Épilogue-1

1.1K 78 1
                                    

Debout devant la tombe de sa mère, Mallow fixait l'inscription qui avait été gravée dans la pierre. Elle ne savait plus depuis combien de temps elle était là et s'en fichait. Elle avait ce besoin presque irrationnel d'être ici auprès de sa mère.

Amélia avait été inhumée quelques jours plutôt et depuis Mallow ressentait ce vide dans sa poitrine qui n'était comblé, elle le pensait, que quand elle était plantée devant la pierre tombale. Il n'y avait donc pas eu un seul jour où Mallow n'était pas venue.

— Je t'aime Maman, souffla-t-elle en essuyant les larmes qui roulaient sur ses joues.

Elle tourna ensuite les talons et prit le chemin pour rentrer chez sa grand-mère, faisant claquer le talon de ses escarpins sur le bitume, les mains enfouies dans ses poches et le nez dans la grosse écharpe de sa maman.

¤

Quand Mallow poussa la grosse porte pour entrer dans la maison, le chien de la famille se mit à aboyer en lui faisant la fête et une bonne odeur vint lui chatouiller les narines. Sa grand-mère était en train de cuisiner pour le repas du soir. Malgré tous les événements des derniers jours, le temps avait continué sa course et tout le monde allait fêter Noël. Même Mallow qui ne s'en réjouissait pas. Toute sa famille allait à nouveau débarquer pour fêter ce merveilleux jour. Ses cousins et cousines allaient encore taper leur bordel et personne ne dirait rien. Mais ce qui allait lui faire le plus mal, c'était tous les regards en biais que les membres de sa famille allaient lui lancer ainsi que les messes basses qu'elle entendrait, car personne n'allait oser la regarder en face ou même lui demander comment elle allait.

— Ma chérie, dit Philippa quand elle entendit les talons claquer sur le carrelage de la cuisine, où étais-tu passée ?

— J'étais avec Maman, répondit Mallow en se laissant choir sur une chaise.

— Tu dois arrêter ça, assura sa grand-mère doucement, ne voulant pas la vexer. Tu te fais du mal, ma puce.

— J'en ai besoin, lança-t-elle avant de reporter son regard sur la télé.

Le clip se termina et un nouveau prit sa place. Seulement de tous les clips qui existaient sur Terre, il avait fallu que ça tombe sur eux.

— Monte le son, demanda Philippa en se dandinant au rythme de la musique.

Mallow, à contrecœur, s'exécuta et les voix de ses amis s'élevèrent un peu plus fort dans la cuisine au ravissement de la grand-mère qui chantonnait les paroles en continuant de danser. La jeune femme fixa l'écran n'arrivant pas à détacher son regard du chanteur qu'elle avait protégé, aimé et sauvé.

— Il n'y a pas à dire, annonça Philippa en se plantant devant la télé à côté de sa petite-fille, ils sont vraiment mignons tous les cinq. Mais, reprit-elle alors que Mallow tournait la tête vers son aïeule, j'ai une petite préférence pour Liam. Il dégage une aura bienveillante et je suis intimement convaincu que ça doit être une crème. Dommage, je suis trop vieille pour lui, finit-elle en retournant à ses fourneaux alors qu'un nouveau chanteur prenait la place des cinq Anglo-Irlandais dans le poste.

— Je suis fatiguée, annonça Mallow en étouffant un bâillement et en se levant. Je vais m'allonger deux petites heures.

Philippa n'eut même pas le temps de répondre que Mallow était partie et qu'elle entendait déjà les talons claquer sur les marches de l'escalier menant à l'étage des chambres, suivi de près par Loca, la westie de sa grand-mère. Mallow déposa son manteau et son écharpe sur la chaise de son bureau et se débarrassa de ses escarpins qui échouèrent sur le parquet avant de se laisser tomber sur son lit. Elle attrapa la peluche pingouin qui était à côté de son oreiller et la serra dans ses bras en enfouissant son nez dans le cou de la peluche. C'était la seule chose qui lui restait de Liam et elle avait besoin de la serrer dans ses bras, besoin de sentir l'odeur du jeune homme que le nounours avait gardé et surtout de conserver les souvenirs qui en résultaient. Loca s'affala aux pieds de la jeune femme et posa sa tête sur la cheville de Mallow.

¤

Quand Philippa monta réveiller sa petite fille, elle la retrouva en train de dormir, la tête posée sur le ventre de la peluche et Loca faisant la carpette le long de sa jambe. La grand-mère ne put réprimer un sourire. Mallow semblait enfin sereine et complètement détendue. Ça devait être la première fois qu'elle ne semblait pas triste.

— Mallow, murmura Philippa en s'asseyant sur le lit à côté d'elle et en lui frottant le bras, debout. Chérie, réveille-toi. Mallow, allez, ouvre tes yeux, ma puce.

Philippa avait vu que Mallow s'était réveillée, mais qu'elle refusait d'ouvrir les yeux. Elle ne voulait pas se lever. Elle ne voulait pas affronter cette bande d'hypocrites. Elle détestait plus que toute la famille de sa mère, à part sa grand-mère, autant qu'elle adorait celle de son père. Sa branche maternelle vivait aux États-Unis et elle n'avait jamais pu créer les liens que ses différents cousins avaient créés en passant leur mercredi après-midi et leurs week-ends ensemble. Mais plus que tout, personne n'avait pardonné à Amélia de plaquer sa famille pour aller vivre de l'autre côté de l'Atlantique. Amélia était la septième d'une fratrie de huit et elle était la seule à avoir passé les frontières de l'État de New York.

— Je ne veux pas, je t'en supplie Phipa, ne m'oblige pas.

— Ça faisait longtemps que tu ne m'avais pas appelé comme ça, sourit Philippa. Allez debout faignante, ajouta-t-elle en se levant. Il te reste une heure pour te préparer.

Philippas'éclipsa et laissa Mallow bougonner dans sa barbe. Elle aimait Noëld'habitude, mais là, elle ne voulait pas le fêter, elle ne voulait pas s'amuseralors que deux des personnes qu'elle aimait, n'étaient pas auprès d'elle. L'uneétait décédée et l'autre ne la connaissait plus. Et ça lui faisait tellementmal.

Protect me, Love me, Save meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant