HYBRIDES |EN RÉÉCRITURE|

Chapitre 7

  Une fois les deux heures d'histoire terminées, j'avais dû enchaîner avec du français puis de l'espagnol.

  C'était simple, en cours je ne participai pas, ne parlai pas, n'écoutai pas. J'avais pourtant essayé au début, mais je ne comprenai pas sur quoi portait les sujets traités par mes professeurs. J'étais clairement invisible et cela ne me dérangeai pas le moindre du monde.

— Eh Paula tu viens, on va poser nos sacs dans nos casiers, s'exclama Mona impatiente.

— Ouais pas de soucis, on y va, je vous suis !

— On mange toutes les trois ce midi ? 

— Margot, tu m'exaspères à la fin, c'est tellement évident, bien sûr qu'on mange toutes les trois ! Avec qui pourrait-on manger, tu m'expliques ?

— Mademoiselle Mona-Je-Sais-Tout a terminé son discours ? J'ai bien le droit de demander, non ?

— Les filles, on se calme, riais-je, on va manger toutes les trois, c'est d'accord ?

— Évidemment que c'est d'accord ! Hein Mona ?

— Tu m'énerves, mais tellement qu'au fond je t'aime quand même ! Et oui, il n'y a pas de soucis on mange ensembles !

  Lorsque Mona eut terminé de parler, nous étions arrivées à nos casiers, enfin c'est ce que j'avais compris.

  Je commençai à les connaître de plus en plus. Margot et Mona ne faisaient que de se disputer, mais en fin de compte elles s'adoraient ! Elles étaient marrantes, sympas, et spéciales. Elles avaient le même sal caractère, et les mêmes blagues nulles qui n'amusaient apparemment que moi.

  Je déposai mes affaires dans mon casier, il était juste à côté de celui de Margot, puis attrapai mon téléphone. J'avais un message de ma "mère".

— Paula on va manger tu viens ? me demanda Margot, pressée à l'idée de se nourrir enfin.

— Je vous rejoins Margot, j'ai reçu un message de ma mère.

— D'accord pas de soucis on t'attend dans le self !

  Enfin, elles partirent, le pas lent. Puis, j'allumai mon téléphone et lus le texto de ma mère :

"Je rentre plus tard ce soir, il faudra que tu te fasses à manger toute seule, ça ira ?"

  Je lui répondis un simple :

"Pas de soucis t'inquiète pas !"

  J'éteignis mon portable et le rangeai dans ma poche.

  Soudain, avant que je ne relève la tête, quelqu'un me heurta de plein fouet. Je n'aperçus qu'une silhouette assez grande et massive.

  Je n'eus pas le temps de réprimander que tout à coup, ma respiration se coupa, se bloqua, il m'était impossible de respirer. Je portai alors mes mains à ma gorge, j'avais l'impression qu'elle se contractait au fur à mesure que j'essayai d'attraper une bouffée d'air, puis je ressentis une vigoureuse douleur à la poitrine, une nouvelle fois. Je suffoquai, jusqu'au moment où ma vue se brouilla. Je repensai à mon rêve, ou plutôt à mon accident dans la forêt, et je me rendis compte que c'était la même sensation.

  Enfin le noir ressurgit devant moi et le vide m'emporta.

                                                                                  ***

  Mes paupières se soulevèrent doucement et difficilement. Un nouveau visage inconnu me faisait face, c'était un homme, pâle et blond, les yeux bleus. Inexplicablement, je portais ma main sur son front.

Une forêt. Une cabane. Du sang. Un rire. La douleur.

  L'homme recula soudainement, il me fixait, étonné et ébahit. Puis, il m'expliqua comme si de rien n'était :

— Bonjour mademoiselle, je suis l'infirmier du lycée, tu as fais un malaise en plein couloir. Ce jeune garçon t'a amené à moi le plus vite qu'il ait pu.

   Le garçon qu'il désignait était lui aussi très pâle et plutôt anxieux. Il était grand, brun, les yeux noisettes. Sa bouche était légèrement rosée et ses joues un peu creusées. Il avait de jolies mâchoires assez carrées et un nez fin et long. 

— Puisqu'il n'ose pas se présenter lui-même je vais le faire moi-même. Il s'appelle Drew, et il est en première.

— Salut, murmura Drew, après avoir lancé des yeux noirs à l'infirmier.

  Celui-ci fit comme si il n'avait rien vu, puis il reporta toute son attention sur moi.

— Bien, maintenant que les présentations sont faites, j'ai encore une petite question Paula.

— Je vous écoutes, dis-je en fronçant légèrement les sourcils.

  À l'instant je me posai une seule et unique question, comment connaissait-il mon nom ? J'étais certaine de ne pas lui avoir pourtant dis.

— Jeune fille as-tu eu un problème médical récemment ? demanda l'infirmier.

— J'ai...

  Devais-je vraiment lui avouer ce qu'il m'arrivait ? Pouvais-je lui faire confiance ? Pour moi, cet homme n'était qu'un simple inconnu...

— Oui allez-y je vous écoute, prenez tout votre temps, annonça-t-il calmement.

— J'ai reçus une balle dans le cœur.