Wattpad fait des siennes. Pas moyens de publier correctement. Je vous poste au fur et à mesure les chapitres corrigés. Les autres seront mis en brouillon pour ne pas vous perturber.
Bonne lecture ;)
J'ai pris rendez-vous avec le directeur de l'hôpital pour lui faire part de mes intentions et obtenir son accord. Après lui avoir annoncé que je comptais faire livrer des appareils plus pointus provenant d'outre-Atlantique, ce dernier a rechigné. Ses prétextes étaient inconstants, espérant dresser des barricades à ma ténacité. J'ai émis alors une seconde option. Quel sourire assidu ne m'a-t-il pas adressé pendant le reste de l'entretien quand je lui ai annoncé qu'il pourrait les conserver après leur inutilité. De toute façon, je ne comptais pas les récupérer. Pas trop mon goût ces odeurs de désinfectant et de prison aseptisée.
Douze jours plus tard, la nouvelle technologie est enfin installée. Je remarque une fois de plus, qu'avec du fric, on peut tout obtenir. Parfois, sans effort.
Quelle facilité de me les procurer en proposant un prix bien plus conséquent et l'envoi direct à ma charge. Seulement là, tout n'est pas question d'argent, c'est une question de survie... Je veux qu'elle se réveille, qu'elle m'entende lui dire des milliers de fois, combien je l'aime. Je veux revoir ses yeux verts en forme d'amande et ses longs cils noirs balayer mon visage quand je la regarde. Je veux revoir ses pupilles se dilater et les frissons sur son corps quand mes mains la caressent. Je veux surtout, qu'elle me revienne, peu importe l'état dans lequel elle reprendra conscience, je serais toujours là.
*
* *
Il m'a fallu des jours, peut-être bien des semaines pour calmer cette rage qui brûlait en moi.
Dans cette chambre stérile du service de neurologie où Lysa a été transféré, ma main fait des allers-retours sur ses doigts sous le drap. Le crâne bandé, le tuyau qui l'aidait à respirer par le nez a été ôté. Les stigmates de son agression disparaissent de sa lèvre et sa joue.
Votre présence et votre soutien lui sont précieux.
Mon regard se pose sur ces nouveaux dispositifs connectés. Quand son cœur avait lâché, je suis resté tétanisé. Psychologiquement, je n'arrivais plus à décoller mes pieds scellés. Mon corps est resté figé, tous mes sens glacés face aux portes que l'on venait de me fermer au nez. Je ne me sentais plus vivant face au vacarme que j'entendais de l'autre côté.
Les soignants effectuent leur routine qu'ils répètent, fidèle, chaque jour. Ils lui parlent, la masse, stimule les zones. Il paraît que ces procédures offrent des points de repère au malade et met le cerveau en activité sans qu'il s'en rend compte.
Le professeur est satisfait des petits signes que Lysa a annoncé. Ce critère lui permet d'annoncer le stade de son proche réveil et a même diminué les sédatifs. Une véritable interaction s'est installée entre nous par le parlé et le touché. Cependant, elle a besoin de beaucoup de repos car on ne peut pas forcer les choses.
Encore aujourd'hui, l'impuissance me traîne vers mon tombeau, me met hors de moi de ne pouvoir contrôler la situation. J'aime la gestion tout comme le challenge. J'aime gérer mon entreprise d'une main de fer, me donner à fond dans les négociations pour arriver à mes fins. Seulement, face à elle, je suis désarmé, sans défense. Je n'ai rien à combattre, son silence a déjà tout gagné. Je n'ai plus que ma patience pour attaque, devant elle qui m'a emprisonné dans son monde. Le seul pacte que je mènerais avec elle, c'est de quitter cette obscurité lointaine pour me revenir. Pour rejoindre ce monde de lumière dans lequel je l'attends depuis des semaines.
Une boule de fureur au ventre, je remets en place le bijou en argent autour de son poignet, où y est inscrit : « même loin de moi, tu seras toujours là. » Impossible de ne pas la contempler sans ressasser son visage bleuté et enflé sous l'effet des coups. Ces inconnus ont touché à ce que j'aie de plus cher dans ma vie. Ils ont osé l'attaquer en voyant qu'elle était faible sans hésiter à cogner, qu'ils ont déclenché en moi une furie immonde qu'un lion en rage pourrait passer pour un agneau à côté.
