Chapitre 11-1

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Il allait être cinq heures du matin, et Amélia, la mère de Mallow était toujours au bloc opératoire. Aaron n'arrivait pas à dormir, voyant le pire dès qu'il fermait ses paupières. Charles était assis sur un siège, ne voulant pas les laisser seuls dans un moment pareil. Mallow s'était allongée sur les sièges, qui s'étaient vidés au fur et à mesure que les heures s'écoulaient et elle dormait, la tête posée sur les genoux de son parrain, qui lui, avait posé sa main sur le bras de Mallow. Elle avait tellement pleuré qu'elle était complètement exténuée.

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Il allait être cinq heures du matin et quatre Anglais et un Irlandais n'arrivaient pas à dormir, malgré la fatigue d'après concert. Ils s'étaient regroupés dans la suite de Liam et tentaient, chacun leur tour, de joindre Leona. Seulement la jeune femme avait laissé son portable dans sa suite, ne voulant pas être embêtée par la sonnerie incessante du cellulaire quand Cowell essaierait de la joindre. Car elle savait qu'elle allait devoir affronter le producteur tôt ou tard. Il ne pourrait pas laisser passer ce qu'elle avait fait puisque tout le monde les avait entendus. Leona ne leur avait rien dit, et ils s'inquiétaient pour elle. Sa crise de larmes n'était pas un caprice et ils avaient vu et ressenti sa souffrance. D'ailleurs, ils ne comprenaient pas comment elle avait pu partir sans les prévenir. Elle était leur amie et une vraie amie se serait confiée à eux. Finalement, elle n'était peut-être pas si sincère que ça. Peut-être qu'elle s'était jouée d'eux pour avoir des informations. Peut-être que dès que Cowell l'aura virée, ce qui ne faisait aucun doute pour eux, elle déballerait son sac et révélerait à tous ce qu'elle avait pu apprendre. Liam, encore plus que les autres, était complètement perdu. Ce qui les intriguait le plus était que le téléphone, qu'elle avait cassé, n'était pas celui qu'elle utilisait d'habitude. Leona avait un smartphone tactile noir et elle avait mis en miette en smartphone à clavier blanc. Les garçons n'avaient jamais vu ce téléphone avant, tout comme Liam, bien qu'il passait presque tout son temps avec elle. Zayn avait récupéré les morceaux, mais le cellulaire était en miettes et impossible à repérer. Il l'avait mis dans un sac en plastique et posé sur sa commande, pour le rendre à Leona, quand il la reverrait. S'il la revoyait un jour.

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Deux nouvelles heures étaient passées et Aaron tournait encore et toujours en rond dans le long couloir de l'hôpital. Mallow s'était réveillée, une heure auparavant et elle discutait avec Charles, essayant d'oublier ce qu'elle faisait dans ce lieu.

— J'ai eu monsieur Keys au téléphone, lui dit-il à voix basse. Ton patron a tapé un scandale après ton passage dans son bureau et ta « fuite ». Il a été scandalisé par ton attitude et a demandé à ce qu'on lui envoie un autre agent, mais Keys a refusé. C'est ta mission et tu la continueras. Le patron lui a expliqué la situation et en attendant que tu retournes travailler, Bruce surveille ton protégé. Avec tous les mouchards que tu as planqués, ce ne sera pas compliqué pour lui.

— D'accord, acquiesça-t-elle d'une voix à peine audible.

— Ce n'est pas la première fois que tu t'engueules avec ton patron. N'est-ce pas ?

— Non. Il ne m'aime pas et n'aime pas que je prenne mes propres dispositions. Je suis entraînée pour ses missions et je ne peux pas faire autrement. C'est comme ça que je travaille.

— Je sais, Mallow. Mais, évite, il ne faudrait pas qu'il te renvoie. Keys n'arrivera pas à te défendre longtemps.

Mallow n'ajouta rien, puisque son père repassait devant eux en frottant son visage fatigué. Quand il reporta son regard sur le couloir, il vit un médecin, la mine fatiguée, venir vers lui. Mallow et Charles le virent aussi et se levèrent pour rejoindre le père de Mallow. Aaron prit la main de sa fille dans la sienne et attendit que le chirurgien les rejoigne. Le médecin s'arrêta devant eux. Il n'avait pas encore ouvert la bouche que Mallow avait compris. Elle avait compris qu'elle ne reverrait plus jamais sa mère.

— Je suis désolé, leur dit le médecin. Je...

Le médecin continua de parler, mais Mallow ne l'entendit plus. Elle lâcha la main de son père et se laissa glisser le long du mur, pour éviter de chuter une deuxième fois. Elle replia ses jambes contre sa poitrine et les serra avec ses bras avant de cacher son visage où un torrent dévalait ses joues. Une terrible douleur à la poitrine l'empêchait de respirer correctement. Elle avait l'impression de suffoquer. D'être prise dans une pièce, comme celle de nos cauchemars, où les murs se rapprochent, menaçant de nous écraser comme de vulgaires insectes. Son monde venait d'être réduit à néant. Sans sa mère, son modèle, son amour, son soutien, elle était perdue. Mallow était jeune, elle avait encore besoin de sa maman. Elle avait encore besoin de ses conseils avisés. Elle avait encore besoin de la serrer dans ses bras. Elle avait encore besoin qu'elle lui dise qu'elle était son bébé. Elle avait encore besoin qu'elle lui dise qu'elle l'aimait. Elle avait encore besoin de savoir que quelqu'un pensait à elle. Elle aimait son père et il l'aimait, mais rien, absolument rien, ne pouvait remplacer l'amour d'une maman.

Charles posa sa main sur la tête de sa filleule et qu'elle releva avec difficulté. Il lui parla, mais elle n'arrivait pas à enregistrer ce qu'il lui racontait. Elle le vit lui tendre sa main, qu'elle attrapa comme par réflexe. Charles ne la lâcha pas, elle semblait tellement ailleurs, dans un autre monde, qu'elle serait capable de se prendre un mur sans s'en rendre compte. Mallow était devenue un automate, suivant son parrain et son père, qui suivaient le médecin. Ils s'arrêtèrent devant une chambre où une vitre permettait de voir l'intérieur. Mallow n'arrivait pas à regarder par la vitre, car elle savait qui était dans cette pièce. Elle savait qu'elle ne supporterait pas de voir sa mère allongée sur son lit d'hôpital. D'après les bribes de conversations qu'elle avait pu comprendre, sa mère était branchée pour la maintenir « en vie », car elle était donneuse d'organes.

— Mallow, tu viens ? demanda Aaron d'une voix cassée par les sanglots.

— Non, contra-t-elle d'une voix faible en enserrant sa poitrine de ses bras. Je ne peux pas, gémit-elle d'une voix un peu plus forte.

— Mallow, ta maman aurait voulu que tu lui dises au revoir, assura Charles.

— JE NE VEUX PAS ! hurla-t-elle en larmes. JE NE VEUX PAS LUI DIRE AU REVOIR ! JE VEUX MA MAMAN ! JE LA VEUX ! IL N'AVAIT PAS LE DROIT DE ME LA PRENDRE ! J'AI BESOIN D'ELLE ! J'AI BESOIN DE MAMAN !

— Mallow, calme-toi, lui chuchota son père en la serrant dans sesbras. Je t'en supplie, reprit-il alors que les sanglots de sa fille luiarrachaient le cœur.

Protect me, Love me, Save meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant