Je n'ai pas dormi de la nuit. Par contre j'ai écris et j'ai réussi à plus ou moins extérioriser mes pensées. Je me suis rendu compte, après des heures de fermentation d'idées dans mon esprit, que je voulais tenter quelque chose avec Aurose. Quoi, je ne sais pas. Mais je veux tenter de l'aimer. Qu'est-ce que j'ai à perdre ? Rien qu'elle. Qu'est-ce que j'ai à y gagner ? Elle. Je soupire et me lève du lit pour aller dans la salle de bain. Je me penche au dessus du lavabo et avant de me jeter de l'eau froide au visage pour tenter d'effacer mes cernes, je me dis qu'aujourd'hui doit être le début de notre "relation". Le jet d'eau réveille ma peau endormie. Tant mieux, je ne sais pas comment j'aurais pu faire pour paraître moins perturbé. Je soupire et enfile des vêtements de sports avant de descendre. Je bois un grand verre d'eau et sors de la villa. Je marche jusqu'à la porte quand je me fais interpeller.
-Ken !
Je me retourne en entendant le voix d'Aurose.
-Tu vas où ? Demande-t-elle, sa tasse de café à la main.
-Je pensais aller courir un peu.
-Ça te dérange si je t'accompagne ?
J'hausse les épaules et passe ma main dans mes cheveux. Je voulais me retrouver seul, et m'user jusqu'à ce que je n'en puisse plus.
-Promis, j'irais doucement cette fois. Dit-elle, un petit sourire au coin de ses lèvres rosées.
Elle fait allusion à la première fois où on est allez courir, où elle m'a épuisé. Je souris.
-Viens. Dis-je en faisant un signe de tête.
Elle sourit, l'air heureuse puis monte rapidement se changer. Je m'assois sur une chaise et soupire. Elle est toujours là, quand je le veux, quand je le veux pas. Elle est quand même là. C'est comme si elle lisait dans mes pensées et quand elle voit que je doute, me tend un piège dans lequel je tombe sans réfléchir. Je l'entend arriver alors je me lève. Elle me sourit et je prend le temps de la regarder attentivement. Elle porte un jogging gris foncé, une brassière noir laissant apparaître son piercing au nombril et elle a attaché ses cheveux en une longue queue de cheval. Je souris en coin et la suit jusqu'au portail.
-On va de quel coté ? Demande-t-elle.
-On cours jusqu'à la colline, puis on revient.
Elle hoche la tête et je commence à courir. Arrivés sur la colline, je m'arrête, essoufflé tandis qu'elle s'avance jusqu'au bord de la falaise pour admirer la vue. Je la regarde et souris, avant de la rejoindre.
-J'ai beaucoup réfléchir hier soir. Dis-je en m'asseyant par terre. Elle fronce les sourcils et fait de même.
-Ah bon, à propos de quoi ?
Je me pince les lèvres et soupire.
-De tout, de toi, de moi, de ma vie en général.
Elle hoche la tête et son regard m'induit à continuer de parler.
-J'ai couru de l'est à l'ouest, du nord au sud et je crois que j'ai tout vu. Maintenant tout ce que je veux, c'est me reposer avec quelqu'un auprès de moi.
Elle sourit et détourne le regard.
-Je sais que l'engagement ça te fait peur, mais moi j'ai besoin de stabilité, tu comprends ?
Elle hoche la tête et me regarde dans les yeux pendant quelques secondes.
-Je vais essayer d'être celle que tu veux.
-C'est toi que je veux.
J'observe ses joues rosirent alors qu'elle pose sa tête sur mon épaule. Ce ne sont pas des paroles en l'air pour une fois, je crois que je viens d'entamer la chose qui m'a fait fuir l'amour depuis toujours, l'engagement. Je souris intérieurement en m'imaginant avec elle dans quelques années, vivant à L.A et moi, enfin heureux.
-Je pensais pas aimer un jour, et toi t'es arrivé. T'as tout bouleversé.
Elle se redresse et dépose un baiser sur mes lèvres, ce qui me coupe momentanément la respiration. Entre le moment où elle a levé la tête de mon épaule, c'est le moment où elle s'est détaché de moi. Ça aurait pu passé pour un geste d'affection, ce baiser, mais ça n'en n'était pas un. J'ai appris à lire entre les lignes. J'ai remarqué cette petite moue qui a duré à peine une seconde sur son visage quand j'ai dit que je l'aimait. Elle pensait pouvoir noyer le poisson en m'embrassant, pensant que ça cacherait son doute. Malgré tout ce que j'ai pu lui dire, elle a toujours ce fil qui l'a maintient dans le doute en permanence, qui lui fait rappeler qu'aimer n'est pas quelque chose de bien. Je vais changer ça, je me le suis promis. Il me reste une semaine. Une semaine pour lui montrer que c'est possible, qu'elle peut aimer librement.
-Ken, qu'est-ce qu'il en adviendra de nous quand tu partiras ?
Elle me sort de mes pensées. Je fronce les sourcils et j'ai beau cherché, je ne trouve pas de réponse à sa question.
-Je ne sais pas.
-Je ne veux pas souffrir.
-Tu ne souffriras pas.
-T'en sais rien. Dit-elle froidement.
Je l'attrape par les épaules et la tire vers moi.
-Pense pas à ça, il nous reste du temps.
Elle hoche la tête mais je sais pertinemment que ça ne quitteras pas son esprit jusqu'à ce qu'elle ai la réponse qu'elle attend.
Après un petit moment à ne rien dire, à simplement contempler la ville, nous sommes rentrés, en marchant cette fois. J'ai pris une douche puis je suis allé m'asseoir au fond du jardin pour écrire un peu, mettre des mots sur les idées qui me traversent l'esprit. Après un long moment, je l'entends marcher vers moi. Je lève le regard vers elle, elle est vêtue d'une longue robe blanche, réfléchissant avec son sourire. Elle s'assoit en face de moi et me regarde écrire, ne prononçant aucun mot pour ne pas me déstabiliser mais rien que sa présence me déstabilise. Je sens son regard sur moi, j'essaie de paraître concentré, mais la vérité c'est que je ne pense plus qu'à elle. Mes écrits ne parlent que d'elle depuis toujours et ce, depuis que je l'ai rencontré. Elle finit par se coucher dans l'herbe et ferme les yeux. J'en profite pour la regarder, photographier les moindres détails de sa peau brûlante du soleil, ses longs cils bruns contrastant avec ses tâches de rousseurs. Je sais qu'elle ne les aime pas, et pourtant moi je les adore. Elle sourit et ouvre un oeil pour me regarder avant de rire. Je ris aussi et pense, que j'aimerais pouvoir la contempler ainsi toute ma vie. Qu'elle reste aussi sobre et simple, que jamais elle ne change. Je me couche à coté d'elle, et mon regard plongé dans le sien, je frôle sa main de la mienne. Mon regard jongle involontairement entre ses yeux et sa bouche. J'aimerais l'embrasser, mais soudainement, elle me paraît inaccessible.
-T'es si belle.
Mes paroles s'envolent avec le vent et elle me sourit.