Leur cou serré entre mes mains, mes doigts appuyés bien fort sur leur trachée, j'observerai leur respiration perdre le contact avec leurs poumons, diminuer, s'affaiblir, s'amenuir. Je savourerai à degrés les différentes couleurs de leur visage au fur et à mesure de leur décadence. Je me délecterai de voir leurs jambes trembler de peur, d'abandonner, de fléchir. Je fixerai leurs pupilles, droit dans les yeux pour voir ressortir leurs globes injectés de sang de leurs orbites en dégustant le dernier mouvement qu'ils feront avant de sceller les paupières. Et pour le putain de grand final, je sortirai la meilleure bouteille de champagne en regardant apparaître mes empreintes qui auront laissé de magnifiques traces violettes autour de leurs cous.
*
* *
Je relis les notes d'un professeur sur le web. Maintenant que les trois semaines de perte de conscience complète sont passées, je n'aspire plus qu'à son réveil. Elle paraît dormir, pourtant n'est pas réveillable. Cette longue période de coma indique quand même que les lésions sont vraisemblablement sévères. 30% de ces traumatismes crâniens ne survivent pas à leur blessure.
Impossible !
Je me décompose, pas d'humeur à digérer cette thèse. Grâce au pôle de neurosciences neurochirurgie et neuroradiologie, le patient bénéficie de traitements spécifiques discuté en détail par des spécialistes. Cet hôpital est impliqué dans la recherche clinique, c'est l'un des plus grand campus santé du Nord de l'Europe, sa survit devrait dépasser largement ces 30 maudits pourcentages !
Mon ipad pro ainsi que mon carnet de note à la main, je m'avance quand le neurochirurgien qui a prescrit l'examen de contrôle apparait dans la chambre et confirme ce que j'ai lu : Lysa ne gardera aucun souvenir de mon attitude durant sa période de coma. Chercher à l'aider à reprendre conscience plus rapidement ne changera rien aux futures séquelles. Notre histoire lui sera lointaine. Ce n'est pas pour autant que je m'abstiens de paroles apaisantes, de gestes réconfortants.
— L'électroencéphalogramme d'hier a enregistré l'arrivée d'ondes électriques dans son cerveau, c'est qu'elle est près de la phase d'éveil ?
— Vous avez dû sauter un chapitre dans vos recherches, monsieur Niels. L'activation du tronc cérébral ne veut pas dire reprise de la conscience.
— Développez.
— Disons que le disjoncteur est rétabli et non l'allumage des lampes.
— Ils déclarent aussi que c'est une période très courte. Combien de temps cela prend-t-il ?
— Je comprends que vous vous posez des questions angoissantes, mais l'émergement est plus long quand un coma dure.
— J'ai cru avoir vu bouger ses paupières, hier...
— Un investissement excessif peut conduire à l'épuisement, monsieur Niels. Faites donc une pause pour aller boire un café, cela vous permettra de retrouver un peu d'équilibre.
Un toc à la porte et l'infirmier entre dans la chambre pour une autre analyse.
— Docteur...
Son regard se porte par dessus mon épaule. Sur Lysa qui a les yeux grands ouverts au plafond.
Je n'arrive pas à y croire. J'ai prié si longtemps après tant de larmes. Je me suis heurté à la douleur, à la haine. A l'instant, j'ai l'impression de rêver cette contemplation, parcouru de longs frissons lorsque le professeur plonge une lumière écrasante dans le fond de sa pupille sanglante.
— Pourquoi ne répond-elle à aucune sollicitation ?
— Elle est en fin de coma. Laissons-la reprendre conscience tranquillement.
— Elle est réveillée définitivement ?
— Votre fiancée à seulement besoin d'être alimenté et réhydraté pour l'instant. Seuls fonctionnent ses viscères.
— Et pourquoi s'endort-elle de nouveau ?
— Lorsque sa conscience réactive répondra, que son état progressera, elle sortira de la phase sommeil-éveil. Vous devriez laisser votre fiancée reprendre son rythme.
VOUS LISEZ
L'envie d'aimer - Tome 2
RomanceL'amour ne suffit parfois pas pour combattre la misère. Quelquefois implacable et hors la loi, elle peut être tragique, atroce, mais très souvent, quand deux êtres s'aiment, elle reste spirituelle.