L'envie d'aimer - Tome 2

Lysa - 44 -

Voilà, nous sommes presqu'à la fin des aventures d'Ethan et Lysa. Quelques atroces chapitres pour les quitter lentement, la seule façon de m'en séparer.

Bonne lecture à tous.

Presque 20 ans plus tard...

May, impatiente, tourne en rond dans la cuisine. Le temps passe, celui faisant raccourcir nos moments de bonheur ensemble.

— À quelle heure rentre papa ? On va encore être en retard à mon dernier match de la saison !

— Il ne va pas tarder, ma chérie. Ton père devrait arriver d'un instant à l'autre.

May est âgée aujourd'hui d'un peu plus de 19 ans. Aussi complice que les doigts de la main avec Ethan, je les appelle « les inséparables ». Pas un entraînement de football l'un sans l'autre, pas non plus sans un crêpage de chignon au sujet des fêtes, des garçons et leurs effets néfastes sur la santé mentale.

Mais à présent, notre vie qui pourtant était si paisible depuis nos noces, est totalement chamboulée du jour où nous avons appris qu'Ethan était malade. Je m'en souviens encore comme si c'était hier quand nous avons passé la porte du professeur qui retournait tranquillement s'asseoir sur son fauteuil derrière son bureau.

— Votre état ne s'est pas amélioré, monsieur Niels. C'est même en très nette régression.

Je jette un regard perdu à Ethan et au médecin qui trient sa pile de dossiers, puis à Ethan de nouveau. Mon mari se permet de tirer un siège et m'invite à y prendre place, non sans lancer une vision courroucée au Docteur d'avoir parlé trop vite.

Lorsque le praticien prend en main une chemise en carton d'où j'y aperçois inscrit en lettres majuscules son nom, prénom et la date d'ouverture au marqueur noir, je saisis.

— Pourquoi... ? Depuis tout ce temps...

Les mots se coincent dans ma gorge, s'y bloquent encore dans un écrin de douleur quand j'y repense. Pourquoi un tel mensonge ?

— Je ne voulais pas vous rendre inquiet, toi et les enfants. Je croyais avoir une fatigue passagère due à une surcharge de travail, mais ce n'est pas le cas.

— Plus d'un an Ethan que tu nous dissimules ta maladie... On est ta propre famille, non ? On va fêter nos dix-neuf ans d'union cette année, on a donné vie à de merveilleux enfants, pourquoi nous l'avoir caché ?

L'incompréhension est le chemin le plus facile à emprunter, pour autant, c'est le miroir qui reflète mon existence depuis cet instant. Manque de sens, manque d'ignorance, mon monde heureux s'effondre telle une structure sans charpente, tel un corps sans squelette.

Où ai-je donc failli ? Qu'ai-je laissé échapper pour que ma vie de famille s'écroule en si peu de mots ?

— Justement, je voulais vous préserver de cet enfer.

— On s'est promis de se soutenir pour le meilleur et pour le pire, tu te souviens ? J'aurais pu faire n'importe quoi, je ne sais pas. J'aurais tenté tout ce qui était en mon pouvoir pour t'aider par tous les moyens.

— Il n'y a rien qui puisse défier ce foutu cancer, Lysa. J'ai essayé toutes les méthodes, même testé celles qui sont encore en cours d'expérimentations.

— Non, ce n'est pas possible, il doit sans doute y avoir une solution !

— Je suis désolé...

— Qu'est-ce que l'on va devenir si tu nous quittes ? Nous ne sommes pas prêts... Et... et je n'en ai aucune envie ! Tu ne peux pas nous laisser tomber !