Chapitre 13-2

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Ce sont de nouveaux bruits de pas qui firent émerger Leona dans un sursaut. Elle cligna à plusieurs reprises des yeux et tenta de rassembler ses souvenirs, mais sa tête lui faisait un mal de chien. Quand son regard accrocha l'emplacement où Liam se trouvait quelque temps plus tôt, elle eut la mauvaise surprise de le trouver vide. Pourtant, elle était certaine qu'ils ne l'avaient pas emmené quand ils étaient partis. Elle releva la tête et la fit bouger doucement de droite à gauche et de haut en bas pour essayer de décontracter ses muscles endoloris par le froid, les coups et le fait qu'elle était coincée assise depuis plusieurs heures maintenant.

— Leona...

Un murmure s'éleva dans la pièce. Elle arrêta de bouger et écouta attentivement, pour être sûre qu'elle n'avait pas rêvé.

— Leona...

Nouveau murmure. La jeune femme tourna la tête au maximum pour essayer de trouver le propriétaire de la voix. À droite ? Personne.

— Leona...

À gauche ? Personne. Devant ? Personne. Ce n'était pas possible, elle n'était quand même pas en train de devenir folle ?

— Leona...

Il fallait qu'elle se lève. Il fallait qu'elle arrive à se détacher. Il fallait qu'elle se libère. Elle tira comme une malade sur ses liens, mais plus elle tirait, plus elle sentait la corde lui brûler et lui entailler les poignets. Réfléchie, s'ordonna-t-elle en arrêtant de s'agiter. Ta bague, lui souffla une petite voix dans la tête quelques secondes plus tard. Mais oui ! Sa bague ! Quelle idiote ! Depuis que Bruce lui avait donné, elle ne l'avait jamais enlevée. Pourquoi n'y avait-elle pas pensé plus tôt ? Elle tripatouilla comme elle put l'anneau et arriva à le retourner. Elle actionna le laser et brûla la corde. En tirant dessus en même temps que les fils de la corde se décomposaient, elle réussit à défaire ses liens. Elle se baissa et enleva les liens qu'elle avait aux pieds. Quand elle se leva, elle manqua de tomber à cause d'un vertige. En même temps, elle n'avait rien avalé depuis qu'elle avait appris l'accident de sa mère et elle avait faim. Elle dut prendre deux secondes, pour reprendre ses esprits et enfin se mettre debout. Elle se retourna et retrouva le jeune homme assis contre le mur du fond, le front posé sur son genou gauche, puisqu'il n'avait remonté qu'une jambe contre son ventre. Elle alla s'asseoir à côté de lui.

— Ça va ? demanda-t-elle à voix basse.

— Leona, dit-il d'une voix faible en relevant la tête et en la serrant dans ses bras, j'ai tellement eu peur qu'il te fasse du mal.

— Je vais bien. Ne t'en fais pas. Et toi ? Ça va ?

— On est en vie, c'est tout ce qui compte. Pourquoi est-ce qu'il en veut à mon père ?

— On en discutera plus tard. Il faut qu'on sorte d'ici avant que l'un des gardes se pointe. Tu arriveras à te lever et à marcher ?

— Comment veux-tu sortir d'ici ? interrogea-t-il en se relevant aidé de Leona.

— J'ai un plan, mais il peut se révéler très dangereux, annonça-t-elle en s'accroupissant pour examiner la jambe droite abîmée du jeune homme.

— Aucun problème, répondit-il en la fixant, le dos contre la brique pour éviter de tomber et surtout de trop s'appuyer sur sa jambe qui devait être cassée.

— Vraiment très dangereux, redit-elle en sortant un couteau qu'elle planquait dans sa botte.

Saito leur avait piqué leurs manteaux, écharpes, bonnets, gants, les laissant en pull, mais n'avait même pas pris la peine de la fouiller. Quel idiot, sourit-elle intérieurement.

