L'envie d'aimer - Tome 2

Lysa - 41 -

Tenir sa promesse ? Je me suis entrainée à la maison, créé un rituel toute la semaine pour me préparer. Je ne peux pas me désister, si ?

Un magazine de parentalité expliquait ce qui pouvait provoquer la peur de l'abandon chez un bébé et que faire pour le calmer et le rassurer. En serais-je devenu un ? Car c'est moi qui angoisse de la séparation ! Mon développement maternel souffre rien qu'à devoir quitter cette pièce gigantesque.

Et s'il pleure après notre départ, serait-ce catastrophique ? On ne peut tout de même pas s'en aller dans la foulée sans garantir de son bien-être ?

Je vais tenter de parler à Julie pour l'en dissuader.

— Tu es sûre de pouvoir t'en sortir ?

Détournée vers James, niché dans sa nacelle posée au centre de la table du salon, ma meilleure amie me répond d'une voix gâteuse :

— Je l'ai gardé des milliers de fois, le petit cœur à sa marraine.

— Peut-être, mais jamais une nuit complète. Tu vas devoir te lever dès qu'il pleure. Devoir le changer au beau milieu de...

— Dégage, tu commences à m'énerver, râle-t-elle. Allez, oust ! Zou ! Profitez de vos retrouvailles, baisez un max, mais cassez-vous bande de nympho super-angoissés.

— Je ne suis pas angoissée. C'est juste que...

— Arrêtez de vous crêper le chignon, les filles, intervient Aaron en faisant irruption dans la salle à manger avec Ethan. On vous entend râler à l'autre bout de la ville.
— Tout va bien se passer, laisse les gérer.

Un murmure au creux de l'oreille, mes entrailles crépitent à la seconde où les bras enlaçants de mon jeune mari m'enserrent. Ses lèvres me déposent un tendre baiser au creux de la nuque, ce qui me détend aussitôt.

— Aaron sera aussi présent, tu peux lui faire confiance.

— Me prendrais-tu pour une empotée, Niels ?

Julie attrape la peluche de James dans son berceau et la balance en plein la figure d'Ethan.

— Voilà ! Maintenant, il grouille de microbes, il va falloir le laver.

Je la ramasse, la secoue vivement et la fourre au fond de mon sac. Julie, agacée, lève les yeux au ciel.

— Je vais te montrer son nécessaire.

Je saisis le sac à langer sur la table et le tire jusqu'à moi. Je retire les attaches qui servent de fermeture, le dézippe, puis commence à sortir son linge propre en les étalant avec soin.

— Je lui ai déjà donné son bain, nettoyé ses yeux, son nez, ses oreilles. Ah ! Et puis, ça aussi, dis-je en lui présentant un cahier. Je t'ai noté quelques consignes à respecter.

Elle le prend, le parcours du regard en le feuilletant assez rapidement, ses mirettes écarquillées de surprise tandis que je continue à déballer son nécessaire de toilette. Je préfère assurer mes arrières pour qu'il ne manque de rien, qu'il ne soit pas perturbé du changement de domicile, même si plusieurs fois, il a dormi dans la chambre qu'elle et Aaron ont aménagée lors de mes visites. Ce qui est vraiment adorable de leur part, cependant, une nuit, ce n'est pas quelques heures par-ci, par-là.

Un trou béant se creuse dans ma poitrine au fur et à mesure. Déjà, sans même être partie, je suis impatiente de le récupérer pour serrer son corps potelé dans mes bras. Mais, je sais aussi qu'Ethan et moi avons besoin de nous retrouver. De rétablir cette connexion quelque peu rompue depuis la naissance de James. Depuis qu'il n'a pas posé les mains sur moi, parce que nous étions bien trop occupés à materner ce petit bout qui nous prend beaucoup de temps, en plus du cumul de sa charge de travail. Nous avons perdu notre libido, épuisés par des nuits écourtées ou sans sommeil.