L'amour ne suffit parfois pas pour combattre la misère. Quelquefois implacable et hors la loi, elle peut être tragique, atroce, mais très souvent, quand deux êtres s'aiment, elle reste spirituelle.
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Lysa, mourante d'angoisse, se lève à répétition pour se dégourdir plutôt que de compter les clous de la porte dans ce lieu intranquille. Le corps raide comme un pieu, ses pas ne cessent d'arpenter ce long couloir à la décoration fanée.
Ma main la retient, mes bras l'enlacent. Sa tête repose contre ma poitrine, ses épaules s'affaissent d'impuissance. L'incertitude de la situation l'immerge dans une terreur ineffable.
La journée d'hier a réveillé ses ténèbres quand le nez plongé dans son ancienne déposition, elle s'est assuré de n'avoir rien oublié de préciser.
Son âme meurtrie s'est révoltée, glorifiée, a explosé ses lanternes. Son esprit balloté d'image en cauchemar, espère quant à lui, une paix heureuse, une haute délivrance pour l'angoisse endurée. C'était un moment intense, décisif. Usant en soi. Ses soupirs, son déplaisir ont consumé mes dernières forces. Lysa a obligé mes yeux à se baisser sous la difficulté. L'observer sombrer chaque minute me menait à l'hystérie, mais elle a persévéré, plongeant jusque dans la boue de ces affreux morceaux de papier.
— Il me faut un café. J'ai besoin d'un autre café.
— Tu ne devrais pas en boire autant.
— Ça m'aide à tenir.
Pendant son sommeil, et parce que je savais qu'elle ne pouvait se réveiller à cause de l'antipsychotique qui voyagerait encore des heures dans ses veines, j'ai laissé ma rage exploser dans mes lieux. Je voulais tuer cet assaillant, le détruire. Il ne peut pas avoir le droit de vivre en toute tranquillité en ayant néantisé son existence.
Ma traque sera sans relâche, il ne pourra plus m'échapper. Ce pourri est enfermé à l'intérieur de moi, où il reste prisonnier dans mon univers de haine.
Les trois détectives que j'ai engagés n'ont toujours aucune piste, toujours aucun indice. Depuis, j'ai comme l'impression qu'il s'est volatilisé, qu'il a quitté la terre. Il reste introuvable. Lysa n'a aucune connaissance de mes démarches, et jamais ne le saura.
Quand elle a repris connaissance, le lendemain où ses souvenirs étaient remontés à la surface, l'impuissance était insupportable à endurer. J'ai senti mon corps se mettre soudain sous pression tandis qu'elle relatait, un peu perdue, loin de la réalité. J'ai essayé de maîtriser mes nerfs contractés lorsque son cœur frappait dans sa poitrine comme s'il allait s'échapper. J'avais cette sensation d'étouffer, et autour de moi, tout me semblait mythique, je perdais contact avec le monde concret.
— Ethan... Ethan !
Sa voix nerveuse frappe ma transe.
— Je t'ai apporté un thé. Son apparence est vraiment étrange, mais je te laisse l'opportunité d'y goûter.
— Je pensais t'être plus utile que ça.
Lysa saisit mon ton cassé, tracassé. Aujourd'hui, comme depuis des jours, je n'ai pas la joie, je souffre de la vérité qu'elle va bientôt déballer tout comme celle qu'elle m'a épargnée. Je songe à son sort inhumain. Aux cruautés qu'il lui a fait vivre avec tant de haine.