— Depuis quand tu te trimballes avec un couteau ? demanda Liam alors qu'elle entaillait le jean pour voir la blessure qui saignait.

— Depuis le début, répondit-elle en grimaçant devant la plaie. Il n'y a pas de fracture ouverte, mais de sacrées entailles, ajouta-t-elle en enlevant son pull.

Elle enleva ensuite son t-shirt, avant de repasser son pull, sous le regard du chanteur. Elle n'était pas le moins du monde gênée ni pudique, et puis il l'avait déjà vue nue. Donc... Avec le couteau, elle découpa des bandes de tissus dans son vêtement et en fit des garrots pour protéger les plaies de la jambe du garçon.

— Ça devrait tenir le temps qu'on s'évade, dit-elle en se relevant. Tu es sûr que tu es prêt ?

— Rester ici et mourir ou tenter de sauver nos vies. Il n'y a pas à réfléchir trois plombes.

— Par contre, il faut absolument que tu ne contredises aucun de mes ordres. Si je te dis de me laisser et de partir, il faut que tu le fasses.

— Quoi ? demanda-t-il ahuri. Il est hors de question que je t'abandonne.

— Liam, ta vie est plus précieuse que la mienne. Si je dois mourir pour que tu aies la vie sauve, je n'hésiterais pas, donc promets-moi que tu m'écouteras, quelle que soit la nature de mon ordre. Promets-le-moi, redit-elle puisqu'il ne disait rien.

Comment pouvait-elle vraiment croire qu'il allait la laisser ? Comment pouvait-elle croire que sa vie était plus précieuse que celle de la jeune femme ? Non, il refusait de faire ça. La vie de Leona était au moins, si ce n'était plus, précieuse que celle du chanteur. Qu'avait-il fait les trois dernières années, à part chanter et voyager ? Rien. Et elle ? Elle avait dû sauver des gens ou protéger des personnes beaucoup plus importantes qu'un simple chanteur. Lui promettre une chose pareille lui était impossible, mais voyant qu'elle attendait vraiment qu'il le fasse, il dut s'y résoudre.

— Promis, lui affirma-t-il à contrecœur.

— Parfait, sourit-elle.

Elle lui détailla son plan et il dut reconnaître qu'il était dangereux. Mais il s'en contrefichait. Qui ne tente rien n'a rien et c'était leur vie qui était en jeu. Le seul hic pour Leona, c'était qu'elle n'avait que son couteau pour les défendre, puisque son arme était sûrement restée dans le véhicule avec son portable.

— Prêt ? demanda-t-elle en fixant Liam.

Il attrapa la nuque de sa garde du corps et l'embrassa avec toute la passion du monde. Il l'aimait comme il n'avait jamais aimé personne, ou peut-être une fille, quand il était gamin, mais elle avait disparue de sa vie et n'était jamais réapparue, et il ne voulait pas faire deux fois la même bêtise. Ni mourir sans qu'elle le sache. Il ne voulait pas continuer à se taire. C'était vrai que leur liaison n'allait pas être bien vue, mais qu'est-ce qu'il s'en fichait. Il l'aimait et c'était tout ce qui comptait.

— Je t'aime Leona, si tu savais à quel point je t'aime, lui avoua-t-il en la fixant tendrement.

À l'entente de cette phrase, elle ferma les yeux un quart de seconde pour contrer les larmes qui menaçaient de dévaler ses joues et le regarda tendrement. N'importe quelle femme aurait été aux anges que l'homme, qu'elle aimait, lui avouait qu'il l'aimait, mais pas Leona, ou plutôt Mallow. Il aimait Leona. Il aime Leona, se dit-elle, et pas Mallow. Comment pourrait-il aimer Mallow alors qu'il ne la connaissait pas ? Ne pouvant pas lui répondre, elle l'embrassa une dernière fois, avant de s'éloigner de lui et de prendre sa position près de la porte.

Protect me, Love me, Save meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant