L'amour ne suffit parfois pas pour combattre la misère. Quelquefois implacable et hors la loi, elle peut être tragique, atroce, mais très souvent, quand deux êtres s'aiment, elle reste spirituelle.
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Je regarde la piqure traverser sa peau, s'enfoncer dans son bras. Mon médecin lui administre une dose de calmant, un mélange à endormir un bovin. Son assoupissement fait pitié.
— Elle devrait être tranquille pendant quelques heures.
Mon être tout entier avait enfin ressenti un sentiment de plénitude. Mon cœur était inondé de joie lorsqu'elle s'est mise à crier mon nom, faisant sauter ces lames de couteau aiguisées plantées depuis bien trop longtemps dans ma chair. Mais sans crier gare, il s'est désagrégé au moment où elle s'est écroulée. Elle se souvenait de tout. De vraiment tout. De moi, aussi de l'autre.
Elle n'arrivait plus à acquérir ce souffle qui lui manquait tant. Elle ne possédait que souffrance, tristesse et humiliation. Toutefois, elle peut être fière d'avoir vaincu une si grande peine, un si grand déshonneur. Elle n'a jamais ployé les genoux, résolue à soulager ses maux.
J'ai apporté de la joie dans son ciel, je l'ai aidé à déployer ses ailes ; mais je ne peux pas résister à la violence qui l'a obligé à souffrir. Mes propres sentiments ne le supportent pas. Ils m'ordonnent même au crime.
Par quelle autorité peut-on commettre ce péché ? De souffrir autant chez soi ? Comment a-t-elle pu endurer sans parler ? Supporter une telle douleur ?
Sans remords, mon penchant amoureux serre son corps apaisé, sa respiration ralentie. On peut y contempler le reflet de la sérénité alors que l'orage accable chaque cellule de mon être. J'en viens même à manquer d'air.
Mon adversaire, en triomphe, a montré que sa propre supériorité pouvait tout briser. Qu'à chaque contrée, je serai la risée. Mais je suis aussi cet homme qui a de grands sentiments et qui ne s'égare pas. Rien ne me fera dévier de ma droiture, de ma volonté, de mon amour pour elle.
Et je jure devant dieu de la chérir de toute mon âme.
