Protect me, Love me, Save me

Chapitre 14

Assise dans son lit d'hôpital, Mallow, puisque Leona avait « enfin » disparu, perruque sur la tête, était en train de petit déjeuner. Son parrain, assis à côté d'elle, venait de débriefer avec elle et lui avait donné les derniers détails pour conclure la mission. Il ne disait plus rien, attendant qu'elle parle.

— Comment va Liam ? demanda-t-elle enfin.

— Bien, compte tenu des événements.

— Ce qui signifie ?

— Je ne te cache pas qu'il a été bien amoché, mais tu le sais. Il a quand même dû être opéré. Il lui faudra sûrement quelques mois de convalescence pour qu'il soit de nouveau sur pied. Mais, reprit-il pour adoucir la nouvelle, il est en vie. Et grâce à toi.

— Grâce à moi ? s'exclama-t-elle surprise. Charles, si je n'avais pas voulu sortir, ça ne serait pas arrivé.

— Mallow, arrête. Tu sais très bien que si tu n'étais pas sortie, tu n'aurais que repoussé l'échéance. Saito vous avait retrouvé, il attendait juste le moment idéal. Dis-toi qu'il y aurait pu y avoir plus de blessés. Et même des morts, Saito n'est pas du genre à garder des témoins.

— Que va-t-il se passer maintenant ?

— De son côté, monsieur Cowell va embaucher un nouveau garde du corps pour lui. Même s'il n'y a plus de danger immédiat, il préfère leur laisser. Pour ta disparition, il dira que tu as été viré. Après le scandale que tu lui as tapé avant le concert, ça n'étonnera personne. Et toi, tu rentres avec ton père et moi. On va aller à New York et après on rentrera avec ton père à Londres.

— Et... Ma... Ma... Maman ? demanda-t-elle d'une voix cassée.

— Elle sera inhumée à New York demain.

— Tu crois que Papa accepterait que je reste à New York ? Je ne me sens pas capable de rentrer à la maison sans elle. Je ne peux pas.

— Je suis sûr qu'il voudra bien que tu passes un peu de temps ici. Et puis, monsieur Keys te laisse un mois de repos. Tu devras aller le voir à l'issue de tes vacances pour discuter avec lui de la suite de ta carrière.

— D'accord. Merci de t'être occupé de tout, sourit-elle en remerciement.

Elle se leva et alla le serrer dans ses bras. Elle avait besoin de ça à cet instant, et c'est l'arrivée de son père qui les interrompit.

— Tu es prête, ma chérie ? demanda-t-il avant d'embrasser son front.

— Oui, dit-elle alors que le père attrapait la main de la brune.

Charles s'était chargé d'expliquer ce qui s'était passé à son ami en omettant plusieurs choses et en arrangeant à sa sauce les évènements. Pour qu'il n'y ait pas de problème, il avait conseillé à son ami de ne pas questionner Mallow, pour ne pas lui faire revivre les derniers jours. Ils sortirent de la chambre et traversèrent tout l'étage. Charles, qui devait faire une course rapide, s'était déjà éclipsé. Quand elle passa dans l'un des couloirs, elle entendit une dispute entre des jeunes et un homme plus âgé, que Mallow reconnut instantanément.

— Comment ça tu l'as virée ? questionna Harry.

— Je vous rappelle que Liam a été kidnappé ! s'écria Simon. Si elle avait fait son boulot correctement, ça ne serait jamais arrivé !

— Je te rappelle qu'elle aussi ! répondit Zayn. Et personne n'est capable de nous donner de ses nouvelles, car Leona ne travaille plus pour toi !

— Il y a des jours où l'on te déteste, cracha Niall alors que son regard croisa celui de la jeune femme brune, main dans la main avec son père.

Elle lui fit un sourire timide et continua sa marche sans s'arrêter. Personne ne devait savoir que c'était elle. Que c'était Leona. Et puis elle avait repris l'apparence de Mallow. Elle avait caché ses cheveux roux. Elle avait viré ses lunettes. Elle ne portait plus de tailleurs-pantalons-chaussures plates. Elle était vêtue d'une robe, de collants en laine, d'un trench-coat noir et avait des escarpins aux pieds. Elle avait même caché son visage abîmé par une bonne couche de maquillage.

— Elle était notre amie ! continua Louis sans s'occuper de la jeune femme qui ne put contrer les quelques larmes qui dévaler ses joues, à l'entente des garçons qui prenaient sa défense.

— Je m'en fous, répondit Simon. Je l'avais prévenue. Elle n'a pas fait son travail correctement. Amie ou pas, ça ne change rien. Dès qu'il sera prêt à revenir, un nouveau garde du corps aura été embauché et vous n'avez absolument rien à dire.

Mallow jeta un regard dans la chambre, que son oncle avait mentionnée, et grâce à la vitre, elle vit que le jeune homme semblait aller « bien ». Il était en train de dormir, sûrement assommé par des tonnes de calmants que les médecins lui administraient pour qu'il ne souffre pas. Si elle avait su qu'il attendrait qu'une seule chose quand il se réveillerait, la visite de sa petite amie, elle aurait fondu en larmes. Sa petite amie n'existait pas. Leona n'était personne.

— Mallow ? Ça va ? demanda son père quand il la vit essuyer le coin de son œil.

Elle hocha la tête en souriant à son père et reprit sa marche sans se retourner, car elle savait qu'elle serait incapable de repartir. Elle avait enfin ce qu'elle voulait. La mission était finie. Elle repartait dans sa famille. Et elle disparaissait comme une voleuse, sans dire au revoir aux garçons. Sans leur dire qu'elle allait bien et qu'ils allaient terriblement lui manquer. Sans lui avoir avoué qu'elle l'aimait comme une folle. Et qu'elle avait passé deux magnifiques jours en couple avec lui. Et des dizaines en tant qu'amis.

Dans le véhicule qui l'amenait vers le domicile de son enfance, chez ses grands-parents, Mallow ne prononça pas un mot. Elle profita juste de la vue blanche que lui offraient les villes dans lesquelles ils passaient et essaya d'occulter les derniers mois qu'elle venait de passer. S'il n'y avait pas eu le décès de sa mère et cette prise d'otage, elle aurait pu dire qu'ils avaient été les plus beaux de sa vie. Elle avait quand même trouvé l'amour, ce n'était pas rien. Mais cet amour était voué à l'échec depuis le début. Elle le savait, mais avait quand même succombé.

De toute cette histoire, il n'y a qu'une chose qu'elle devait retenir.Elle avait sauvé Liam et grâce à elle, il allait pouvoir continuer de vivre savie. Et ça, elle en était très fière.