Lysa - 18 -

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J'aurais préféré que mon horloge biologique dérègle le rythme de mon organisme. Qu'elle emporte mon imaginaire plutôt que de m'arracher au sommeil. Cela m'aurait évité d'affronter ce regard touché de remords, cette masse harassée, blafarde assise sur le fauteuil dans le renfoncement de la chambre.

Ethan dévore mon visage, examine chaque difficulté pour mieux les résoudre, se soumet à la loi du silence. Il réfléchit, parle à soi.

Une simple liaison nous rapproche que seul l'un de nous peut briser. Il suffirait que mon regard se détourne, que mon être le repousse, mais est-ce vraiment ce que mon cœur désire lorsque l'on a le bonheur d'aimer ? Que l'on ne veut plus ressentir le néant, l'absence, le manque planté si profond dans son corps.

Seulement, il va bientôt falloir déterminer les raisons de cette bizarrerie que nous vivons, qui nous assomme. Chercher à comprendre ce qui me dispense à cette vengeance divine.

L'amour exige des sacrifices. Incontestablement afin de retrouver la paix face à cette tristesse majestueuse.

Je n'ai pas honte d'admirer l'homme malheureux qui m'a offensé. J'en ressens même un plaisir incroyable dans ce vide intérieur.

Ethan a encaissé les coups, les plus cruelles lorsque j'étais réfugié dans mon égoïsme, que j'ai multiplié les erreurs, capable de tout. Dans ce cas, pourquoi, dois-je toujours supposer être la seule à souffrir ? Parce que je ne suis pas la petite princesse qui perd son royaume ! Je suis celle pour qui une horde de soldats s'est battue pour la remettre en liberté ! Et un courageux, un meneur d'hommes, j'en aperçois qu'un dans la tempête.

Je me redresse contre la tête de lit, relève les couvertures sur ma poitrine, cale quelques coussins dans mon dos. Ethan lève le visage vers le ciel, expire l'imperfection de ses actes.

— Lysa...

Son regard persiste à fixer le plafond, au bord des larmes. Ses doigts tirent d'une manière nerveuse sur la couture du Voltaire.

— Ne dis plus rien.

Sa mine déconfite se baisse, les yeux noyés par les pleurs qui dévalent sur ses joues.

— J'ai mal...

Son poing se ferme sur sa poitrine comme s'il serrait son cœur douloureux.

— Le pardon d'une façon ou d'une autre fait partie de la vie. Et malgré ce que j'ai pu penser, ce que j'ai pu te dire, je t'aime... à l'infini et bien au-delà.

Ethan se traîne, s'immobilise en considérant une distance qui lui semble respectable. Mais j'ai besoin de combler le néant qui sévit dans ma cage thoracique, alors j'avance la paume pour reformer ce lien éternel qui nous unit.

Dans un torrent de souffrance, ses genoux plient, son corps s'échappe quand je prononce les mots, les plus importants, rassemble nos âmes en une seule chair.

Sans résistance, je tombe à ses pieds pour le même motif, désirant devenir qu'une unité.

Ses mains tremblantes saisissent mon visage si fort que ses doigts se crispent, tirant un peu sur mes boucles de cheveux.

— Regarde-moi dans les yeux. Je veux voir à quel point, tu m'aimes.

— On pourra repartir sur de bonnes bases que si nous discutons de ce qu'il s'est passé.

— Je mettrais en pièce tous les secrets. Je te promets. Plus de mensonges, plus de trahisons.

Je me lance, illico presto. J'ai besoin d'explication pour assouvir ma soif de questions sans réponses.

L'envie d'aimer - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant