Ethan -39 -

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Imbécile !

S'est-il au moins entendu parler ?

Son jargon vulgaire manquait de galanterie. Sans secrets ni prétention, son inconscience a dévoilé les tombeaux, fait flétrir toutes les illusions de Lysa.

Les représentations n'ont pas été inventées. Elles étaient si bien superposées, d'une excellence venant de la bouche de mon meilleur ami que j'ai failli en mourir.

Ma femme n'a pas bouché ses oreilles ni fermé ses sens à l'entente du mot : danseuse de cabaret. Une image gravée, laide comme un démon s'est glissée dans ses soupirs exaspérés, a enténébré ma fidélité.

Bien qu'Aaron ait été précis, choquant, cette dernière reste immobile pour l'éternité. Elle se tait, passive dans ce contexte extrêmement délicat.

Ma soirée d'enterrement de jeune homme a déjà péri dans ma tête, pas dans celle qui ne conçoit son monde qu'autour de moi.

J'ai toujours été transparent, égal à moi-même, sculptant notre avenir dans un bloc précieux. Je l'ai toujours aimé humblement, fidèlement, dans la profondeur de mon âme. Je lui ai toujours fourni ce point d'équilibre, tiré de cette vie monotone, déserte, pour la rendre idéale, épanouie. Jusqu'à ce qu'Aaron rassemble les nuages.

Planqué dans les toilettes avec une fille ?

Foudre, tempête, les yeux noirs de ma femme détruisent tout. Je m'empresse d'expulser ce barbare à l'autre bout de la salle et me bats contre les orages.

— Ne le crois pas. Je t'assure, je te promets ne pas avoir touché cette fille. Elle m'a suivi et...

— Et comme par enchantement, a réussi à s'enfermer dans cet espace avec toi sans t'en apercevoir. Très étrange, tu ne trouves pas ?

Aaron, tu es un homme mort ! La prochaine fois que tu ouvriras ta gueule, tu vas le regretter, enfoiré !

— Viens avec moi.

Ma main délicate calée sur sa chute de reins, nous voilà à nous faufiler à travers les invités pour l'emmener à l'autre bout du château sans aucune marque de révolte, c'est que ça va barder pour mon matricule. Comme le calme avant la tempête, elle se met en sous-marin pour mieux attaquer.

Une fois la porte en bois refermée dans cette chambre précise, je m'explique. Elle m'écoute avec attention, les mains posées sur ses hanches, tout en me fusillant du regard.

— Je te jure mon ange que je ne l'ai pas touché. Il ne s'est rien passé. Quand elle a glissé ses doigts dans mon pantalon, la petite lumière s'est mise à scintiller juste au-dessus de ma tête, mimé-je un éclat, et je me suis dit : tu es sacrément dans la merde, mon gars. Alors, je lui ai seulement rétorqué que ma future femme faisait les meilleures pipes au monde et je me suis cassé.

— Et moi, je t'assure avoir une énorme envie de te castrer, là, tout de suite... Je ne sais pas ce qui me retient, d'ailleurs.

— J'étais ivre, mais j'avais les idées claires.

— Au point d'avoir la tirelire en palissandre ? Non, mais, tu te fous de moi, Niels ?

— Croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer.

Pour renforcer ma parole, je crache au sol avant de l'approcher de moi en prenant soin de ne pas trop presser sur son beau ventre rond. J'ai envie de la sentir comme d'évacuer le stress accumulé de ces derniers jours.

L'envie d'aimer - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant