus jolie, la plus sexy, un vrai stéréotypes à elle toute seule... Apparement ce mannequin grandeur nature se prénomme Candice. Je ne la connais pas plus que cela, mais c'est physique, moins je la vois, mieux je me porte.

Mais je dois bien vous avouer qu'il y en a un, qui obsède mes pensées jours et nuits. Nathan et ses grands yeux noirs... Ça fait deux semaines, deux longues semaines que je pense tout le temps à lui, à son torse contre mon dos dans cet ascenseur...

La semaine qui a suivit le même rituel se répétait tous les jours. Je suis assise à côté de Flora, cet homme arrive peu avant le début du cour et se place derrière moi. Il me lance un "bonjour" de sa voix hyper sensuelle dans le creux de l'oreille, ce qui me fait immédiatement frissonner. Puis parfois pendant le cour je sens la pointe de son crayon effleurer une ou deux mèches de mes cheveux. Il me test. Je le sais puisqu'a chaque fin de cour, il descend les marches de l'amphi, se retourne vers moi me regarde dans les yeux et me lance l'un de ses sourires sexy... Ce qui, je ne vais pas vous mentir, me fait fondre littéralement. Et qui fait bien rire mon amie.

Mais depuis une semaine, il n'est plus la, je ne le vois plus, ni en cour ni ailleurs dans la fac. Je ne pensais pas dire ça un jour mais ce petit manège qui me rend dingue me manque.

Cet homme avec qui je n'ai pas échangé plus de dix mots me manque...

- Allez viens, on va s'éclater ! Lance Julien en me sortant de mes pensées.

Nous sommes vendredi soir et ça fait maintenant plus d'une heure que Julien essaie de me convaincre d'aller à une soirée avec lui. Une heure où je ne cesse de lui dire "non". Pour moi "vendredi soir" rime avec le dernier épisode de Grey's anatomy, ou n'importe quelle autre série, au choix, et un bon livre entre les mains.

- Non, je ne veux pas y aller, la dernière fois que j'ai voulu me rendre à une fête, ça c'est fini avec trois jours de coma. Alors merci, mais non merci.

Bon d'accord, ça n'a pas trop de rapport, et très franchement ce n'est pas cette agression qui m'empêche d'aller à la soirée mais quand même, je n'ai pas envie de me retrouver quelque part bercée par la douce musique electro entourée d'étudiants dont les trois quarts seront trop bourrés pour se souvenir de quoi que se soit demain matin.

J'espère que la carte "coma" va permettre à Ju' lâcher l'affaire et d'enfin me laisser tranquille. Mais c'est tout le contraire qu'il se passe. Il prend ses grands yeux compatissants et implorants. Il s'approche de moi, me force à me lever puis me prend dans ses bras... Pourquoi ?

- S'il te plaît, s'il te plaît, s'il te plait...

Ça voix grave faussement triste répète ces mots une bonne vingtaine de fois. J'essaie de me dégager de son étreinte mais rien y fait. Ce mec a un don pour rendre une situation insupportable ! Je prends une grande inspiration avant de céder.

- Bon, ok, laisse moi me changer et on y va.

Julien me lâche enfin et sautille dans tout l'appartement comme un gamin qui découvre ses cadeaux au pied du sapin le matin de noël.

Pourquoi toi ? (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant