Je marche à coté d'elle dans les grandes rues de Californie, illuminées de tout les cotés. Je regarde autour de moi, un peu perdu dans la grandeur de la ville et le regard enfantin avec lequel j'y apporte de l'attention fait sourire Aurose mais je l'ignore. Au bout de quelques minutes de marche, nous atteignons le coin de la ville sombre et je me sens un peu déçu. Je sens son regard sur moi alors je la regarde. Quand mon regard croise le sien, elle détourne vivement le regard en arborant un sourire en coin. Je fronce les sourcils et fixe droit devant moi.
-Pourquoi t'a voulu rentrer si tôt ?
Je brise le silence parce que la curiosité me rongeait à l'intérieur. Elle hausse les épaules et soupire.
-Rien, t'en fais pas.
-Raconte moi.
Mon ton est plus dur que je le voudrais, mais j'ai encore une migraine qui me tape dans la tête et ça joue sur mes nerfs.
-J'ai rien à te dire. Dit-elle d'une petite voix.
-T'es tellement versatile comme meuf, c'est dingue.
Elle fronce les sourcils.
-C'est quoi ton problème ? Je suis pas obligé de te raconter ce qu'il se passe dans ma vie, je te connais à peine. Dit-elle en haussant le ton.
-Oh moi je t'ai bien cerné, la petite bourgeoise qui veut passer son temps à rire et à faire comme si tout allait bien en affichant un sourire de contre façon, alors que le soir elle le retire pour redevenir la petite fille triste qui est en elle.
Elle plonge son regard dans le mien. Ses yeux se mouillent et son regard jongle entre mes deux yeux. Je ne baisse pas les yeux, j'assume ce que je dis, parce que je le pense. Et c'est en voyant son expression que je me rend compte que finalement c'est vrai, l'alcool amène la vérité. Je lui ai dit ce que je pensais d'elle au fond de moi mais simplement parce que c'est comme ça que je la vois.
-T'es fragile mais tu veux paraître forte.
-Ferme là, merde.
Son ton me serre le coeur. J'écarquille les yeux et la regarde. Son regard noir me glace le sang mais je ressens une once de satisfaction. Je souris doucement et marche derrière elle vu qu'elle a accéléré le rythme. Nous arrivons à la villa et elle monte directement dans sa chambre sans rien me dire. Je lève les yeux au ciel devant sa réaction infantile lorsqu'elle claque la porte de sa chambre pour me montrer son énervement. Je la suit et ouvre la porte sans toquer. Elle se retourne vivement et me fusille du regard. Je me jette sur son lit et la regarde en affichant un petit sourire narquois. Elle me fixe, debout comme un piquet et se pince les lèvres.
-Aurose, parle moi.
-Qu'est-ce que tu veux que je te dise ?
-Ce que tu veux, tant que tu me parles.
Elle souffle et roule des yeux avant de se diriger sur son balcon. Je l'observe sortir une cigarette de son paquet et la placer entre les lèvres d'un geste machinal. Elle aspire cette fumée destructrice et je ressens qu'elle en est satisfaite, que ça lui procure un bien être recherché. Je plisse le regard et continue de la fixer intensément.
-Arrête de me regarder comme ça, t'es flippant.
Je souris doucement et soupire en détournant le regard, gêné.
-T'es étrange comme fille, je t'aime bien.
Je la regarde à nouveau, pour tenter de desceller une quelconque expression sur son visage. Après quelques secondes de lutte acharné et des duels de regards, j'arrive à lui arracher un sourire. Elle détourne le regard et se pince les lèvres pour s'en empêcher mais je l'ai déjà remarqué. Elle a l'air de cogiter, de réfléchir à de centaines de choses en même temps, ce qui expliquerait le plis qui s'est formé entre ses sourcils. Je fixe les traits de son visage angélique, et je me demande à quoi elle peut bien penser pour que ça la rende névrosé comme ça. Je fronce les sourcils et me lève pour la rejoindre sur le balcon dans un long soupire. Elle tourne sa tête vers moi et recrache l'opaque fumée dans ma direction.
