Chapitre 12-1

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Quand Leona ouvrit les yeux, elle se sentait encore plus épuisée que la veille, malgré ses vingt heures passées à dormir. Elle avait l'impression que les deux derniers jours n'avaient été qu'un horrible cauchemar. Qu'elle allait sortir son portable pour appeler sa mère et que celle-ci allait lui répondre avec sa voix douce. Mais la douleur qui enserrait le cœur de la jeune femme était tout ce qu'il y avait de plus réelle. Elle n'avait qu'une envie, c'était de hurler, mais elle ne se sentait même pas assez forte pour ça. Après s'être levée, elle alla se planter devant la baie vitrée de sa chambre et vit que la neige tombait, encore et toujours, sur la ville américaine. Son manteau blanc devenait de plus en plus épais et d'ici quelques jours, la ville allait être paralysée si la neige continuait à tomber.

Le premier souvenir qu'elle avait d'avoir vu la neige tomber lui revient en mémoire. Elle n'avait que deux ans et elle était non loin d'ici. À New York, plus précisément. Elle avait fait le voyage avec ses parents pour aller voir ses grands-parents maternels. Sa mère était américaine, mais elle avait préféré s'installer en Angleterre quand elle y avait trouvé l'amour. Elle était partie là-bas quand elle avait été acceptée à la Royal Academy of Music, la prestigieuse école de musique de Londres, et n'était jamais revenue.

Mallow était donc dans la maison familiale de sa mère et elle se souvient qu'elle était debout sur la chaise, dans la cuisine qui avait vu sur l'allée de la maison où son père et son grand-père, emmitouflés comme des bonhommes de neige, étaient en train de décorer la maison. Elle se souvient avoir passé sa journée, sa maman et sa grand-mère veillant sur elle, le nez collé à la fenêtre rêvant d'attraper ces flocons qui tombaient, de marcher dans cette chose blanche même s'il faisait froid, elle avait vu le nez et les joues de son père et de son grand-père devenir rouge au fur et à mesure des heures passées dehors. Quand les deux hommes étaient rentrés, ils avaient amené une vague de froid, qui avait fait grelotter la petite brune et, c'est fiers d'eux, qu'ils avaient annoncé à leurs épouses que c'était prêt. Amélia avait alors habillé sa fillette avec tout l'amour du monde, lui parlant d'une voix douce et lui demandant si elle était prête à braver le froid. Mallow avait souri et avait acquiescé avec un grand sourire. La jeune femme se rappelle que sa maman lui avait mis son gros manteau rouge sur le dos, une grosse écharpe blanche autour du cou, un bonnet en grosse maille rouge et blanc, cadeau de son parrain, sur la tête, d'épaisses moufles aux mains et des bottes aux pieds, pour protéger, la petite fille qu'elle était, du terrible froid hivernal. Elle avait attrapé les mains de ses parents et les avait suivis à l'extérieur. Elle se souvient du léger craquement qui s'était fait entendre quand elle avait marché dans la neige. Elle se souvient du froid qui était entré dans sa bouche quand elle avait respiré. Elle se souvient de la chaleur des mains de ses parents sur les siennes. Elle ressentit à nouveau la joie d'être entourée de personnes qu'elle aimait, et qui l'aimaient plus que tout au monde. Elle n'avait fait que quelques pas dans la neige, mais il y en avait tellement que sa maman, de peur de la perdre dans l'épais manteau blanc, l'avait portée. Mallow avait entouré ses petits bras autour du cou de sa mère et avait souri. Son grand-père avait mis en route le courant et toutes les décorations s'étaient illuminées sous le regard rempli d'étoiles de la brunette. À cet instant, elle s'était sentie en sécurité. Elle s'était sentie entourée et aimée.

C'était toujours ce genre de souvenir qu'elle se rappelait quand elle était dans des situations délicates pendant ses missions. Comme la fois où elle avait eu une arme de braquée sur la tempe, lors d'un échange de drogue entre deux dealers. C'était toujours ce genre de souvenir qui l'aidait à se sentir mieux quand elle n'avait qu'une envie, c'était rester au fond de son lit et pleurer. C'était toujours des souvenirs avec sa mère, qu'elle se rappelait.

Comment allait-elle faire maintenant qu'elle n'aurait plus de nouveaux souvenirs en rapport avec elle ? Elle fut interrompue dans ses pensées quand elle entendit du bruit. Elle essuya les nouvelles larmes qui avaient fait irruption et marcha d'un pas mal assuré, jusqu'à la porte. Elle l'ouvrit et vit que la télévision était allumée. Elle continua sa marche et vit une forme affalée sur le canapé en train de dormir. Elle s'approcha tout doucement en essayant de ne pas faire de bruit et c'est avec soulagement qu'elle reconnut Liam.

Elle ne put s'empêcher de sourire quand elle le vit. Il y avait quelque chose qui était passé entre eux depuis qu'ils s'étaient rencontrés et que Mallow n'aurait jamais pu imaginer. Elle le trouvait charmant et gentil. Toujours en train de la faire rire. Toujours un mot gentil pour elle. Toujours en train de se soucier d'elle. Il l'aimait, voilà pourquoi il était toujours si gentil avec elle, alors qu'elle n'était que sa garde du corps. Les autres garçons avaient la relation qu'il fallait avec leur protecteur, polie, professionnelle et distante. Quand elle était avec lui, elle n'avait pas l'impression de travailler, mais plutôt de passer du temps avec son meilleur ami. Il lui faisait tellement penser à James. C'était ça ! Voilà, Mallow venait de comprendre. Liam était en train de prendre la place que James avait laissée dans son cœur quand il était parti sans se retourner. Elle ne lui en voulait pas, c'étaient les ordres et ils les avaient respectés. Mais elle ne devait pas continuer. Elle ne pouvait pas le laisser entrer un peu plus dans sa vie. C'est à cet instant qu'elle regretta réellement de l'avoir laissé petit à petit passer au-dessus de sa carapace « Leona » et d'être entrée, directement, dans le cœur de Mallow.

Protect me, Love me, Save meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant