Sa mère l'assomme par ses sanglots étouffants. Ethan se sent honteux d'écouter leur dureté, son cœur usé pleurer. Il a écarté sa nature humaine pour partir droit vers une révolution, sans pitié à la douleur.
Pour sortir de cet abîme, de cet océan noir, il va devoir briser la glace.
Aux pleurs insupportables, je file m'enfermer dans notre chambre. Moment propice pour leur laisser gérer cette situation de crise, troublant nos liens depuis des mois.
Cette femme subsiste depuis l'arrestation de Kate. Elle la soutient, attaque même une vérité fondée sans tromperie.
Pas préparé à cet acte malheureux, son cœur endurci, pauvre, vit attaché à leur ancienne liaison. Elle se nourrit de la colère, sans mansuétude face à celle faisant de son fils son soi-disant esclave.
Est-ce louable de me traiter de la sorte ? Sans amour.
Mon cerveau avait bien intégré la souffrance, le déplaisir que son divorce causerait. Aussi, je supposais rencontrer une douleur atténuée, une future relation non pillée.
Laura devrait saisir depuis le temps qu'Ethan est planté au plus profond de ma chair. Pas prêt à en sortir.
Froide comme glace, je dois reconnaitre me sentir impuissante, altérée par son opinion. Elle m'a jeté dans la profondeur de ses pensées sans trop grande délicatesse. Une finesse mortelle, peu flatteuse venue de la bouche d'un tyran domestique.
Mon toit familial est devenu un cachot sanglant, souillé d'injustice.
Acharnée, déchaînée, les conséquences ont été instantes, la suite bien connue. Il faudrait prier un miracle pour que ces deux prochains jours ne se transforment pas en empire des ténèbres.
- Je ne pouvais pas la laisser continuer à te rabaisser comme elle l'a fait ni te rendre responsable de mes échecs. Malgré mes réticences, j'ai repoussé l'idée une multitude de fois de parler de ton ancienne vie, mais à ce stade critique, je me devais de le faire.
Mon rocher vient dans mon dos à petits pas, passe simplement ses bras douillets autour de moi. Le poil court d'Oups se frotte contre ma jambe, s'affale sur son tapis duveteux au pied du lit.
- Penses-tu avoir converti sa vanité en femme au grand cœur délicat ?
- Plus ou moins. Ma mère a toujours défendu les violences faites aux femmes, soutient même les associations agrées. L'effet recherché a été à la hauteur de ce que j'attendais.
- As-tu mendié son pardon ?
- Non, j'ai commandé son malheur, expulsé ses craintes.
- Quelle honte de devoir solliciter la bienveillance de notre amour en se servant de mon passé.
- Cela a créé une agitation, aussi une ouverture d'esprit. Elle sait maintenant que tu es tout pour moi, que j'ai mis du temps à t'apprivoiser, alors, je ne la laisserai plus jamais en douter.
- Tout va bien, Ethan. Contrainte de tolérer son intempérance, je mènerais une conduite vertueuse en gage de paix.
- Les circonstances ne sont pas ordinaires. Le départ de Mary la fait tellement souffrir...
Le poids de ses paroles m'humilie. Ethan a toujours servi mes caprices, répandu de la lumière sur ma vie. Seulement, les sentiments n'étaient pas justes. Mon orgueil m'a porté vers l'ignorance. La petite lui manque. C'est flagrant.
- L'absence d'un enfant est une sensation hors de ce monde que l'on ne peut expliquer. C'est une douleur stricte, monstrueuse, sans intervalles. Nous avons beau vivre dans la fortune, la noblesse ne nous rend pas si fiers.
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L'envie d'aimer - Tome 2
RomanceL'amour ne suffit parfois pas pour combattre la misère. Quelquefois implacable et hors la loi, elle peut être tragique, atroce, mais très souvent, quand deux êtres s'aiment, elle reste spirituelle.